Pour essayer de vous émouvoir,
Je vais vous conter une histoire
Découverte dans un vieux grimoire.
C'est celle de cet amour dérisoire
Jonché dés le début, de déboires
Et dont les protagonistes sont contradictoires.
Lui, coureur et séducteur notoire
Est expert en échappatoires.
Quand il baratine, il ne laisse jamais rien voir.
Quand il promet, il ne craint jamais de décevoir.
Elle, amoureuse et sincère auditoire,
Pense que le bonheur est obligatoire.
Naïve, pour ne pas dire véritable poire,
Elle s'est facilement faite avoir.
Depuis, elle se pose en victime expiatoire.
Elle garde sa souffrance dans sa mémoire.
Pourtant, elle s'est fixé pour unique gloire,
De ne jamais céder au désespoir.
Elle est sûre que son amant provisoire
Fera de son retour un devoir.
Alors, quand tombe le soir,
Elle rend visite à son armoire
Et passe sa robe en moire
Pour être prête à le recevoir.
Comme dans un rituel ambulatoire
Elle quitte à heure fixe son boudoir
Pour arpenter à nouveau les couloirs
De son adorable manoir,
Tenant dans une main son bougeoir,
Avec dans l'autre main, son encensoir.
La bougie, c'est par peur du noir.
L'encens, c'est pour continuer à croire
Que sa patience peut être décisoire ;
Que ne pas séjourner dans le purgatoire
Serait des plus blasphématoires,
Quand on se prétend méritoire.
Elle se persuade de façon ostentatoire
Que son attente n'est pas illusoire.
En fait, elle se fait du mal sans le savoir
Car elle n'est pas prête d'apercevoir
La plus petite lumière d'espoir :
Celui qu'elle aime est en train de boire
En expliquant à ses copains de comptoir,
Comment faire l'amour dans une baignoire,
Ou sur des fourrures, entouré de miroirs.
Pour faire plaisir à son auditoire,
Sur un ton on ne peut plus péremptoire,
Il ajoute que s'attacher est accessoire.
Il continue dans ses propos diffamatoires
Au sujet de femmes plus chaudes que des bassinoires.
Fin.
Mahdaoui Abderraouf.
Le 11 Décembre 2004.