C'est le soir quand tu n'as plus
ton nom, c'est le soir qui tombe
dans sa folle naissance
avec les routes, le soir
avec les champs, le soir
avec la poussière sur les murs couverts et les
couleurs d'orage.
C'est le soir la nuit tu perds enfin ton titre
au pied d'un arbre creux, tu perds
enfin toute ta raison,
d'un arbre où naît le son d'une voix
lointaine, et calme, et grave, une voie
vraiment primaire, une voie de putain,
de simple putain, une vraie voix de chair.
Les roquettes pleuvent ailleurs
très loin nulle part les images
mentent : c'est ici
seulement nous n'y sommes pas
et n'y serons jamais
vivant en paix.
Siège en cuir calé
devant la télévision,
le corps dort la tête mange,
la pollution paralyse
les jambes, le sexe, le cœur, ils battent
len-
te-
ment,
les battements de ton cœur.
Dehors l'éclair as-tu vu
l'énorme éclair déchirer
puis éclairer le ciel
une seconde ?
Tu pars ;
la ville est un trou noir ;
où aller chercher maintenant les
chantant, dansant,
princes des vertiges, maîtres-
illusionnistes,
faces roses tâchées phosphorescentes
par les verres de vin rouge détachés ;
où
trouver
ces
enfants de la nuit ; ils chantent,
ils dansent,
ils partent aussi.
Sans appellation, le chemin continue
le long des longs de Seine, s'étouffe longeant
la teinte verte des eaux vaines ; des lampes
et des étoiles subsistent, aux fenêtres,
un peu plus haut encore,
encore un peu plus haut,
dont les faux feux allumés te chasse
toi, le feu follet fini de l'espace ;
Tu
respires.
- Tu dis que tu
respires.
C'est là ta plus grande parole
avant que d'exploser, le matin venu
-quand tu n'as plus ton nom.

Quand tu n'as plus ton nom
Débuté par Vivien, mars 24 2008 07:49
6 réponses à ce sujet
#1
Posté 24 mars 2008 - 07:49
#2
Posté 24 mars 2008 - 03:48
Je ne sais si tu te (re)lis à voix haute,
le désabusement me paraît transcendé par les inflexions de fin de phrases donnant à l’identité un volume.
le désabusement me paraît transcendé par les inflexions de fin de phrases donnant à l’identité un volume.
#3
Posté 24 mars 2008 - 05:15
Oui, j'ai recherché à produire ce que tu décris très bien. merci de ta lecture!
#4
Posté 26 mars 2008 - 12:40
Eh bien. Soufflée, et pas qu'un peu. A lire sans d'autres yeux que ses propres poumons. L'impression d'un fer chaud appuyé tout entier contre le jour. Etouffée calme, sourde.
"C'est le soir la nuit tu perds enfin ton titre
au pied d'un arbre creux, tu perds
enfin toute ta raison,
d'un arbre où naît le son d'une voix
lointaine, et calme, et grave, une voie
vraiment primaire, une voie de putain,
de simple putain, une vraie voix de chair."
L'arbre, la foudre... la colère contenue dans un seul son. Rien n'est à plat, rien ne se couche. Le déploiement du souffle dans un seul nom.
Enfin merci.
"C'est le soir la nuit tu perds enfin ton titre
au pied d'un arbre creux, tu perds
enfin toute ta raison,
d'un arbre où naît le son d'une voix
lointaine, et calme, et grave, une voie
vraiment primaire, une voie de putain,
de simple putain, une vraie voix de chair."
L'arbre, la foudre... la colère contenue dans un seul son. Rien n'est à plat, rien ne se couche. Le déploiement du souffle dans un seul nom.
Enfin merci.
#5
Posté 26 mars 2008 - 01:38
Enfin, tu n'as plus ton nom, et ce, dans un ultime/dernier souffle ?
A lire et re-lire à haute-voix, et bien beau plaisir/cadeau que tu nous offres là mon Ami, sans partir dans la mièvrerie, bien évidemment.
Un merci, oui. Allez, gros bisous !
A lire et re-lire à haute-voix, et bien beau plaisir/cadeau que tu nous offres là mon Ami, sans partir dans la mièvrerie, bien évidemment.
Un merci, oui. Allez, gros bisous !
#6
Posté 26 mars 2008 - 01:59
je t'embrasse ds.
ca me fait plaisir de te voir ici.
et merci lux.
ca me fait plaisir de te voir ici.
et merci lux.
#7
Invité_souris_*
Posté 26 mars 2008 - 07:55
Bonjour Vivien,
Long texte, profond, il interpelle, il rappelle
l'écriture en est belle, merci pour l'émotion
Amicalement
Souris
Long texte, profond, il interpelle, il rappelle
l'écriture en est belle, merci pour l'émotion
Amicalement
Souris