Un après-midi, le ciel bleu recouvre tout, rempli et solaire,
les chants de la capitale se noient sourds dans l'oreille égarée
tombent comme des insectes saoulés de chair
aux quatre coins d'abribus taggés.
Les voitures dorment
depuis déjà cent ans,
sur un morceau de trottoir.
Le démon a disparu. Vous ne le trouverez plus
caché sous le cœur de la porte cochère en bronze,
le démon a déserté les ruelles, les estaminets, les chambres,
oublié qu'il est par toute l'imagerie mentale
d'un peuple absent.
Il en va de même pour son ombre.
Le défilé du nombre
défie les colonnes des temples,
la voûte des cathédrales,
les chants, les croyances, les prières ancestrales,
plonge dans la stupeur et le travail,
le vin et l'argent, le vin de l'argent,
l'oubli,
l'oubli surtout.
Du nombre à la solitude il y a un mur
d'appartement. Certains vont voir les arbres
quand la saison le veut. Et le vent.
D'autres s'enferment
entre eux, s'écoutent
il me semble
il y a quelque chose
comme du langage
agonisant.
Sous les pavés la plage
horaire. Les fonctionnaires grattent des formulaires,
réctifient, prélévent, élévent, affrontent
tant de choses dans des combats sans fin.
Les cadres cadrent et les ouvriers oeuvrent
durant huit, ou dix heures. Puis, doucement,
rentrent à la maison
passer leurs loisirs.
Quand le zéphyr hurle, parfois, une prière
passe par une fenêtre, et va se perdre dans l'air.
Les enfants jouent, ils sont les rois
de ce monde ; partout, leurs fronts ridés
posent des marques sur de vieux jouets.
Le prochain réveil les attendra.
On entend maintenant mille bruits de pas
d'un désordre stupéfiant
marteler la rue,
fatiguer la tête,
des fous s'en prennent aux passants,
des clodos demandent l'obole,
et la musique, et la musique,
s'essouffle
mais ne s'effondre pas.

un après-midi.
Débuté par Vivien, mai 26 2008 04:05
1 réponse à ce sujet
#1
Posté 26 mai 2008 - 04:05
#2
Posté 26 mai 2008 - 04:30

"Sous les pavés, la plage
Horaire..."
Bien vu! C'est excellent!