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Eclipse de terre


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3 réponses à ce sujet

#1 ornithorynque

ornithorynque

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Posté 21 avril 2008 - 12:37

About five billion years from now, astronomers say,
the Sun will run out of hydrogen fuel and swell temporarily
more than 100 times in diameter into a so-called red giant,
swallowing Mercury and Venus and dooming life on Earth,
but perhaps not Earth itself.


The New York Times, 12 septembre 2007


L’oiseau jaune s’enfuit quand on dit adieu
Il a fallu lancer les filets de l’espoir
Les enfants du nord s’agrippent à la rose des vents
Et les soupirs se mêlent en mers tranquilles


On entend les villages lointains dans les sables
En s’élevant le souvenir des forêts vierges
Deux statues rêvent de chants éternels et de danses qu’on ne connaîtra jamais
Tour à tour elles se rapprochent du ciel
L’une est pareille à la liberté de croire
L’autre à la Belle Étoile
C’est que les cirrus ont connu les beautés de la patience
Au bal des survivants l’amitié joue de l’oud
L’amitié joue d’elle-même au bal des longues nuits
Les femmes y cueillent des baisers de jeunesse
Un vent les porte aux promenades d’Io
Tout l’éclat de l’amour en est jaloux


Les aurores du monde en témoignent encore
Les tournesols dorment tandis qu’on s’étonne du soleil rouge
Nul homme ne mentira à la fontaine de la vie
On voit brûler le jardin de l’Arctique
Les fruits sont mûrs sur le plateau des nouveaux sorciers
Aux oranges boréales on préfère le fruit inespéré du dernier millénaire
Il flotte dans les mains des mômes à l’heure où tout n’est pas perdu
Aussi rond que le cœur des rondeurs
Son parfum s’empoisonne aux cris de l’Histoire
Sous des couleurs que les glaces anciennes se rappellent
On trouve aussi le frisson du large

Librement s’éloignent les chapeaux de certitude
Emportés moribonds par les fleuves de fer chaud


Voici la ville effarouchée où naîtront d’autres pylônes
Rubis jusqu’aux sous-sols hors d’haleine
Il y a ces lumières qui s’alcoolisent devant des plans de grande envergure
Leur robe disparaît entre des murs sans fin
Les places publiques regorgent de mensonges apprivoisés
Une foule de mains jointes se donnent rendez-vous
Elles réinventent le clappement des réjouissances
Sous le signe du génie et de la misère
Ici le rêve naît et meurt dans le trouble des chaleurs polaires
Dans le cercle des vieux albatros
C’est la transhumance qui rejoue la genèse


Des papillons prêchent en solitaires
Tantôt ils s’arrêtent coiffés par de bruyantes pluies
Les vergers à l’abri les contemplent indécis
À l’horizon la lune disparaît sans plus de connaissance
Sur la côte nuages et ondées ravivent le noroît
Et le gardien d’un lac et sa troupe de lutins folichons
Car on rêve encore à la façon des rois
En soif d’émotions et de puissances dominées


Au jour le jour les opinions s’allègent
Au jour le jour les baigneuses révèlent leurs derniers effets


Sur le sable tiède on emprunte des corps et donne son odeur
Tout se passe dans le dépliement utopique des formes
Les saisons confuses donnent le ton aux réflexes précoces
Les grands singes ne prennent plus le poids des petits
Ils ont renoncé à voir naître ce qui ne peut disparaître


Demain la moire des rues ne sera plus aussi mauve
Comme les rideaux tirés sur des fleurs esseulées
Les familles se donneront un air de famille
Les jours se compteront en pierreries divines
Ou en ombres qui n’ont besoin de personne
On mettra des arts sur la paille
Le temps de percer les cieux d’autres pylônes
D’accueillir l’autre Noé fuyant l’autre tsunami
L’Atlantique déhanché comme l’amoureuse en colère

Là-bas des arches au cimetière infini se reposent
Elles ont vu tous les dieux les prophètes et les rois
Ces temples de psychoses aux carlingues vendangées
Des grappes d’âmes seules les bordent de prières
Et des lèvres très rouges en embrassent les portes


C’est aussi le monde taillé comme une bouilloire
Après les tempêtes de soleil et d’ions
Des yeux ont fui et des jambes ont pleuré
C’est dans la glace molle qu’on esquisse une idée du luxe
Et qu’on prend le temps de perdre son temps
Une goutte de vie
Une eau-de-vie qui s’enflamme semblable à la vie
Qui semble se connaître dans sa moindre importance
Et pleure toujours au moment de mourir


