
'Les Symphonies de Bruckner', suivi de 'mers', et précédé de 'En manière de préface' / par Loup-de-lune
Posté par Loup-de-lune,
24 janvier 2021
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Loup-de-lune, Journal littéraire, 30 novembre 2019
En ce jour du vingt-troisième anniversaire de sa naissance, nous rassemblons toutes nos forces et tout notre courage pour nous connecter, avec son mot de passe si évocateur, avec la photographie devant nos yeux de son visage si tangible et si évanescent, avec l'inflexion de sa voix argentine au creux de nos oreilles, avec la tendresse et l'énigme de son sourire épousant les battements de notre coeur, pour nous connecter donc à l'inscription à Toute La Poésie que Loup-de-lune a validée le 9 juin 2013, s'octroyant alors le bonheur de développer un blog d'écriture durant plusieurs années... avant que la maladie, malicieuse prestidigitatrice, ne la dérobe à nos limites humaines le 20 mars 2020 dans les premiers instants tout à la fois de l'aube et du printemps...
Nous proposons ce matin deux recueils : d'abord l'intégralité des 'Symphonies de Bruckner', neuf poèmes qui ont paru de janvier à septembre 2019 ; ensuite 'mers', quatre poèmes publiés en mars 2018. Les commentaires délivrés dans le blog au sujet de ces textes par divers lectrices et lecteurs d'une part, les éclaircissements apportés au printemps 2020 par En hoir de Loup-de-lune d'autre part, composent et mosaïquent indéniablement la plus légitime des préfaces possibles. Chacun de ces poèmes, à la lumière des manuscrits et du Journal littéraire de Loup-de-lune, a fait l'objet, en vue de cette nouvelle édition, des relectures et des révisions les plus soigneuses qui puissent être.
Que d'hésitations, que de scrupules en nous, des jours durant, à propos notamment du vingt-quatrième vers de 'mer noire' : 'le poème du silence'. En effet les manuscrits, aussi bien que le Journal littéraire, proposent, à travers leurs tempêtes de ratures, d'innombrables variantes ! Certaines sont ostensiblement soulignées ou entourées ou les deux à la fois avec des encres de couleurs ! Nous ne doutons pas que Loup-de-lune fût revenue un jour ou l'autre sur son choix plus que provisoire... Nous ne pouvons affirmer avec certitude que la variante proposée ici coïncide avec celle qu'aurait finalement retenue Loup-de-lune, mais ce n'est pas sans arguments que nous nous engageons : 1. La néologie intervient dans des passages essentiels des poèmes de Loup-de-lune, ainsi que l'a montré son hoir tout au long de sa sensible et docte saison, or, le néologisme 'ligamentiel' vient réunir en le pavillon hissé le tissu fibreux des cordes vocales et le ciel. 2. Nous arguons également de la sensibilité taoïste de Loup-de-lune pour distinguer l'agir du non-agir, et pas de l'absence de toute action, le dire du non-dire, et pas du silence. 3. Une autre sensibilité de Loup-de-lune, symboliste celle-là, l'invite à 'suggérer plutôt qu'à nommer' ; dans ce contexte, le 'non-dire' équivaut au 'suggérer', à l'évocation mallarméenne, bien plus qu'au silence.
Aux lectrices et aux lecteurs du passé et du présent
Aux esprits bienveillants qui volent en autant de libellules iridescentes à travers Zhoushan la Verdoyante
Aux lectrices et aux lecteurs des temps futurs
Fabrice G. Di Gabriele
et quelques autres
🔸🔹🔸🔹
Les êtres qui dansent ressemblent à des fous pour ceux qui n'entendent pas la musique.
Il faut apprendre à entendre la musique.
🔹🔸🔹🔸
En manière de préface
... Étrange, le corps, après le si long voyage qui l'aura conduit, parmi les stridences verdoyantes de l'archipel de Zhoushan, auprès de cette tombe... Imitatrice de sa cendre, pulvérisée la parole, et cette noire pierre les confond dans ses profondeurs. L'or solaire de la calligraphie, qui voudrait dater, qui voudrait nommer, est devenu le plus sûr acolyte de l'obscur. Tout comme l'Âme Soeur, dense témoin poète des spoliations qui épointent, des rapts qui raffinent, je suis désormais l'étymologique enfant : in-fans, "non-parlant". Où l'énergie, et quel pas, s'il faut retourner avec tel poids de mutité ?... C'est alors que le fragile et le fugace savent s'emparer, mais non pour éteindre ! Et minutes et choses et gestes sont portés à leur plus haute acuité par l'épiphanie leucémique. Un sang-flambeau, dans ma main d'étonnement et d'osséine, claire par-delà repères et apparences, applique son faisceau là où les angles déchirent leurs acuités de papier paroxystique, libèrent des polysémies polychromes, là où les kaléidoscopiques lisières prodiguent des ajours fasciés et filamentés, des fulgurations d'alses, des pénombres surréelles... Oh ! combien je m'y élance, entre lune et loup, à quel point je m'y risque, je m'y perds, j'y cherche des phonèmes et des graphèmes et des virtuèmes qui soient rendus aux épousailles, ma parole, entre Lycosélénie et Leukaima !... Par degrés, d'élans frais en rares inflexions, semant notre alphabet, une voix-poème me retrouve, me recompose, me réinvente, nous réalise...
