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Une hématoktophanie qu'escortent deux dyades de poèmes affins

Posté par Loup-de-lune, 01 mars 2022 · 1 126 visite(s)

'Je dis qu'il faut être voyant, se faire voyant.
Le Poète se fait voyant par un long, immense et raisonné dérèglement de tous les sens. Toutes les formes d'amour, de souffrance, de folie ; il cherche lui-même, il épuise en lui tous les poisons, pour n'en garder que les quintessences. Ineffable torture où il a besoin de toute la foi, de toute la force surhumaine, où il devient entre tous le grand malade, le grand criminel, le grand maudit, et le suprême Savant - Car il arrive à l'inconnu ! Puisqu'il a cultivé son âme, déjà riche, plus qu'aucun ! Il arrive à l'inconnu, et quand, affolé, il finirait par perdre l'intelligence de ses visions, il les a vues !'

Arthur Rimbaud



'Chère Loup-de-lune, lire vos poèmes est chaque fois pour moi une expérience bouleversante, où je me sens à la fois déstabilisée et puissamment charmée . . . . . . . .

Silver



'Le but de la poésie me parut devoir être de produire l'enchantement - c'est-à-dire un état de faux équilibre et de ravissement sans référence au réel.'

Paul Valéry



'je viens de lire plusieurs de vos écrits
je suis séduite par vos mots qui filent et qui défilent
. . . . . . . .
je me laisse immerger, submerger
et je nage à l'envi
sans chercher à savoir où je suis, où je vais, je vous suis
. . . . . . . .

Lady Chateaubriante





Une hématoktophanie qu'escortent deux dyades de poèmes affins





▪ Escorte Une 🔺


orient des paupières
confuse bande jumelle
à même l'espace languide de la chambre

ouate frémie d'un rayon
un gris sans morose
ira se prononçant jusqu'au lactescent

y baigne l'anaphore des diaphanes
jaunes bleus orangés carmins
l'alliance d'une oeillade encore
avec les oiseaux des tapissières

dans le croissant incendie de platine
se raffine le geste qui ouvre

ô main de la couleur exacte des choses qui cèdent

pour la transgression des lois de la cendre
toutes les couleurs d'ailes
les imminences du vol nué
confluent
vers le fluide tremblé du rose
où la transparence sacre sa corolle





▪ Escorte Deux 🔺


Les badines de braise assignent le quatre-marbres à l'océance de leurs mirances

nonobstant la fleur a véliné la tasse du délilas de son départ

et volute aux fronts mélanméditatifs des élancés le dédain du fanage

le bambou mime sa flûte écarquillée pour enclore un miroir

passant leur sablon muséal les nouements des mariniers artistes

ombrent d'un rêve de lasso la bienvenue qu'effondre une bouée








Oubliance glacée sous le nocturne de la pluie

une vanille de noyée désaccoutume la bougie

et parmi les bourrasques qui déconstellent

une trajectoire a réuni toutes les danses de la flamme

en cette alcôve d'outre-stagnée

où s'est osé nénuphar un ferment d'empyrée





🟤


Survivent à l'équerre les partageants reflets du miroir

pendant que l'éploiement d'or excharne la créature

de tout son ambre clair d'hyaline vêprée

le thé va en évaporant l'angle exauceur

cacochyme aquarelle de la tasse une lune

aumône de son ahanant actinoir les éraflures d'acajou





🟣


Il advient quelquefois qu'une formule de vitrail

sache évader de sa veilleuse la flamme

après qu'anges et requêtes et corolles et gratitudes en ont clairé leurs veines communes

