équerre d'abondance
des traits se croisent
à l'inassouvissement du voir
frères de sombre et de safran
sereins débords de luminaires
sur la vitre insomnieuse
le bleuir qu'on parcelle
mais nulle anachorétique aventure
pour s'essentialiser d'un pareil lot
les verticales assénées et les sols
les ramures et les silhouettes monotonisées
l'alphabet des rabâcheuses santés
se récréent dans la surprise de la blanche issue
murmure-moi psyché leucémique
ton oracle d'osséine !
Il y aurait le passage
du verre déréel
et fluer en linges épars
atteignant aux lendemains
pagailleuse aorte de neige
achiffrante aiguadière d'une radieuse liqueur
à travers le silence d'hôpital
- Esterina, michelconrad, silver et 4 autres aiment ceci
Loup-de-lune,
Vous faites, avec les mots, ce travail d'orpailleur qui est le rêve de tout poète. Vos mots tracés creusent des galeries, mettent au grand jour des puits. C'est tout le sens de cette "fenêtre d'immaculation" , où la lumière, la blancheur sont les plus pures qui soient. Le champ sémantique de la blancheur traverse votre texte comme une lumière de printemps, toutes fenêtres ouvertes, cette blancheur même à laquelle nous renvoie l'étymologie du mot "leucémie" : gr. λ ε υ κ ο ́ ς « blanc » et α ι ̃ μ α « sang ».
Aux "luminaires" dont les "débords" sont "sereins", s'ajoute la vitre "insomnieuse", ce qui sous-entend encore qu'une lueur la traverse... La "blanche issue " est une "surprise " qui empêche de sortir de cette blancheur. La "psyché" implique cette lumière que renvoie tout miroir, c'est en cela qu'elle peut être qualifiée de "leucémique", et son seul "oracle" est marqué du sceau de la blancheur, dont on ne peut que supposer qu'elle caractérise "l'osséine". Les "linges épars" sont supposés être blancs, comme "l'aorte de neige" et , sans doute, la "radieuse liqueur" que contient "l'aiguadière". La notation finale ("le silence d'hôpital") efface tout bruit, et cette absence de bruit est une forme de "blancheur", dans le domaine sonore.
Michel Conrad