Je suis seul et je m'ennuie.
Je ne sais s'il fait jour ou nuit.
Je ne sais ni le mois ni la saison.
Comme je n'ai aucune liaison,
J'ai l'âme en peine et le cœur lourd.
Pourtant, je n'ai rien d'un balourd.
Mes envies et mes idées sont confuses.
Je suis assis, la tête dans mes mains.
Où est passé hier et que sera demain.
Condamné à la solitude, je m'y refuse.
Soudain, le soleil resplendit,
Et un flot de lumière jaillit.
Ensuite, je sens une présence amie.
Je lève la tête et je reste interdit.
Une apparition me laisse ébloui.
La voilà qui lentement s'avance.
Je me crois victime du sort
Car je ne sais d'où elle sort.
Sa beauté dépasse toutes mes espérances.
Elle continue vers moi d'un pas tranquille.
Je suis ému par cette silhouette fragile,
Et je ne comprends rien à ce qui m'arrive.
Elle continue d'avancer doucement.
Elle n'est ni arrogante ni démonstrative.
Elle va être à ma hauteur dans un moment.
Ses hanches, ses seins et ses épaules,
Sont magnifiquement sculptés.
Ses jolis yeux verts, sont emplis de bonté.
Elle passe tout près d'un groupe de saules.
Je ne sais quelle force m'aide à me lever.
Nous ne sommes plus séparés que de deux pas.
La voilà sur moi et elle ouvre grand les bras.
Elle m'étreint et me demande de l'enlever.
Elle me serre contre elle plus fort encore.
Un nuage de papillons multicolores,
Volette autour de nous,
Dans un ballet étourdissant.
Je suis fébrile ; je tremble des genoux.
Elle me souffle des mots attendrissants.
Sa voix est calme, douce et chaude.
Son haleine me fait du bien et me taraude.
Son parfum à base de fleurs
Fraîchement cueillies et mélangées
Propage autour de nous, une délicieuse odeur.
Nous nous regardons, nos âmes échangées.
Maintenant, je m'aperçois de ses seins.
Leur contact agréablement assassin
Me fouette le sang et me retourne les boyaux.
Dans se yeux qui brillent comme des joyaux,
Je l'imagine dans sa splendide nudité,
Allongée parmi des fleurs, sur une herbe grasse,
Au bord d'un petit ruisseau qui passe
Emportant au loin, mon plein d'avidité.
Nos deux cœurs battent de concert.
A présent, je suis tendu comme un cerf.
J'ai envie de la prendre illico.
Mais, craignant de la mettre en fuite
Je n'ose ni caresse ni bécot.
Je me contiens en attendant la suite.
Ses deux mains dans mes cheveux,
Elle me prend la bouche pour un baiser
Tellement espéré et tellement embrasé
Qu'il veut dire : « c'est toi que je veux »
Elle ajoute qu'elle en a très envie.
Sans plus attendre elle m'offre son cœur ;
Elle m'offre ses jours, ses nuits et sa vie.
A ces mots, je n'éprouve plus de rancœur.
Je renie ma haine et mes ressentiments.
Je n'ai plus de mauvais pressentiments.
Je renonce à la colère et au blasphème.
J'ai enfin trouvé une femme qui m'aime.
A moi la tendresse qui m'était inconnue.
A moi les joies et les rires répandus.
Je vais vivre grâce à ma belle ingénue ;
Certes, je ne rattraperai pas le temps perdu,
Mais je ne serai plus jamais seul.
Au diable croque-mort ; au diable linceul. . .
Je suis encore sous l'emprise de mon rêve
Lorsque le ciel s'obscurcit sans prévenir…
Disparue la silhouette au superbe avenir !
Ma misère a seulement connu une petite trêve !
Par les matins faussement rassurants…
Par les crépuscules resplendissants…
Par les jours au chagrin angoissant…
Par les nuits aux constats désespérants…
Par tous les ans qui vont suivre…
Désormais, je ne saurais plus vivre
Sans connaître ni l'amour ni la pitié.
Je vais traîner ma souffrance oubliée
Seulement l'instant d'une aurore.
Mon deuil va durer encore.
Fin.
Mahdaoui Abderraouf
Le 10 Février 2005.