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le seul cœur qu’ils avaient était à l’extérieur, comme ça juste posé, sur la poitrine


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#1 pol

pol

    Tlpsien

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Posté 05 mars 2007 - 05:05

Sur le mur, on ne voyait plus rien que les pas de l’affiche. Je pris le temps de les compter puis j’appuyai le doigt sur le creux de la tempe. mais pas trop. juste pour voir. Comme je ne sentais rien, je restais là un bon moment. Les cendrines baillaient et la classe, fatiguait d’être absente. On apporta des rêves et des grimaces crues. Les grimaces, je ne les voyais pas. Les rêves, eux, étaient violets, de longues dents frisées pointant de leurs épaules. Ils avaient la pâleur d’un cœur qui se regarde, les vaisseaux dans la boue.
Un s’avança vers moi. puis tous. Ils devaient être treize. Ils approchaient en rang. Je reculai. J’avais la trouille. La trouille était charmante ; elle bossait dans des caves. Je vis ce bouquin sur la chaise. Je le pris, puis reculai encore, jusque dans l’angle. Un me pressa alors un peu plus que les autres. Il était là. tout proche. Il me frôla la joue. Je ne vis pas ses yeux. Je levai le bouquin. Je le frappai contre la tête. un coup splendide et silencieux. Il tomba. mort. Le rêve tomba, mort. Ma jambe avait tremblé. Je relevai la tête. Les autres avançaient encore. Leur peau flottait. L’un d’eux vit sa carcasse s’étirer jusque là, puis rompre en son milieu. Les suivants firent de même. Ils furent 24. Je luttai. comme je pouvais. Je balançai le point en toutes directions. mais à contre-courant. Un autre me frôla. Je transpirais. Je le frappai avec le pied. un joli coup de pied. un coup de pied dans les burnes. Le rêve recula un peu. puis rien. Moi, je cherchais ses yeux pour voir s’il avait mal. mais rien. Soudain, il fit un bond. Il fut tout contre moi. Sa bouche caressa un peu la mienne. Je soulevai le livre et le frappai ; il tombait. puis un autre. et un autre. encore un autre. L’un après l’autre, je les frappai. rien à faire. Bientôt, ils furent très nombreux. 180226, exactement. à se ruer sur moi. La sueur qui tombait de mes bras m’humidifiait le flanc. Je déposai le livre et cessai de frapper. J’abandonnai, le souffle moche. Sitôt, ils furent contre moi, salivant sur ma peau. Je les poussai un peu, pris la chaise et m’assis.
Ils se mirent à entrer, au départ un par un, dépressifs. par la suite, à plusieurs. Ca ne faisait pas mal mais c’était encombrant. Quand ils en ressortaient, c’était pour arracher un seul de mes cheveux. Leurs mains sentaient la clope, et ce n’était pas grave. Des poumons, ils n’en avaient jamais eu. C’est eux qui me l’ont dit. De temps en temps, je m’éveillai. J’en attrapai un et le jetaispar la fenêtre ; celle à travers laquelle le bouquin fut pendu. Mais rien à faire. A chaque assassinat, un bidon de naissances. L’usine à rêves n’accusait pas. Elle jugeait. voilà tout.
La table était griffée. Je vis l’orange dans la coupe glacée. Je la pris et bus l’étoile à son sommet. Elle avait les yeux clairs mais sa bouche était froide. J’appris qu’elle était muette et que la ville qu’elle habitait savait le cul des sentiments.