Aller au contenu

Photo

Allégorie


  • Veuillez vous connecter pour répondre
Aucune réponse à ce sujet

#1 zqfd

zqfd

    Tlpsien +++

  • Membre
  • PipPipPipPip
  • 674 messages

Posté 11 avril 2007 - 05:00

D’antiques marécages remontés graduellement la nuit à la manivelle par une main, une vieille main pourrie, agitée de tics obscènes – l’immoralité la ronge depuis le poignet –.

Dans le bourbier se répandent les cadavres de poissons flasques, les débris d’os, de masques, des cordes rongées par de grisâtres ombilics s’étendent sur le rivage (car il y a bien un rivage) à la place des lianes naturelles – impossible de savoir où la nature, la jungle, les herbes ont disparu –.

Sur ce rivage tout sable s’est retiré en ne laissant pour empreinte que la seule usure du sol.

Deux arbres, peut-être, encore enracinés – l’un au tronc-visage-de-torturé ne cessant de gémir sans écho pour le relayer, l’air est trop opaque, l’autre fondant sans chaleur, toute sa sève exhalée empuantissant mon petit singe d’une odeur de foutre tournée, un foutre baratté puis tourné – sont les seules formes rappelant l’homme.

Le reste de l’atmosphère est insondable, en constante métamorphose. Les couleurs tombent chaque instant, puis se regreffent l’instant d’après en d’ignobles concentrés de vomissures, nuancés par le noir poilu de la nuée fertile des mouches à diarrhées dimensionnelles.

Des pluies sont fécondées ; – ô nuages flétris – et vont transpercer la tourbe ; et la tourbe rend un sang si épais et fumeux qu’il se confond peu à peu, en giclées poisseuses, avec le brouillard naissant à la surface des eaux d’étuve.

Des cadavres d’anciens siècles reparaissent puis s’éteignent.

La fumée d’un feu de fumier gigantesque s’instille au centre du marécage et recouvre péniblement les formes déféquées par la folie des temps pendus.

La barrière se fige soudain et toute chose, toute monstruosité informe, est ravalée par la perte mémorielle.



Enfin, je suis mort ; il reste à l’aube à poindre encore une fois.