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Une saison en poème afin que soit rejointe Mademoiselle LIN : 50/66 Briquet

Posté par Loup-de-lune, 07 septembre 2019 · 800 visite(s)

Briquet


entre les déchirures et les rubans spiraux
au bord des chiffonnements
cette aventure d'étoiles

le présent qu'elles enveloppaient
désormais requiert la moindre des ardeurs
afin de varier son épiphanie de cire

mais le geste engagé
s'interrompt
le despotisme des évidences
paralyse la main lâche
et se fond dans l'iris

même si par intervalles candidatent les ors
luire échoit
au framboisant
à l'écarlate
au vert secret

à la fraîcheur constellée du papier soir 
qui réfléchit les filaments fidèles



" Le lendemain, il prit la machine à écrire de son grand-père, il recopia le poème sur un papier spécial et le poème lui parut encore plus beau qu'il ne l'était quand il le récitait à haute voix, car le poème cessait d'être une simple succession de mots pour devenir une chose ; son autonomie était encore plus incontestable ; les mots ordinaires sont faits pour s'éteindre dès qu'ils ont été prononcés, ils n'ont d'autre but que de servir à la communication ; ils sont assujettis aux choses, ils n'en sont que la désignation ; or, voici que ces mots-là étaient eux-mêmes devenus choses et n'étaient assujettis à rien; ils n'étaient plus destinés à la communication immédiate et à une prompte disparition, mais à la durée.
Certes, ce que Jaromil avait vécu la veille était exprimé dans le poème, mais en même temps cette expérience y mourait lentement, comme la graine meurt dans le fruit. (...) le poème qu'il avait écrit était absolument autonome, indépendant et incompréhensible, aussi indépendant et incompréhensible que la réalité elle-même qui n'est de connivence avec personne et qui se contente simplement d'être ; et cette autonomie du poème offrait à Jaromil un magnifique refuge, la possibilité rêvée d'une deuxième vie; il trouva cela si beau qu'il tenta dès le lendemain d'écrire d'autres vers et qu'il s'adonna peu à peu à cette activité. "

Milan Kundera, La vie est ailleurs
" Mais qu'y a-t-il au-delà de l'innocence ? Qu'y a-t-il au-delà de la poésie ? Rien. Ou plutôt, cet au-delà n'est rien d'autre que l'en deçà. Au-delà de la poésie, comme en deçà de la poésie, règne la prose, c'est-à-dire : incertitude, approximations, disparité, jeu, parodie, désaccord de l'âme et du corps comme des mots et des choses, mascarade, erreur (...) "

François Ricard

" La poésie est un territoire où toute affirmation devient vérité. Le poète a dit hier : "la vie est vaine comme un pleur", il dit aujourd'hui : "la vie est gaie comme le rire" et à chaque fois il a raison. Il dit aujourd'hui : "tout s'achève et sombre dans le silence", il dira demain : "rien ne s'achève et tout résonne éternellement" et les deux sont vrais. Le poète n'a besoin de rien prouver ; la seule preuve réside dans l'intensité de son émotion.
Le génie du lyrisme est le génie de l'inexpérience. Le poète sait peu de chose du monde mais les mots qui jaillissent de lui forment de beaux assemblages qui sont définitifs comme le cristal ; le poète n'est pas un homme mûr et pourtant ses vers ont la maturité d'une prophétie devant laquelle il reste lui-même interdit. "

Milan Kundera, La vie est ailleurs

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