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Je me suiciderais en sautant d’une hauteur immense.

Posté par Piwhy, 20 mars 2007 · 642 visite(s)

Prose
Je me suiciderais en sautant d'une hauteur immense. Voilà. C'est dit. Apres une réflexion intense qui aura occupé toute mes insomnies depuis que je me suis rendu compte que je ne mourrais qu'une fois, et qu'à ce compte, je ferais aussi bien d'en profiter au maximum, je me suis décidé a me fracasser sans vergogne après une longue chute.

Je chercherais un site approprié, du haut duquel on voit l 'ensemble du paysage, et sans pente, pour ne pas s'écraser lamentablement après un misérable bond de 20 mètres. Le pire des échecs, c'est de rater son suicide.

Donc, un à-pic suffisamment haut.

Mais sauter n'est pas tout. Pour avoir vraiment la sensation de planer, il faut supprimer le bruit. Le mieux, se serait de se crever les tympans. Plus aucun son, le monde-cotton nous entoure de sa quiétude, et le bruit viens de l'intérieur, une paix intérieure qui hurle le silence qu'elle a dû garder tout ce temps, avant ce baroud d'honneur. Mais le risque, c'est la douleur. Je ne veux pas garder de la vie un souvenir de souffrance. Peut être des boules quiés… à voir…

Et puis, il y a un autre problème : le vent. Comment croire que je descend doucement l'ascenseur de la mort si le vent me fouette le visage, emplissant mes yeux de larmes qui me cacheront le paysage ?

Pour ça, j'ai peut-être une solution, mais je la garde pour la faire breveter. Pas fou, des fois qu'un autre me la vole avant que j'en tire profit ! C'est cher, un schwepps, au bal des damnés !



Voilà, les détails sont réglés, le voyage commence.



Quand on saute, on revis sa vie. Pas au sens 100 fois revisité de revoir son existence en un éclair juste avant le contact, mais dans un sens temporel beaucoup plus réel, presque palpable : au début, le sol est loin, la fin n'a pas encore de valeur réelle, on sait confusément qu'elle arrivera, mais on n'y pense pas, c'est dans longtemps, on a le temps de voir.

Bien que la vitesse d'un corps en chute libre soit relativement élevée, on a l'impression que le temps passe moins vite, que les distances rallongent, d'autant plus si l'on entend rien et si le vent ne nous renseigne pas sur notre déplacement. Puis, à mesure que le sol se rapproche, le temps accélère, les minutes passent plus vite, on regrette les grands rêves, les grands panoramas du début du saut. La fin paraît de plus en plus inévitable, effrayante. Puis , de plus en plus, on distingue sur quoi on va tomber, le brouillard de l'éloignement se disperse, on accepte la possibilité de la fin du saut, de ce saut si lent, si calme, si confortable… L'inconnu, en se faisant connaître, perd de son horreur ( mais aussi de son charme ).

Et plus on se rapproche, plus c'est inéluctable, et plus ça nous rassure.

Ça pose un cadre, ça nous permet de ne plus contrôler, de se laisser porter, flotter, tomber… Car on tombe, et on le sait. On l'admet et ça nous réjouit. Ça ôte un poids de la poitrine ( il paraît qu'il fait 0.21 g ce poids, mais personne ne sait pourquoi ).



Et puis voilà. On se retrouve entre sauteurs, pour boire un verre, échanger nos impressions, appeler la famille, les copains, pour les rassurer,… Enfin, s'il nous reste de la monnaie…C'est cher, un schwepps, au bal des damnés…



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