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Assise sur le rivage les pupilles dilatées


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#1 decker

decker

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Posté 29 mars 2008 - 10:33

Assise sur le rivage les pupilles dilatées


Posée là sur une galette surplombant le rivage.
La peau mate, cheveux crépus, les lignes de sa bouille continûment affirmées
Elle observa surgir cette grosse baleine née d’ailleurs.
Enceinte de milliers d’humanoïdes,
Venus en conquête.

Mais les récents colons,
Étrangers d’elle de corps,
Ont su nonobstant ses paternels
S’imposer en divinités.

Et à peine délestés de leurs attirails mortuaires,
Alléchés par la pensée de la déraciner.
Mais l’appétence de la vie,
La conduite à sa débandade.

Le firmament ce jour là
Entra en déchirure
Tandis que les sons des réels trépas
Emportèrent leurs enjambées misérables.

Elle cavala de tout son cran
Pour perpétuer l’existence
Mais l’empressement de la balle
Ne fit qu’un cratère de sa tendre chaire

Déchiquetée par les débris,
Les bras en croix comme ceux de leur christ.
Elle gisait là inerte sur le sol maculé,
De son hémoglobine giclant de son œsophage,
Le thorax perforé par le projectile diabolique.
D’une ultime exhalaison, tout en appel,
Elle ferme les paupières, ramassée par sa mère.

Celle-ci traquée et traînée, ramenée tout au cordon de la grève souillée
Enchaînée, embarquée sur ces insignifiantes barges.
Empilés aux viscères de la bête,
Sous le poids des coups de fouets sur leur peau ambrée laissant d’indélébiles traces

Encordés les uns aux autres
Estampillés dans leurs nuques en sueurs
Du poinçon de ces rois
Ils prirent la mer, vers quel sort…

Contre tous leurs pugilats vains,
Pis étaient leurs matins.
La noirceur de leur geôle flottant aux grés des vents.
Les ébranlements répétés de cette machine à tuer.
Le bruissement de ces voliges à chaque remonté stomacal.

Et le deuil tous les jours plus présent à leurs pieds,
Les odeurs nauséabondes des ces pus mélangés,
N’était plus perceptibles par leurs narines bouchées,
Par leurs crasses amoncelées dépassant de leurs nez.

La sonorité de leurs chaînes asphyxiait le clapotis des vagues,
La cadence du tamtam rythmait les pulsations de leurs cœurs.
Et les empreintes de ces liens creusant plus profondes,
Les crevasses dans leur chaire pleine de meurtrissures et d’entailles.

Tout au bout du voyage, au bout de ce lynchage.
Ils ont pilé cette terre n’étant pourtant pas la leur
Tous en rang deux par deux, les jougs éternellement serrés.
Et les fouets claquant pour ne pas s’oublier.

Contre les allures de ces îles angéliques,
S’oppose à réalité du purgatoire des noirs
De la besogne dans ses nouvelles glèbes,
Au mépris de leur enfants et de leurs ressemblances.

Ces hommes les ont jugés parce que tous différents.
Mais avaient-ils le droit de les prendre pour des bêtes.
Au-delà de cette haine emplissant à jamais leurs êtres
Le pardon de ces actes aussi cruels soient-ils
Ne mérite t-il pas simplement le plus grand respect ?






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From: Assise sur le rivage les pupilles dilatées

Par decker dans Les palabres de Guyakéra, sur 25 mars 2013 - 10:36

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