l'évanouie des négoces
sa grâce célère
passant les centiares s'anonymisant
une tératologie de pervenche
ne sait croître en la roseur immaculée qui nuage
l'escale herbue
ne corrompt d'aucun grappillage
son cinétique gobelin de clair-obscur
la soif n'a pas d'empire
sur les réfléchissements scintillorhéiques
outre-ouranocardie la fortune des pas
à en étoiler l'agenouilloir
où perdre l'exigu des cueillaisons
à travers la limpidité du souffrir
promesse de la chair au retombé de la gaze
les pistils noient leurs clous dans la poussière anémophile
et le tremblé des feuilles graffigne le silence
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Loup-de-lune,
Le titre nous met sur la voie : "Passiflore" : fleur de la Passion, , avec toute la polysémie du mot "Passion". La passion amoureuse est celle qui me vient à l'esprit , mais l'étymologie réelle de ce mot et quelques éléments du texte nous ramènent au champ sémantique de la religion ("l'agenouilloir"), comme de la souffrance ("limpidité du souffrir"), et de la Crucifixion ("leurs clous"). La "soif" elle-même ne fait-elle pas partie de la "Passion " du "Christ" ? D'autres allusions , cependant, au paganisme ("gobelin") et à la mythologie grecque (le mot "ouranocardie" ne fait-il pas référence à Ouranos ?) demeurent, étrangement, sous-jacentes.
Mais ce qui me "passionne" dans vos écrits, en réalité , ce sont les distorsions que vous faites subir aux catégories grammaticales : le substantif "nuage" devient un verbe, et le verbe "souffrir" devient un substantif, des participes passés deviennent des substantifs ("au retombé", "le tremblé") . Il y a là une "liberté grande" (dirait Julien Gracq) qui est le privilège, l'attribut majeur de la poétesse que vous êtes, aussi importante qu'un sceptre dans la main d'une Reine.
Michel Conrad