Il est un portique gravé en son corps d’anciennes runes,
Qui détient dans la sombre magie de son arcade
Les clés inavouées de mon âme et de sa barricade,
Dans la mélodie de ses arcanes, au son pâle de la lune.
Son corps fatigué mais fier, de vieux guerrier invaincu,
Est criblé, comme autant de cicatrices, de signes inconnus.
Il recèle, marqué à jamais dans sa chair de bois précieux
Par ces formules secrètes, l’essence de mes enfers et de mes cieux.
Dès que la saison se fait au soleil et à la douce chaleur,
Il croule, à demi-caché, sous d’innombrables fleurs,
Roses rouges et roses blanches, glycine et bougainvillier,
Odeurs mêlées, parfums emmêlés, couleurs entrelacées.
Douces fragrances musquées et sucrées en délices,
Vives lumières jouant sur l’étendue d’une palette en gaieté,
Longues tiges, courant, gambadant en tout sens, enivrées,
Synesthésie du bonheur : goutte de rosée en mon calice.
En cette saison, me voyez-vous danser comme un cabri,
Sautant, riant, petite luciole, joyeuse fée en sa magie ?
Mais dès que le soleil cède son trône, la chaleur son règne,
Le divin portique se transforme, il se dresse, maléfique et obscène.
Il n’est plus orné que de ternes tiges mortes, rampants et desséchés
Serpents, le givre solidifie l’haleine putride en gangue damnée.
La terre à ses pieds se craquèle pour laisser les soupirs
Du Diable exécuter leur macabre danse, vilains satyres,
Le long des runes hantées de relents au goût de sang.
Incarnation de l’horreur : poison poisseux et violent.
En cette saison, me voyez-vous creuser la terre immonde,
M’y allonger, pleurer ma peine et m’y noyer, morne tombe ?

Portique
Débuté par silia, mai 24 2008 07:50
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