De me vouloir entretenir, chez lui,
Enfermés dans sa chambre, à clef,
De ce qu'il avait détesté, aimé.
Il était ainsi, mon ami.
Nous parlions de tout, de rien,
De ses déboires amoureux, des miens,
De nos amours passés, amants,
D'autres sujets peu ou prou graves, profonds.
Nous étions complices, amis.
Cela faisait douze ans, déjà ,
Que je me retrouvais chez lui, là -bas,
Enfermée dans sa chambre, à clef,
A l'écouter philosopher, parler.
Je l'aimais ainsi, cet ami.
Puis, vint l'été, les beaux jours, ce jour malheureux
Où, ce visage familier m'est devenu
Si étrange, étranger : j'ai vu, dans ses yeux bleus,
Un jet de folie, cette lueur inconnue.
Et ce rictus soudain, énervant, effrayant,
Et sa voix imposante, son ton si infligeant
Me laissèrent figée, pétrifiée, tétanisée :
Mes mots bloqués, mes cris dans ma gorge étouffés.
Il approcha le fol éclair de son regard,
La démence de sa face au rire crispé.
Ses grosses mains me touchèrent de toute part.
Paralysée, je me suis fort mise à trembler.
Avec une lenteur calculée, il tomba
Mon chemisier et dégrafa mon soutien-gorge.
Sa grasse main goulue sur mes seins se plaqua
Et sa gloutonne langue dévora ma gorge.
Mon jean et mon slip furent bientôt enlevés.
Perdue dans ma nudité toute dévoilée,
De grosses larmes coulaient de mon oeil trahi.
Là , en pleurs, j'émis un cri : "Arrête, je t'en prie !".
Il s'écarta. Je voyais la fin de ce drame.
Enfin, je pouvais respirer tranquillement.
Mais en fait, il se dévêtait. Quel mélodrame !
Je ne pus fuir, terrassée par un coup violent.
Je sentis glisser entre mes cuisses la chair
De ses longs doigts adipeux, la sentis forcer
L'étroite entrée sèche de mon intimité
M'arrachant des cris tus de douleur, de colère.
Quand m'a pénétré cette colonne vivante,
J'ai manqué suffoqué, ai voulu me voir morte.
Il a pris son temps, le salaud ! Et sans capote !
Je la sentais présente, la Mort, si oppressante.
Voilà déjà deux ans que cet ami d'enfance
M'a, un jour d'été, jour maudit, saison haïe,
Arraché toute fierté et mon innocence.
Je me sens, depuis, salie, trahie et sans vie.
Ô vil violeur, voleur de ma vertu perdue,
Que te soit pardonné ton acte mortifère !
Ce, même si, désormais, pour moi, tu n'es plus.
Que nos voies ne se croisent plus, même en enfer !
Le 29 Août 2002.