
Kigali la Belle
#1
Posté 02 avril 2008 - 04:01
Sur les collines, vertes et grasses de Kigali.
Comme des mouches hagardes et ivres, ces noirs bataillons
Errent, éperdus. Mais avancent,
Vers des Terres Promises –ou non, Terres hospitalières
Dont les portes aujourd’hui semblent hostiles et closes
Ils errent, le ventre vide, et la tête pleine d’horreurs.
Ils ont bu avidement le vin de la haine et du crime. I
ls ont trop bu et trop vu.
Certains ont arraché leurs yeux pour ne plus voir, coupé leurs oreilles pour ne plus entendre, pelé leur peau pour ne plus sentir,
Eteint et noyé leurs cerveaux, drogués sans drogue, pour n’être plus conscients.
Les autres ont préféré se tuer.
Au détour d’une ruelle, un glapissement plaintif.
Deux chiens jaunes et galeux se disputent âprement un morceau de viande sanguinolent :
Une moitié de tête d’enfant,
Dont les orbites noires et pleines de vers semblent fixer le ciel encore,
Dans leur colère d’enfant, chétif et sale,
Que plus personne ne punit.
D’enfant qui a vu et sait le prix de la chair et du sang :
Le prix d’une machette élimée.
Il a vu et sait,
Les charniers à ciel ouvert, où des corps gémissant encore, s’enlacent enfin et s’embrassent,
Mélangeant leurs sangs et leurs pus,
Leurs excréments et leurs jus,
Dans un acte d’amour attardé et morbide.
Quelque gamin, impatient, flanque un coup de pied dans le tas en passant,
Pour faire enfin taire les cadavres indécents et lubriques.
Sous le regard amusé de son père.
Parfois, tel un zombie, un surmourrant quitte la fosse commune qui l’a abrité et caché des jours durant,
Ses amis, sympathiques cadavres
Qui l’ont protégé, bercé, nourri...
Et aimé, dans les temps de l’horreur, banale et quotidienne,
Et rejoint la foule muette qui toujours avance.
Ils sont tous là , hideux spectres que nul n’administre
Parfois ils se retournent, naïves statues de sel
Vers la ville de tous les songes, vers Kigali la Belle,
Le ventre vide, mais la tête toujours pleine, ils vont d’un pas sinistre…
#2
Posté 02 avril 2008 - 05:37
À partir du 7 avril 1994, Kigali fut l'un des théâtres du génocide rwandais : l'assassinat d'environ un million de Tutsis et de Hutus modérés par la milice hutu (interahamwe), et des membres de l'armée rwandaise, ainsi que des combats entre l'armée (essentiellement des Hutus) et le Front Patriotique Rwandais (dominé par les Tutsis).
Après 1994, la ville s'est développée rapidement ; de très nombreux Rwandais s'y sont installés, en particulier les exilés tutsis qui sont revenus au pays. Beaucoup de nouveaux bâtiments ont été construits ou sont en contruction.
#3
Posté 02 avril 2008 - 05:39
#4
Posté 02 avril 2008 - 06:37
Je t'en prie, permets-moi ce néologisme qui suit, tu es "sursensationnel" mon cher Poète.
Amicalement,
bibi 2008
#5
Posté 02 avril 2008 - 10:44
Bien amicalement.
#6
Posté 03 avril 2008 - 09:12
#7
Posté 03 avril 2008 - 03:53
D'un pas sinistre avance une foule en haillons
Sur les collines, vertes et grasses de Kigali.
Comme des mouches hagardes et ivres, ces noirs bataillons
Errent, éperdus. Mais avancent,
Vers des Terres Promises –ou non, Terres hospitalières
Dont les portes aujourd'hui semblent hostiles et closes
Ils errent, le ventre vide, et la tête pleine d'horreurs.
Ils ont bu avidement le vin de la haine et du crime. I
ls ont trop bu et trop vu.
Certains ont arraché leurs yeux pour ne plus voir, coupé leurs oreilles pour ne plus entendre, pelé leur peau pour ne plus sentir,
Eteint et noyé leurs cerveaux, drogués sans drogue, pour n'être plus conscients.
Les autres ont préféré se tuer.
Au détour d'une ruelle, un glapissement plaintif.
Deux chiens jaunes et galeux se disputent âprement un morceau de viande sanguinolent :
Une moitié de tête d'enfant,
Dont les orbites noires et pleines de vers semblent fixer le ciel encore,
Dans leur colère d'enfant, chétif et sale,
Que plus personne ne punit.
D'enfant qui a vu et sait le prix de la chair et du sang :
Le prix d'une machette élimée.
Il a vu et sait,
Les charniers à ciel ouvert, où des corps gémissant encore, s'enlacent enfin et s'embrassent,
Mélangeant leurs sangs et leurs pus,
Leurs excréments et leurs jus,
Dans un acte d'amour attardé et morbide.
Quelque gamin, impatient, flanque un coup de pied dans le tas en passant,
Pour faire enfin taire les cadavres indécents et lubriques.
Sous le regard amusé de son père.
Parfois, tel un zombie, un surmourrant quitte la fosse commune qui l'a abrité et caché des jours durant,
Ses amis, sympathiques cadavres
Qui l'ont protégé, bercé, nourri...
Et aimé, dans les temps de l'horreur, banale et quotidienne,
Et rejoint la foule muette qui toujours avance.
Ils sont tous là , hideux spectres que nul n'administre
Parfois ils se retournent, naïves statues de sel
Vers la ville de tous les songes, vers Kigali la Belle,
Le ventre vide, mais la tête toujours pleine, ils vont d'un pas sinistre…
C'est fou,je ne sais que dire,les images que tu as mises dans ma tête,semblent venir d'un autre monde !!
Pourtant,je sais bien que c'est arrivé,ça me déchire...J'ai beau vouloir imaginé,je suis certain que je ne suis même pas près de la réalité !!
Un bon livre sur le sujet,j'ai serré la main droite du diable,de Roméo Dalllaire,un haut gradé qui a défié les règles de l'armée Canadienne lors du génocide,un homme droit.
Michel
#8
Posté 03 avril 2008 - 04:40