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Vous dites : la Beauté


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2 réponses à ce sujet

#1 serioscal

serioscal

    Serialismo Rigoroso

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Posté 09 avril 2008 - 11:47

Vous dites : la beauté. C'est pour l'honorer ou pour la conspuer, c'est égal. Vous érigez un monument ou levez un bélier, vous êtes sur la même longueur d'ondes.
Quand Rimbaud a assis la beauté sur ses genoux, il lui a fait des choses, c'est sûr. Elle aussi a dû - pardon ! - mettre la main au paquet. Mais Arthur R. l'a iinjuriée, si mon souvenir est bon.
Or, on n'injurie bien que ce qu'on aime bien.
Il y a une histoire différente, celle qui va de Hegel à Duchamp et des avants-gardes américaines d'après-guerre aux avant-gardes françaises de la même époque. Certainement que Mallarmé disait de son Poëme qu'il s'adressait "à l'intelligence". Mais pour une part de ces gens (les plus instruits), il fallait que l'art tout entier s'adressât au concept. Duchamp lui-même expliquait que le ready-made était choisi pour sa "neutralité" esthétique.
Certaines gens n'ont rien su, rien vu, rien entendu : ils proclament "Beauté, tu me mangeras", "Beauté, je te graphe les doigts", etc. Comme quand quelqu'un vous parle d'un mort au présent. Vous êtes embarrassé, vous n'osez établir la correction qui s'imposerait.
Mais n'allez pas non plus rejoindre les rangs de ceux qui jouent avec le cadavre ! Ils subissent la même illusion. La "beauté injuriée" n'est pas le cadavre réfrigéré avec lequel ces naïfs jouent. Une enveloppe a chû. Une chose sans nom apparaît sous les doigts d'Arthur R. qui s'évanouit.
Il se réveille dans une plaine. La marche se poursuit. Mais quelle force, dites-moi, quelle force le pousse encore à aller vers la ville ?

#2 .ds.

.ds.

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Posté 10 avril 2008 - 12:45

Vous dites : la beauté. C'est pour l'honorer ou pour la conspuer, c'est égal. Vous érigez un monument ou levez un bélier, vous êtes sur la même longueur d'ondes.
Quand Rimbaud a assis la beauté sur ses genoux, il lui a fait des choses, c'est sûr. Elle aussi a dû - pardon ! - mettre la main au paquet. Mais Arthur R. l'a iinjuriée, si mon souvenir est bon.
Or, on n'injurie bien que ce qu'on aime bien.
Il y a une histoire différente, celle qui va de Hegel à Duchamp et des avants-gardes américaines d'après-guerre aux avant-gardes françaises de la même époque. Certainement que Mallarmé disait de son Poëme qu'il s'adressait "à l'intelligence". Mais pour une part de ces gens (les plus instruits), il fallait que l'art tout entier s'adressât au concept. Duchamp lui-même expliquait que le ready-made était choisi pour sa "neutralité" esthétique.
Certaines gens n'ont rien su, rien vu, rien entendu : ils proclament "Beauté, tu me mangeras", "Beauté, je te graphe les doigts", etc. Comme quand quelqu'un vous parle d'un mort au présent. Vous êtes embarrassé, vous n'osez établir la correction qui s'imposerait.
Mais n'allez pas non plus rejoindre les rangs de ceux qui jouent avec le cadavre ! Ils subissent la même illusion. La "beauté injuriée" n'est pas le cadavre réfrigéré avec lequel ces naïfs jouent. Une enveloppe a chû. Une chose sans nom apparaît sous les doigts d'Arthur R. qui s'évanouit.
Il se réveille dans une plaine. La marche se poursuit. Mais quelle force, dites-moi, quelle force le pousse encore à aller vers la ville ?


Je l'ignore mon Ami, chaque force est, et on ne puit prétendre à l'avoir. Mais en parlant de "force"quelle est-elle exactement, car j'ai du mal à cerner-saisir... et encore. Désespérément, je ne me bats plus, et me souviens des peurs, mais, mais comment faire, comment faire face au regard qui transmet ?

Je dirais tout simplement qu'il est ce reflet qui nous emporte dans la vie, et encore, je ne sais...

Des bisous
(tout simplement)

#3 Lé Clone

Lé Clone

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Posté 19 avril 2008 - 04:45



Cela me fait penser à l'excellent recueil de Philippe Rahmy " Demeure le corps, — Chant d'exécration ". Ce poète atteint de la maladie des os de verre met en poésie sa douleur quotidienne, son corps brisé. Il ne joue pas avec le cadavre. Avec violence et non-compassion pour lui-même, extrême lucidité, d'une écriture âpre, raide, il renonce à apprivoiser sa douleur, à la détourner de sa violence pour un souci d'esthétisme poétique. Mais, complètement à nu, à vif, son chant devient un chant d'amour et d'impuissance très proche de la beauté.


" la douleur n'apprend rien, rien, le refuge qu'elle / offrait vient de s'effondrer ; lorsque les cris cessent et / que la bouche dévastée, puante d'entrailles, se vide à / longs traits, j'entends hurler la voix que j'appelle / mon âme ; telle est mon âme, un déchet organique / qui cherche à me fuir, la voici ; contre ce que je / pense, contre qui je suis, ces aveux disent la rupture, / traînent l'esprit comme une dépouille dans le / désintérêt de l'autre, jusque dans l'oubli de la solitude même ".


http://remue.net/audio/NR2/rahmy.htm



__________________

(le recueil de poésie et le livrevidéo de Philippe Rahmy ne sont pas une et même œuvre) :

" Micro-manifeste du videolivre, par Philippe Rahmy :
1- le videolivre n'est ni une vidéo, ni l'adaptation filmée d'un livre, mais la forme nouvelle du texte pensé pour/par internet
2- la diffusion internet du livre provoque sa mutation ; on ne fait pas entrer un cube dans un cylindre
3- la parole vient de l'outil "