'Tout le monde doit mourir un jour, et n'est-il pas plus beau de vivre brièvement, avec honneur et courage, que d'avoir une vie longue dans des conditions honteuses ?' écrit, le 28 avril 1945, Maria Magdalena Goebbels, avant d'empoisonner au cyanure ses six enfants, puis de se donner la mort, avec son mari Joseph Goebbels, Ministre de l'Éducation du peuple et de la Propagande de l'Allemagne hitlérienne entre 1933 et 1945. (...) Sans doute, chère Laurence, ne sera-t-il pas inutile de préciser, dans notre époque de simplismes outranciers, d'amalgames paresseux, de procès hâtifs et de condamnations ineptes, que consacrer à cet être qui a fait partie de l'humanité, ce poème de onze hendécasyllabes, ne signifie ni adhérer à l'idéologie de la fanatique, ni cautionner le geste démesurément, 'sublimement' dirait Marguerite Duras, tragique de la mère (...)'
Loup-de-lune, Lettre à Laurence Gudin, directrice des Éditions de La Baconnière (Suisse), le 16 décembre 2019.
Madame Goebbels
Ce sixième soupir redressant la mère,
Dans le cyan mordoré de la casemate,
Elle appuie un long baiser sur chaque enfant
Dont le prénom s'entend comme un aromate.
Puis, qu'ils s'essorent de l'empire qui tombe,
Aux six elfes qu'elle a revêtus de blanc
Elle chante le lied qui feutre la bombe.
Du battement elle fait une altitude
Où peigner leurs cheveux d'or infiniment
En passant les poisons de la turpitude,
Pour s'étranger de l'après l'unit au père.
Extrait de 'Mille et Un Hendécasyllabes pour les Matres Dolorosae' par Loup-de-lune (LIU Bizheng). À paraître (Éditions de La Baconnière). Tous droits réservés.