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L'ami d'enfance


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2 réponses à ce sujet

#1 Le Poète Rebelle

Le Poète Rebelle

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Posté 23 mars 2008 - 04:24


Il avait pris ce pli, depuis,
De me vouloir entretenir, chez lui,
Enfermés dans sa chambre, à clef,
De ce qu'il avait détesté, aimé.

Il était ainsi, mon ami.

Nous parlions de tout, de rien,
De ses déboires amoureux, des miens,
De nos amours passés, amants,
D'autres sujets peu ou prou graves, profonds.

Nous étions complices, amis.

Cela faisait douze ans, déjà,
Que je me retrouvais chez lui, là-bas,
Enfermée dans sa chambre, à clef,
A l'écouter philosopher, parler.

Je l'aimais ainsi, cet ami.

Puis, vint l'été, les beaux jours, ce jour malheureux
Où, ce visage familier m'est devenu
Si étrange, étranger : j'ai vu, dans ses yeux bleus,
Un jet de folie, cette lueur inconnue.

Et ce rictus soudain, énervant, effrayant,
Et sa voix imposante, son ton si infligeant
Me laissèrent figée, pétrifiée, tétanisée :
Mes mots bloqués, mes cris dans ma gorge étouffés.
Il approcha le fol éclair de son regard,
La démence de sa face au rire crispé.
Ses grosses mains me touchèrent de toute part.
Paralysée, je me suis fort mise à trembler.

Avec une lenteur calculée, il tomba
Mon chemisier et dégrafa mon soutien-gorge.
Sa grasse main goulue sur mes seins se plaqua
Et sa gloutonne langue dévora ma gorge.

Mon jean et mon slip furent bientôt enlevés.
Perdue dans ma nudité toute dévoilée,
De grosses larmes coulaient de mon oeil trahi.
Là, en pleurs, j'émis un cri : "Arrête, je t'en prie !".

Il s'écarta. Je voyais la fin de ce drame.
Enfin, je pouvais respirer tranquillement.
Mais en fait, il se dévêtait. Quel mélodrame !
Je ne pus fuir, terrassée par un coup violent.

Je sentis glisser entre mes cuisses la chair
De ses longs doigts adipeux, la sentis forcer
L'étroite entrée sèche de mon intimité
M'arrachant des cris tus de douleur, de colère.

Quand m'a pénétré cette colonne vivante,
J'ai manqué suffoqué, ai voulu me voir morte.
Il a pris son temps, le salaud ! Et sans capote !
Je la sentais présente, la Mort, si oppressante.

Voilà déjà deux ans que cet ami d'enfance
M'a, un jour d'été, jour maudit, saison haïe,
Arraché toute fierté et mon innocence.
Je me sens, depuis, salie, trahie et sans vie.

Ô vil violeur, voleur de ma vertu perdue,
Que te soit pardonné ton acte mortifère !
Ce, même si, désormais, pour moi, tu n'es plus.
Que nos voies ne se croisent plus, même en enfer !

Le 29 Août 2002.

#2 treeevor

treeevor

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  • PipPip
  • 13 messages

Posté 23 mars 2008 - 05:18

Je te réponds parce que tu m'avais proposé de lire ce poème.

Ce que je n'aime pas dans ce genre de poème : c'est croire que l'on peut imaginer (ou simplement mettre des mots) sur une douleur que l'on n'a pas connu. Si vraiment j'avais été violé : peut-être que je ne serais plus qu'un cri (je n'irais pas chercher des mots pincés comme "mélodrame", "vertu perdue") ; Je serais un dégoût plus profond (je n'aurais pas ressenti une langue gloutonne (c'est l'homme qui se sent glouton), peut-être que j'aurais plus l'image du vers blanc et gluant de la mouche qui m'entre et me vomi en moi). Putain, un viol j'aurais envie de le refouler au plus obscur de moi, et le jour où ça sortirais ce serait une soupape de sécurité (un refoulement à peine visible, caché dans d'autre chose), ou ce serait l'explosion violente et je m'amuserais pas à faire des gentilles rimes bien ajustées, putain, je vous foutrais les mots à la gueule.

Je crois sincèrement qu'il faut parler de ce que l'on connaît, de ce que l'on vit. Ce qui m'interesse ce sont les vivants, pas les spectacles et les fantasmes.

La sincérité ! C'est à dire la fragilité. Je me fous des carapaces et de ceux qui parlent pour les autres.