Ce florilège souhaiterait en être l'écho.
Traverseurs de la douleur, les mots accordés, ou qu'il est salutaire parfois de désensabler, s'évertuent à mirer l'éternel silencié où musique, comme lyre faite souffle, comme absence faite colorature, l'origine des mille métamorphoses...
Loup-de-lune
albescente voyelle
de la lune
dans le bleu
qui s'élide
crête
en procession
durant toute l'appétence
d'un ultime orangé
expir
si doux
pour des gestes d'herbe
des acquiescements de feuille
et l'esprit vagabondé
va se muant en loup de risques
et de signes
à travers la nuit qui palpite
𝕃𝕖𝕤 𝕊𝕪𝕞𝕡𝕙𝕠𝕟𝕚𝕖𝕤 𝕕𝕖 𝔹𝕣𝕦𝕔𝕜𝕟𝕖𝕣
𝑃𝑦𝑟𝑜𝑝ℎ𝑖𝑙𝑖𝑎
culmine son château de brûlance
ses cheveux longs en autan
contrepointent de jais le rubato des flammes
depuis le pénultième hurlement
l'assumation forjette une tour
dans l'incandescence des amants
le franchissement épuré taille les degrés
à autoriser les meurtrières en son tréfonds
moindre encor la chair de Pyrophilia
la confluence des limbes cardinales
corolle de vents polychromes vouée au délivreur
y pâlit sa navrance surie
hyalocarde et alvéoles se redéfinissent au naissant emplir
les vaisseaux musiqués
jusqu'à la capillarité qui porte
passent le sceptre des rais
et venu parrainer déclins et consumances
ce symbiotique finale...
de son apostolat colosse
combien s'irrigueront les rameaux
qui tressent l'asymbolie avec les passées des météores...
les incalculées tuileries
perpétuels dénudements à la parieuse d'empyrées
que seule une myriabole gamme argumente
𝐿𝑦𝑠𝑖𝑛𝑖𝑎
s'immaculant un éparpillage de cirropâquis
se déprend des bêtes sommitales
d'un chiffre cérulé
va croissant leur espacement
tous les cerbères de mélanérythrie
ont vassalisé leurs bris à son pas qui pétille
déjà la borne phosphore
de l'épitaphe des veules
Lysinia ne mortifie plus son volcan digital
c'est qu'à nouveau il sait origamier
et darder les contrats en évanouissantes ptérocalles
les étoiles indemnes des acharnées réfringences
silhouettent l'arceau dans la violonaorte
ces portées prodigues d'itinérance
pour une dalle encline au disparoir
cette concorde des notes avec la gnose des phosphènes
leurs hampes pour javelles au messidor des fiducies
à ses tempes inconnues
se défaufile la fraîche relique du vaisseau
s'égaillent les ballots somatiques
indiciaire bariolage de la ruption
humus et firmament s'entrelacent
où les cuivréclairs
transfigurent le mêlement des andantes
𝐿𝑒𝑢𝑘𝑎𝑖𝑚𝑎 I
_dédiée aux leucémiques_
rebelle à la stance carnée
à l'encyclorubine à ses haleurs somnifères
luire a transmué la falibourde des sémacèles
en cet iris se paradisant de son hiatus
le testament caroliné par la défiance
emmantelle la rotation de la vitrine saoule
poudroyée
une brusquerie va mélodiant
photons hématies quintolets
que la ravine soudaine ne discerne
où désormais baller prévaut contre la chute
au déferlé des draps de morbidesse
Leukaima fraye dans l'arithmodulie
ce rameau tout absence
les frontons protestent de superstition
leur trismégiste pierre
il leur fulgore les causaux regards
et avérément bâtisseur l'organe pluriel relaie
le découpoir des volutes égaille enfin
l'huis des navrances coïncidées
et l'hôpital aura pour naufrage
la désinvolture du flamboi
qui va myriodérivant sur l'adagio
auquel s'est affidée cette corporifiable systole
𝑀𝑖𝑟𝑎𝑡ℎ𝑒𝑎
ce cruor engouachant le folklore du temps
la transpatience infusait un gisant
à même la mardelle de l'impasse
la subtilité de la lame
son oblique pour que d'éteignement l'exode versicolore s'infarcît
emmi les cristallins de Mirathea
le vélin où oncialaient les vieilles servitudes
se détrace en dendrites
car la satrape des couleurs
s'est donnée aux rais insidieux qui tissent la lampe
et l'insecte lacrymal
envole le paroxysme de mica
dans l'exuvie de la réticence
par l'arômaurore épanouie
l'horizon piège son cardinalat
affranchi des baisers instruits
