Ailleurs...
Aujourd'hui le jour s'étire
Comme ces journées d'autrefois,
Dans les brumes floues de l'enfance,
Où nous goûtions nonchalamment
Le sel vaporeux de l'instant,
Songeant voluptueusement
Qu'il annonçait des aubes vermeilles,
Des merveilles pareilles à celles
Nées des élans imaginaires.
Avec confiance, devant nous,
Il étalait tout l'éventail
De ses touches incandescentes,
Tel un riche tapis fertile,
Un chemin promis à l'exil,
Aux errances capricieuses,
Aux fascinations subtiles,
Aux passions mystérieuses.
Aujourd'hui, filtrée par les lourdes années
D'un sommeil versatile,
Résonne la musique ardente
D'un matin de printemps qui s'éveille
Dans la lumière fantastique
De la mer éblouissante,
Langue écrasante et hermétique
Qui berçait de ses humeurs inquiètes
Nos âmes promptes à partir en quête
De ses promesses hâtives.
Aujourd'hui renaissent,
Sous la vibrante caresse du temps,
Les chatoiements de la jeunesse,
Les espérances tourmentées
De l'enfance brisée.
Je trace le parcours tortueux
Qui nous fit échouer exsangues
Sur cette côte inaccessible.
Mon cœur assoupi palpite
D'une fièvre insoumise
A songer aux joyeuses chimères
Qui font poursuivre à tout homme le rêve
Jusqu'à vider de sa substance
Le dernier souffle qu'il distille
Et qui nous mène, indélébile,
A genou, au bord de la rive pâle.
Aucun vent, aucune tempête
Pour éteindre l'espoir ténu.
Exténuée, la flamme tangue,
Envers et contre tout présage,
Elle brûle la bribe d'oxygène,
L'improbable fétu qui traîne.
Quelques fragments d'espoir mêlés
A rassembler sur nos visages,
Quelque invraisemblable étincelle,
Les reflets d'un ailleurs égaré
Viennent alimenter la quête
Qui s'essoufflait au creux des vagues.
La source tarira-t-elle ?
Les ans auront-ils raison
De la verte ritournelle
Qui se consume à l'infini
Tel le phénix miraculeux ?
Un signe incertain nous entraîne
Vers cet horizon nébuleux
Un pari fou, inéluctable,
Dans notre monde inconsolable
Où surnage tel un mirage
Au fond de sa gangue de verre
L'espoir vivace d'une vie meilleure…
Ailleurs ?
05.04.08.