que ne puis-je t'arracher à mon corps 
vieille dépouille familière tu pues la souffrance en sueur 
tu m'étouffes tu crèves ma bulle viole mon oxygène 
… en bordure 
de quel air puis-je respirer 
quand tu adhères glauque chair morte de ma chair 
atrophies et phagocytes le bris vaincu de mon corps translucide 
… en bordure 
si tu pouvais au moins m'achever 
ne plus me labourer de la mue des démons à en broyer 
les muscles bandés sous l'emprise d'une douleur attentive 
… en bordure 
qui es-tu qui échappes aux regards 
une ombre à peine au bord de mon esprit 
suis-je donc folle que je crois te voir 
au moment même où te voilà partie 
que ne puis-je t'arracher à moi 
laide peau desséchée aux rides souillées de moisissures 
te jeter au loin en pâture aux chiens fous qui rodent 
… en bordure 
tu m'enfermes dans ton monde furieux 
j'implose les murs de ma geôle rougissent du flot vivant 
je les entends qui fondent sous l'acide sadique de l'artère qui me brûle 
… en bordure 
si je pouvais seulement 
de mes ongles mes dents lacérer le supplice qui vrille mes tympans 
comme ils aboient cruellement la plainte animale qui se lèche 
… en bordure 
qui es-tu qui échappes aux regards 
une ombre à peine au bord de mon esprit 
suis-je donc folle que je crois te voir 
au moment même où te voilà partie 
que ne puis-je sauver ce qui reste 
suicider les années parcheminées inhumer sous leurs déchets 
l'effervescence qui aliène mon émotion à de vains poèmes errant 
… en bordure 
j'apprendrai sans le gémir encore 
à souffrir l'horreur de tes veilles dans l'attente que le matin 
vienne travestir les ombres qui tournoient bruyamment 
… en bordure 
j'ai bien compris je saurai tolérer 
ce qui frôle effrite dévore habilement l'esprit relégué dans le malaise 
d'une vie imprécise autre lointaine dont l'éclat tressaille parfois 
… en bordure 
qui es-tu qui échappes aux regards 
une ombre à peine au bord de mon esprit 
suis-je donc folle que je crois te voir 
au moment même où te voilà partie 
je suis ta sœur ton miroir inversé 
ta part d'ombres la rupture irréversible 
du fardeau imprudemment négligé 
c'est ta redevance l'héritage mérité 
j'ai mal j'ai mal j'ai mal 
je le crie aujourd'hui et crache au visage de la pudeur du monde 
mon mépris de la cécité accommodante des robots qui feulent et s'agitent 
… en bordure 
entendez ma démence 
mon cerveau qui rugit je me bats je me roule je râle j'ai mal 
heurtez-vous à mon cri qui s'affranchit dans l'urgence de son silence
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