Plutôt la lenteur à la folie se dit-on
Les torpeurs assumées à la course des blessures
Un jour des brebis innocentes discuteront cette loi
Elles en feront le code nouveau
Sur Ungava Nouveau et l’axe de Jupiter
Puis un chef en abusera un grand chef
Et les torpeurs parleront comme des sifflets d’enfants
Les miroirs joueront de noir et de blanc
Et dans la grisaille tout recommencera


On se rappellera un certain Nietzsche à la naissance de la tragédie
Un certain Ferré comme une cigarette qui prie
Au firmament des Voies et leurs ballets les plus empoussiérés
Pour une première ou dernière fois de petits singes alors s’ennuieront
L’eau vive des rochers les chatouillera en vain
Et le plus vieux des singes s’en moquera
À ses pieds un oiseau jaune cherchera son nid
À ses pieds la vérité se lovera
Au calme lovely


Enfin un long silence s’entrouvre comme la fenêtre
Il présidait déjà au bercement des jeunes millénaires
Son salon d’attente unit toutes prémonitions
On s’y garde de malmener les instincts
Un sorcier met le feu à un traité de cosmologie
Des cendres guident les esprits défendus à travers le sommeil
La terre est fidèle conclut-il et les esprits favorables
Et le sorcier parfume ses travaux d’herbes animales


C’est un trèfle qui a peur
C’est un trèfle qui compte les heures


Deux statues défient le silence
Elles appellent l’air libre à se méfier des fumerolles
Au-delà des cratères les crachas perdus d’un autre temps
Les tremblements de lune
Le brouillard chassé du continent
Il n’y a que le mystère aux cheveux d’or
Un devin récite des œuvres brulées
Des fusées fusent à la veille d’une conquête inconnue


Un garçon s’inquiète dans la nuit lactée
Ses semelles lui murmurent un aveu de terre chaude
Ses semelles allégées par la chute d’une étoile
Il court et bute contre les racines d’un arbre pleureur
C’est alors qu’une jeune fille lui raconte des histoires d’eaux neigeuses
D’arches promises aux enfants du sud
De vie à la vue de montagnes lointaines
De vie à la lumière de lunes fraîches
D’une terre en éclipse
Et de rosée sur cœurs tendres


Une tragédie renaît
Les soupirs se mêlent en mers tranquilles



#2 vang

vang

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Posté 21 avril 2008 - 08:57

:o
Tout à fait d'accord avec Dame Guéparde (ne pas confondre avec Sam Shépard) mais TROP c'est TROP. J'ai du boire cinq canettes de black dog pour pouvoir relire trois fois ce texte riche dense beau (et très très suréaliste). Alors ami des tunnels, pourrais-tu la profaine choix couper ton texte en morceau.
Tu prends de la phendraciline pour écrire ce genre de truc???
Amitié Vang Vanné


#3 passagère du silence

passagère du silence

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Posté 22 avril 2008 - 06:25

Dérive hypnotique...

J'ai pensé à Murakami et son monde disséqué, dépecé
et revisité en ...éclipse de Terre.

Un vertige qui m'a plu.

La passagère.


#4 ornithorynque

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Posté 25 avril 2008 - 11:31

magnifique texte, une écriture très fine et fluide. un grand plaisir à lire



Merci Bohemia - au plaisir de suivre la riviere

Martin

:o
Tout à fait d'accord avec Dame Guéparde (ne pas confondre avec Sam Shépard) mais TROP c'est TROP. J'ai du boire cinq canettes de black dog pour pouvoir relire trois fois ce texte riche dense beau (et très très suréaliste). Alors ami des tunnels, pourrais-tu la profaine choix couper ton texte en morceau.
Tu prends de la phendraciline pour écrire ce genre de truc???
Amitié Vang Vanné

Bonjour Vang,
Je bois encore du lait, mais ce phendraciline m'intrigue. Je tenterai l'experience la prochaine fois ; )
Amitie,
Martin

Dérive hypnotique...

J'ai pensé à Murakami et son monde disséqué, dépecé
et revisité en ...éclipse de Terre.

Un vertige qui m'a plu.

La passagère.


Rebonjour chere passagere du silence. Le mien fut long puisque je reviens d'un long sejour en Asie. Le retour a la vie occidentale s'effectue graduellement...

Aurelire,
Martin