elle peut ardente céréale à destination du bouquet

suggérer parmi les blés l'épi qui le plus approche le pain

sur la robe couleur d'ample desserte ondoyant la madone





🔵


Sourd le crucimurmure du quatuor

pour traduire en carreaux le foret de l'angle

mais recueillir a devancé l'évidence

et dans les celeuses enfants trempe ses sépultures

la moire à métaphores éconduit l'album des profonds

tant qu'hébète le poudreux armillaire qu'infranchit l'acajou





🟢


Et glissée lente hors le tissu sanguisorbe

la lame délinée un gradient de la lumière

languides dans la crédence suspendue

à faire l'énuméré de chaque cerne et chair possibles des portraits s'échinent

où la pleine verrerie dont la transparence ouvrée aliène

enfin va faillant les yeux qui induisent à l'espace ont été freints





🟡


Le ciel des limites murmure au gris une arantèle marine

en torchères des cimes amurent les étonnements de noir

le blanc amoncèle les foudres pubescentes et le givre des décalés

par tous ses haillons envergués un navire invente le milieu

et cependant que nimbe sa précision un ouvrageant clair d'écueil

ensemble l'île et l'absence allument le mauve qu'échappe l'angle





🟠


Pendant que le flacon tétradiaphane l'outremer

des argyries approchent le vaisseau qui envergue ses viduités

corollaire de sa cambriole le ciel devenu mémoire

linéamente étoiles et faisceaux sur le météore du verrier

par un capharnaüm seront irisées les longanimes oiselles

tant que le bleu glacier d'une paraffine transfixera les prédicats de l'essor





🔴


À même le désir de s'éteindre qui démorose les nuances

ce tremblé tétragonal des craies geôlières

dans le temps où le bleu diaphanéisé

éploie comme une île diptère exaltant l'eau en disque

l'émancipation d'une gerbe de voilage émeut

et du rouge agrippeur de wagons vites fleure





▪ Escorte Trois 🔺


Qui dans le salaire et le plomb pulvérulents

va mouvant les morceaux de l'hommage myriachrome

sinon le ménestrel du secret des bienveillances ?

et s'allume à son étape la geste de verre

saison-poème des foyers où transflamme la cendre

à travers les tangibilités décidues





▪ Escorte Quatre 🔺


l'ample mauve où s'étendre
délasse des blancheurs d'hôpital

l'escalier
pour bannir un dernier fredon
exauçant par degré un long voeu de silence


la chambre conjugue la fenêtre neigée
avec la lampe des nuits transfixées

les huiles alchimiques
nettes des vieux motifs
éclipsant ce qui cèle et les bois négateurs
atteignent aux lumières aventurières

le rouge dolent a troqué la distance contre le rayon
et sur la tranche du florilège
flamboie la tessiture
dévouée aux poèmes à venir





Extrait de « Partage de l'arc-en-ciel, L'abîme des anges, À la recherche de Mademoiselle LIN 林 美丽花, Pulsion du passage, Passiflore, Chambres imagières, Paysage de Marianne 黄龄, Thyrse, Fugiensuprema et ses soeurs musicales, Arabesques pour huit néologismes, Suicidable, Mers, Élévation, Traversante & Autres Poèmes de Loup-de-lune 月狼 » par LIU Bizheng 劉 碧峥, Éditions d'Autre Part & Leukaima, Fribourg, Neuchâtel, Genève (Suisse), Zhoushan Zhejiang 舟山 浙江 (Chine 中国), 2022 二千〇二十二, au coeur battant de l'été 夏天... Tous droits réservés



 /// D'élégance

 

 

c'est un cygne au lointain

si ce n'est un mirage, 

silencieux, c'est un signe 

si seulement, tout au moins...

 

tout au loin, qui s'efface 

ineffable tant l'éclat

parsemant myriades,

diaphane semblance,

perle insigne à l'orient,

grains de larmes qui fascinent...

d'élégance

 

s'évertue en mon âme

-  Ô perplexe cristallin -

chatoyant souvenance d'une plume de jade

l'étincelle calligraphe, une trace qui saigne

l'indicible en l'absence

 

 

exhortant, j'imagine qu'elle puisait impassible

tout ce sang incroyable

dans la veine de son encre

qui floutait invincible, 

de son art, les stigmates chrysanthème

 

c'est un cygne, c'est certain 

 

 

à cette perle de jade à l'encre indélébile





cette Jade est à la fois une muse et le reflet de mon oeil-miroir quand elle admire ce qu'elle unit en elle d'univers du "il"

 

quant à "il", il est la pupille de son admiration pour elle-même en mon regard

 

 

 

l'un est le reflet de l'autre ( comme dans un miroir sans tain où le tain, c'est l'autre )



Pigloo
« Si tu chantes la beauté,
même dans la solitude du désert,
tu trouveras une oreille attentive . . . . . . . .

K. Gibran



« Évidemment, évidemment me reviennent à la mémoire ces mots de Valéry : 'Le véritable poète ne sait pas exactement le sens de ce qu'il vient d'avoir le bonheur d'écrire.' Votre bonheur d'écriture, LIU Bizheng, infère mon bonheur de lecture... Vous m'offrez un autre usage des pouvoirs qu'exercent les mots, cette distribution nouvelle de leurs ressources... Et vous-même, auteure d'abord, votre poésie magicienne vous a transmuée peu à peu en une simple lectrice d'elle-même, de son rythme, de sa musique, de son orchestique... Et la métamorphose se poursuit, et déjà le vers est tout à sa patience heureuse d'un sens - d'un sang - Le vers est tout ouïe, le vers écoute son lecteur... votre vers m'écoute... Gratitude grande à l'égard de votre véracité leucémique et sémique pour me régénérer, me recomposer, m'hommager, me vivifier de tels charmes . . . . . . . .

Stéphane
Médecin, écrivain, et lecteur

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