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Les apparences du poème


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1 réponse à ce sujet

#1 serioscal

serioscal

    Serialismo Rigoroso

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  • Une phrase ::All series are not red. But some are. They burn-speak.

Posté 09 mars 2008 - 09:36

Je crois que l'on s'attache trop aux apparences du poème. Et c'est pourquoi il est si difficile de reconnaître un vrai poème.

Or la reconnaissance est une question aussi cruelle que cruciale. C'est d'elle et d'elle seule que naît le poème. Là où il n'y a pas reconnaissance, il n'y a pas poème.

Le mot "reconnaissance" a peut-être une allure trompeuse. Il faut entendre par "reconnaissance" une transaction. Oserai-je dire : "transaction motivique" ? L'expression est bizarre, pour sûr ! Il faut entendre "motivique" à la fois comme ce qui relève du motif et aussi dans le voisinage du moteur, de la fonction motrice. L'émotion ! ce serait une sorte de pelleteuse, en somme, quelque chose qui déplace de la terre.

Mais ne serait-elle pas aussi le vin énergétique, les gars ? Buvons à la santé de l'émotion, transaction motivique - et tractopelle pour l'occasion.

On s'attache trop aux formes qui croit-on font sens par elles-mêmes. Ce qu'il y a de compliqué, c'est que la date de péremption de l'image poétique est une donnée mobile. Et avec elle, se déplace la denrée émotionnelle du poème. Nous partons à la chasse !

Je suis un chien adjectival : c'est pourquoi il me semble naturel de flairer l'émotion entre les arbres, les bidons d'essence, à l'aube. Je flaire et je mords tout ce qui ressemble à de l'émotion poétique, pour m'assurer qu'il s'agisse bien d'une éternelle souffrance, d'un éclat non d'obus mais de ferveur mystique, sur un champ de bataille ou dans une maison. Je ne m'arrête pas au vestibule, au rez-de-chaussée. Je vais fouiner dans le lit aux draps déchirés, je constate les choses.

Et c'est pourquoi on ne sait plus si un poème est un poème, parfois. Mais le poème est un moteur à réaction et l'on peut gager que s'il se met à vrombir, la brièveté affirmative de la reconnaissance ne fera pas défaut, la chose ira à un bon rythme.

Et l'on saura alors qu'il y a eu poème.

#2 Vivien

Vivien

    Tlpsien +++

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  • 1 318 messages

Posté 09 mars 2008 - 05:10

tous les poèmes que nous feront ne changeront rien à la tristesse de ce monde.
écrire des poèmes est un passe-temps, un loisir, un travail, de la fureur, du vide, du plein, beaucoup de joie, j'insiste sur la joie et la jouissance d'écrire, du malheur, essentiel pour certains, parfois grandiose à lire, mais ne pas perdre de vue son caractère personnel, individuel, second malgré tout : c'est un beau jeu.
Et l'art en général réduit à l'individu isolé (après disons la séparation d'avec le culte religieux) est profondément mélancolique; peu à peu il s'autodétruit.