22h48
Je bois.
C'est vrai.
Je me drogue,
je me soulage.
J'ingère
de l'acide phosphorique,
du caramel,
de la caféine,
des extraits végétaux,
et du sucre.
Surtout du sucre.
Tout cela dans une bouteille pas plus petite
que ton demi.
Rouge à l'extérieur pour moi,
rouge à l'intérieur pour toi.
Oui je bois,
quand c'est bien frais.
Tu te réchauffes
je me rafraîchis.
Et pourtant, nos mondes s'imbriquent.
Toi, le vieil imbu sur les quais de Seine,
Jeûneur,Gêneur,
artères bouchés devant les eaux
boueuses,
crachant ta glaire à la face des mouettes rieuses.
Moi, le jeune imbu qui gène,
artères bouchés devant ma console
- vidéo
diabètique
et gros,
ou plutôt obèse
affichant mon gras au visage
de notre société moqueuse.
Et tandis que s'éloignent les badauds hirsutes,
un mince
filet de bave s'écoule
de nos lèvres immenses.
Toi tu pues
le vin de l'âme déchue
les effluves au vent.
Moi je suppure
le sucre du ventre militant
assis entre quatre murs.
Oui je bois,
quand c'est bien frais.
Tu te réchauffes
je me rafraîchis.