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Retour aux teres froides (4)

Posté par germain gerard, 21 juin 2007 · 501 visite(s)


4 ----------


Dans le civil absolu

c'est une madone paraît-il

mais quand dans l'aigreur des aurores

fatigue et spleen s'insinuent

et la font doucement pleurer

nul quidam nul errant

ou noctambule ne la trouvent

belle encore


Ils ont mal aux yeux

et passent leur chemin

emportant un peu chaque fois

de ce qu'il reste de son aura

là où s'émoussent tous les tranchants

et se relâchent les dernières trames


Son pas à elle est tantôt vif

tantôt plus hésitant

comme fataliste

et ses talons aiguilles

sonnent faux même lorsqu'elle

franchit la passerelle nord

vers l'immensité froide

des suburbs


Elle traverse le grondement

encor du tout premier

convoi de marchandises

qui vient de s'ébranler

mi-serpent mi-dragon

repu de nuit de cambouis

de graisse et de crasse

et qui achemine

Dieu sait quoi

Dieu sait où

vers les bassins peu connus

de la frontière ou les prétendues

cités souterraines des vastes

territoires des glaces


C'est une heure

où les ténors asexués

les magiciens perclus

les rares acrobates

à avoir survécu

peuvent tout à loisir

se muer en hardis avaleurs

de sabres


Une heure encore

où les proxos enfin

bien installés bien endurcis

font de leurs fameux bordels d'Etat

ni plus ni moins que

des macrocosmes


Ici l'oubli est un mille-pattes

que rien ne parviendrait à enrouler


Pour peu l'on entendrait

les ricanements célestes

chaque fois que les intelligentsias

déconnent


Ici Snow-White

a de gros nains

qu'elle exhibe volontiers

et loue à tous ceux

qui savent apprécier

pleinement leur savoir-

plaire


Et moi l'apprenti errant

en perpétuelle quête

d'inspiration je tire sur

mon temps de flânerie

obligatoire et quotidienne


Et je ne sais

rien de plus beau

par n'importe quel matin

d'été d'hiver ou de pluie

qu'une foule d'anonymes

cravachant vers leur labeur

au plus grouillant de l'heure de pointe


Ca fait rire aussi

mon poisson rouge

à qui j'ai appris à fumer

en deux ou trois langues


OOO


Soubresauts

écran s'allume

cabriolet bleu turquoise

s'arrête devant la vitrine

souillée d'index et de pouces

passages sirènes voitures

bondissantes flics et panique


Une main s'agite hystérique

et derrière la porte battante

une ombre en demi-lune

et furtive la main à nouveau

qui réapparaît et disparaît

à trois ou quatre reprises

s'agite à nouveau


Une fille débraillée

mauve et sucrée

chuchote un monologue

haché de faux reproches


Attendrissement aussi

et rire plus gras

sans aucune méchanceté

derrière un costume de flanelle

grise un peu fripée oui oui

o.k. d'accord klaxons sifflets

sonnette tramway-chocolat

tangue et roule sur le jeu

de ses rails


La courbe maintenant

entre le fouillis du parc des

Glorieuses-Journées-de-Sep-

tembre et le Central Trust

des Eglises d'État


Une boule

de papier jaune citron qui

roule au caniveau curé

tôt matin tables pliantes

des colporteurs rêveurs

herbes chairs racornies

talismans sortilèges reliques

dégoulinements de fards

de poudres et de khôls

sur la belle gorge un peu

grasse et qui halète


Et la madone sans même

se déchausser a regagné

son piédestal de mousse

et de pierre et se masse

longuement les reins

et les flancs et chacune

de ses fesses de velours

qui porte sans que personne

le sache tatouée et grande

ouverte une main

noire









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