venu nocer dans l'exhaustivité de l'apprêt
accomplir de coulées l'alborient du munifice
à sa grâce de désaltérer rallie le cor
l'allegro empenne l'allure
sa dévotion d'oiselle
héroïse un évidage de miroir
pour l'euterpécardie
cette firmité qu'elle organe étonne la lymphe
d'y ramifier ce ru où s'éfaufile l'échéance
𝐹𝑢𝑔𝑖𝑒𝑛𝑠𝑢𝑝𝑟𝑒𝑚𝑎
le nom qui spleenétiquement la méconnut
diaphanisé voyelles entre les éphémères
pour l'évanouisseuse symétrie des appels
et déjà l'interrogative dissoute à la faveur du myste
en l'époumon de quelle déchrêmeresse
illignante des altitudes comme lyse de sidères
et les cités gemment l'ascèse de disparaître
effondrées par la motion
d'un zodiaque si délibérément écorché
cette fraîcheur à même l'évincement des mirances
où chérir la chute
et nénupharer onduleux
l'opalescence et le jais de Fugiensuprema
la trouée
qu'arythme un vivier d'énigmes
atlantides métopes
des envols
approche et fuite réunies en le cyanéclair
puisque dans l'haleine solfie le poudroiement désolé
les abacules nomades de la mélancolie
rien ne lacune plus les blandices sonores
oh ! quelle échelle brillée...
graduent les bois fusionnels
pour ressemeler de retrouvaille la mesure d'éther
𝐿𝑒𝑢𝑘𝑎𝑖𝑚𝑎 II
_dédiée aux leucémiques_
pour fins d'ébouler
jusques aux lénifiques obsidiennes
l'horloge qui épousait le lobe du respir
un filament
va renouant avec la source lavique
traverse la scène
défroissée par la chambre
cette pantomime des sanglances
acquise au sursis d'aube son costumier
la langueur eût insoleillé portes et fenêtres
nonobstant qu'après l'amarante broiement aux confins
le micacé des solutions tues ligne leur poudre
tellement l'aorte
a licence de connaître
puisque désormais rythme une épure qui déligote
si vernalement l'ostinato a su le joindre
et du cartilage munifique
ce don aux violons émois
l'incarnadin de leurs arabesques
déchrysalide une majesté où Leukaima ocelle son essor
entre les saccades de leur noce
dans leur hyménée de heurteuses
que nucléent les triolets
s'ajourent les tesselles fresqueuses d'ambroisiers
𝑇𝑢𝑝ℎ𝑒𝑙𝑦𝑎
approchant la renonciation du butineur
le reliquat d'infusion épanouit la porcelaine
sa corolle
emmauve la scission du respir
et sur la main qui épanche son livide
imprime en stigmate son rinceau
dans cette robustesse
qui a incliné l'autre
au bas du sud conchyliomane des voilages
Tuphelya circonscrit les viandes électriques de l'ennui
jusqu'à la médulloproie du misterioso
elle défile tous les téguments du rôle
l'exhaustive gerbe des vaisseaux
vient rubéobleuir l'asymptote funèbre
d'almes tubas lotissant entre eux ses saillies
l'acuité se princifie dans l'embrun des bénédictines suries
les promesses braisent sous l'heur giboyeux des traverses
la faille des ors est débordée par le messimatin
l'antre flammoïde vagit où sait neiger le lait
de son anthonésie franchir diapre l'épaveresse
𝐷𝑖𝑘𝑎𝑟𝑑𝑖𝑎
fulgurent des paraphes sur l'enclos déclive
un tel desserrement
du poing pour doigter dans l'embellie
en pénédisparue
cette glisse à travers l'ostracisme
de craie où déjaunent
où débleuent les nombres
les valences
ligne renégate au pourtour
jusqu'à la dernière onde de l'acouphène
exsanguine l'artificiel le tourillon talismanique
ses éclairs de loriot distrayant le coupeur
quotidienne confidence emmy l'arcure
de la rompue passante du mystère
les vieux défilements au roui des passe-luire
ourlent l'esplanade musicienne
et jaillies empoussiéreresses à l'albe Dikardia bondissante
des secondes turbides consument l'épilogue des cris amoebées
en exaucement où la gaze élève le labour
puisque désormais transformer s'innocence de l'appétogresque
à la cymbale à la harpe
à leur industrie accapareuse
cette amnistie des coups
des arpèges qui s'égrainent
pour réjouir de la récolte
à même le climax de la semaille
𝐿𝑒𝑢𝑘𝑎𝑖𝑚𝑎 III
_dédiée aux traversantes en leucémie_
