Pourquoi ne puis-je me dissoudre dans le vouloir d'absolu et me complimenter d'être, d'oublier que mon existence appartient aussi à cette foule qui envahit ma solitude, qui piétine l'univers que j'ai offert à mes désirs et s'indiffère de mon silence ?
Que ne puis-je combler mon âme de ce sentiment si contraire à ses faiblesses et la préserver de continuelle déception ? Pourquoi ne puis-je dissiper mon attention de cet enfant qui joue avec ma tendresse, sous le regard satisfait de sa mère, fière de son œuvre et pourquoi m'est-il nécessaire autant qu'inutile de complimenter tous deux ? Ce ne sont que des ombres fuyantes sur les chemins de mon aventure, qui me rappellent que ma propre progéniture est douloureuse blessure. Et pourquoi ne pas penser à railler ce jeune couple qui se promet à la fidélité éternelle et leur dire que forcément leur mensonge durera si vite que viendra l'indifférence ?
Et pourquoi soudain ton image offusque tant de naïveté, pourquoi la tendresse se maquille de regrets et mes larmes se salent d'amertume? Pourquoi ne puis-je te haïr dans cette guerre que tu as voulue envers l'amour qui nous lie et ne parviens-je à détester ta vengeance te dépouillant de mon amitié quand tes pleurs adoucissent la violence de tes injures contenues ? Que ne suis-je pas rancunier et ne puis-je saborder ton souvenir dans le tumulte de notre fin ? Parviendrais-je un jour à m'imbiber d'égoïsme et me flatter de n'aimer que moi-même, pour pouvoir enfin oublier que je n'aime que toi ?