Ca fait bien six ans que je n'ai plus de télé. La télé-réalité m'est aussi étrangère et irréelle, que la vie des crevettes au fond de l'océan : c'est à dire éloigné de moi.

Je ne suis, donc, probablement pas le lecteur idéal pour la "poésie-réalité" que tu te proposes de représenter.

De toute façon, on ne peux pas plaire à tout le monde ;-). Bonne continuation dans tes recherches d'écriture, elles ne sont, juste, pas dans mes critères de lectures.

#3 Le Poète Rebelle

Le Poète Rebelle

    Tlpsien +

  • Membre
  • PipPip
  • 17 messages

Posté 24 mars 2008 - 12:05

Je te réponds parce que tu m'avais proposé de lire ce poème.

Ce que je n'aime pas dans ce genre de poème : c'est croire que l'on peut imaginer (ou simplement mettre des mots) sur une douleur que l'on n'a pas connu. Si vraiment j'avais été violé : peut-être que je ne serais plus qu'un cri (je n'irais pas chercher des mots pincés comme "mélodrame", "vertu perdue") ; Je serais un dégoût plus profond (je n'aurais pas ressenti une langue gloutonne (c'est l'homme qui se sent glouton), peut-être que j'aurais plus l'image du vers blanc et gluant de la mouche qui m'entre et me vomi en moi). Putain, un viol j'aurais envie de le refouler au plus obscur de moi, et le jour où ça sortirais ce serait une soupape de sécurité (un refoulement à peine visible, caché dans d'autre chose), ou ce serait l'explosion violente et je m'amuserais pas à faire des gentilles rimes bien ajustées, putain, je vous foutrais les mots à la gueule.

Je crois sincèrement qu'il faut parler de ce que l'on connaît, de ce que l'on vit. Ce qui m'interesse ce sont les vivants, pas les spectacles et les fantasmes.

La sincérité ! C'est à dire la fragilité. Je me fous des carapaces et de ceux qui parlent pour les autres.

Ca fait bien six ans que je n'ai plus de télé. La télé-réalité m'est aussi étrangère et irréelle, que la vie des crevettes au fond de l'océan : c'est à dire éloigné de moi.

Je ne suis, donc, probablement pas le lecteur idéal pour la "poésie-réalité" que tu te proposes de représenter.

De toute façon, on ne peux pas plaire à tout le monde ;-). Bonne continuation dans tes recherches d'écriture, elles ne sont, juste, pas dans mes critères de lectures.


Merci encore pour ce message ! Je viens à l'instant de le voir... Je suis tout à fait d'accord avec toi ! Ne parler que de ce qu'on connaît, ne pas fanstasmer... faire des "rimes bien ajustées"... et le comportement que tu aurais si cela t'était arrivé à toi... je le conçois fort bien... mais, vois-tu, il ne m'est venu que ces mots-là... ce poème-ci est également une "commande"... J'animais un forum de poésie sur Caramail.com : Poésie : rébellion et rêves. Sur celui-ci, il y avait de bons échanges, de bonnes critiques très constructives voire virulentes... Parmi mes habitués, il y avait une jeune fille de 18 ans. Ce que je raconte dans ce poème est son histoire. L'histoire d'une jeune femme, handicapée, abusée par son ami d'enfance. Histoire tue à ses parents et proches. Seuls sa grand-mère et son petit ami étaient au courant. Je l'ai fait à sa demande. L'on a d'abord échangé pendant des jours, des semaines où elle a pris le courage de me conter ce qui lui était arrivé... avec ses mots à elle, son dégoût à elle, ses larmes à elle... suite à un texte déposé sur le forum, elle m'a demandé de mettre son histoire en ver. Chose faite. Ce n'est qu'après son accord que ce texte a été mis sur le forum et d'autres où nous étions tous deux inscrits... Je ne sais peut-être pas de quoi je parle car n'ayant pas été victime de viol... mais, cette rage qui a été la sienne, je l'ai ressentie. Acteur de théâtre dans ma jeunesse, je me suis mis dans la peau de la jeune victime... et ai eu des frissons en écrivant, des frissons de dégoût... Mais, comme tu dis, on ne peut pas plaire à tout le monde ! Je vois cependant que nous aimons tous deux cette émission de Marc-Olivier FOGIEL... même si plus de télé depuis 6 ans...