_à l'orée de Mademoiselle LIN_
lorsque les timbales eurent adamanté l'assomption
la contre-allée de chlorodrames échappa l'hôpital
à travers ses effraies de linge ses draps d'alucite
par-delà la tératédrie de ses chambres spasmiques
Leukaima regardait les sangs se délivrer du gradient
et des bracelets de leucocytes
enchérir sur les taillades des sursis
aux béés confins de la complexion parsternée
l'hématémèse a joint le limpide
ses spires lentes écarlatent l'indemne chiquenaude du tréfonds
pour ellipser son vivier de gemmes
autour de l'astre qui sanglote de cuivres
le courant point
arches plues des vols héroïques
prostyle des humus balafrés d'égrisées
à leur sourdre galeries et ponts
la réminiscence par silhouettes lacune
ou adorne au lieu que l'évanescence trempe l'oxycolorieur
étymone l'hymen de la serpente et du cache qui s'ésidère
avec son tranquilloïdal vivre
la lithophanie atlante
et les phalanges taillées en orphéennes eaux de brillants
appuient sur l'ultimance de l'érythropoïèse
jusqu'à concordamment cercler de leur effaçance ce qui s'inachève
𝕞𝕖𝕣𝕤
à Silver et à Michel Conrad
𝑚𝑒𝑟 𝑏𝑙𝑎𝑛𝑐ℎ𝑒
au fond d'une liqueur d'étoile
son violon sombré
elle ravitaille de sa franchise l'instant
d'une ligne qui a décliné l'horizon
le pétale des lactescents
épanouit son secret orle
pour l'étale du sang
à même les ciels crétacés
un trophée d'ailes
en lithophanie tait ses altesses
aux fraîcheurs d'hydrémie
le baptême
restitue la complexion d'incube virtuose
et l'ilotisme des cordes feues...
leur idéographique boyau trémule
sur les feuilles de poudrin
ne cessant d'égruger d'innocence la langueur
𝑚𝑒𝑟 𝑟𝑜𝑢𝑔𝑒
or s'exsangue le viscère en effluent fatum
à travers les indices qui faillent
lapidée d'allumance
la ville forjure ses multiples
l'angelle obsidionale s'arqua
afin que ses ailes d'insuccès lui soient coupées
et taconnent le linceul
la dépouille nombreuse de l'humiliateur
abandonnée en rivage d'imminence
le prince des poumons
emparé par le ressac
affoleuse des haubans de la sanction
une brigantine fulgore
son poids épave à ce point silencé
de prétendre aux innocenteurs
va franchissant les nuances
qui étalonnent l'abîme
𝑚𝑒𝑟 𝑗𝑎𝑢𝑛𝑒
passante de la pierre
qui obombre les heures mutinées
méticuleusement la cendre s'enquiert
l'hélianthème calligraphe
l'encharme de l'inflexion chère
le poème obsidional
qui t'épeura jusques aux neiges funérales
te silhouette désormais
dans tous ses chantournements de l'effable
sans offreuse les florilèges larment en ors taciturnes
le mot inexplorable
et la languissance des trouveurs
élongent de silence
les lèvres des proues abyssales
par maint brisant de foudre
s'inaccomplit l'été d'absence
d'un sablon empreint de nos confiements
se recompose le fileyeur paternel de tes ailleurs
oh ! siller
où blondoie la poudre accalmie
de nos traverses fromentales
𝑚𝑒𝑟 𝑛𝑜𝑖𝑟𝑒
aux hublots de sa chambre sélène
s'étrange le lacuneux gemmail des déclins
à mi-décroît du feuillet sidéré
comme la drisse l'immunise
risqueur du virtuème qu'envergue
une immaculation de paroleur
alluder désamarre
et confluent les libations des obscurs
vers l'énigme qui source le large
au gré des boras amnistieuses
les promontoires porphyrisés
transmuent le soupçon d'étoile
et les portulans imagent les essors
s'éteignant d'infini
en faveur du succinct qui la gîte
houle décerclante l'encre traversière
et du moindre rai d'élucidation déictique
réputé un abord
sitôt que de l'incandescente asymptote
s'évade un inane et jaloux éclat
et pour chaque fanal perlier
pleuré par l'inatteint
pavillonne un peu plus pélagique
le poème ligamentiel du non-dire
𝕃𝕠𝕦𝕡-𝕕𝕖-𝕝𝕦𝕟𝕖 / 劉 碧峥
- michelconrad et AURE aiment ceci
24/1/21
Merci à son auteur pour ce travail d'émergence, de mise en évidence, des textes de notre regrettée Bizheng , de sorte qu'il en émerge la plus pure lumière.
Michel CONRAD