ta faculté innée d'écrire n'importe quoi m'étonnera toujours.
Denis H.
Que peut faire l'émotion en matière de poésie ? Nous dresserons ici un inventaire par habitude inexhaustif. Nous verrons dès lors les larges perspectives que permet de considérer l'intégration de la fonction émotionnelle dans la production et la réception de textes dont la structure est manifestement celle d'un poème.
L'émotion, ce grand hangar aux millions de ficelles, n'est-elle pas d'ailleurs le révélateur même de pareilles structures (qui ne se manifestent pas si aisément, comme on sait ?) Il ne s'agit pas que de ficelles, bien sûr : n'omettons pas de mentionner les paquets, résolution même du poème, les gros colis qui s'entassent, les caisses de bois enfin, qui s'accumulent vertigineusement.
< L'émotion poétique est redevable d'une certaine hauteur de plafond >
Il faudrait encore avoir de l'émotion poétique (autrement appelée EPO) l'image d'une échelle de petite taille. Nous offrirons au lecteur une large gamme d'échelles car on se rappelle, dans les ateliers d'antans, ces petites échelles de bois fixées aux murs, permettant d'atteindre les casiers les plus élevés. L'atelier est moins haut de plafond que le hangar mais cela ne nuira pratiquement pas à la structure de l'émotion poétique.
L'émotion poétique est une asperge.
Que vient faire une asperge dans notre atelier, qui lui-même jouxte un hangar dix-sept fois plus haut que lui ? Mais peu de choses, sinon signifier l'émotion elle-même. Car, si l"on y réfléchit un instant, nos constructions ne permettent pas de rendre l'exacte beauté qui émane de l'émotion pure, tandis que l'asperge dans sa simplicité rayonne et illumine l'espace du regard en sorte qu'une série de stimuli adroitement orientés par la légère courbe de l'asperge dégagent à eux seuls l'impact ! l'escalade ! la sensation de l'émotion crue-nue.
Les éléments semblent épars, ils s'amalgament mal ! Nous ne les retiendrions pas sans une batterie de casseroles. J'allais au marché assez régulièrement à une certaine époque, je nageais dans la foule, heureux et même béat. L'émotion, c'était là , le dimanche, qu'on la vendrait à la criée. Et j'en ai encore quelques sachets dont la date de péremption a été effacée, effacée par le temps. Je la tiens dans ma main, la fourre dans ma poche. L'émotion, je sors me promener avec.
Ce ne sont là , bien entendu, que des aspects épars d'une question déjà réglée par l'analyse structurale et ses colonnes sérielles.