7 réponses à ce sujet

[Noctis]

Libérées, vos lèvres s’entrouvrent,
Et toutes les roses par milliers,
Rouges des passions de tous les cœurs de l’Histoire,
Me sont inconsistantes Рsymboles fl̩tris.

Humides, vos lèvres, de ces baisers, premiers,
Qui, de notre exaltation irrépressible,
Nous firent saigner des jours durant.
Du pouce, rosissant de ma maladresse,
J’essuyais la salive qui les barbouillait,
Vos lèvres divines.
Et, ainsi que sur le champ de gloire
Les carnassiers se bâfrent,
Mes tempes se ruent à leur écho.
Eclatantes, vos lèvres, de nos baisers,
Faisaient jaillir les flammes –
Ô vermillon sublime, ma soif, ma faim.
J’étais inféodé à votre sourire.

Mais le contact ardent, le désir,
Le désir qui vous arrache à la raison,
Le désir féroce, celui de la brute honnie,
Celui qui terrasse la frustration,
La déchire, en fait une charpie,
Des cendres livrées aux vents,
Le désir avait fait du rouge de vos lèvres
Le fleuve noir qui naît des poitrines trouées –
Le choc assourdissant des corps,
Lancés, le ventre avant les jambes, l’un contre l’autre –
Des estropiés qui gémissent, qui pleurent, qui hurlent,
Des casques envolés, des veines vidées,
Qui, au crépuscule, couvrent le champ de bataille.

Et sur le guéret de vos lèvres,
Vous chantiez encor l’amour.

[laireveuse]

.

Merci Noctis.. Quel magnifique et ardent hommage aux lèvres de votre bien aimée. j'ai beaucoup beaucoup, aimé, et je me suis retrouvée dans ce lyrisme si particulier.. Merci encore et Bravo.... amitiés laireveuse

[claricorne]

Magnifique poème Noctis.
L'intensité est progressive, délicatement écrite.
(La répétition ne m'a pas gênée.)
Amicalement
Claricorne

[Noctis]

Merci à vous deux.

Sur la répétition : ici c'est clairement un exercice forcé, je ne voulais pas passer par des synonymes qui n'auraient pas la puissance charnelle du "lèvres" en lui-même.

Ce qui m'énerve sur les répétitions, c'est que je n'arrive pas à écrire un texte sans ça ces temps-ci. On dirait que j'ai besoin de la répétition pour mettre du poétique (mes textes sans répétition sont moins forts). C'est une béquille qui cacherait le vide ?
Peut-être devrais-je revenir au vers classique, que j'avais abandonné sur ce même argument : Nous n'avons pas besoin de donner au vers la forme de la poésie si la poésie est déjà par lui contenue. Fi d'un alibi, cherchons la profondeur.
Face à un constat d'échec ?

[claricorne]

Personnellement, je vous préfère en vers libres!
Quant à la profondeur, elle est là...
La répétition installe le temps dans la chair.

Encore trop d'exigence avec vous-même?!

A bientôt, j'espère, le plaisir de vous lire!
Amicalement
Claricorne

[Eglantine]

Bonsoir Noctis ,

Je découvre votre texte avec un peu de retard ( mais je ne me balance plus sur ma chaise ) , pardonnez un métier trés prenant ces temps-ci .
Quel plaisir de vous "re-lire" , aussi , comme votre Madame Noctis doit aimer vos mots ...

Passons si vous le permettez au "jeu" de la critique ;

Ce qui me plaît je dirais dés le commencement , c'est l'impression ( souhaitée ou hasardeuse ) de cette première strophe 'd'introduction' qui met en bouche le lecteur . Il me semble qu'en rappelant les roses ( ah , mon petit prinçe ! ) aux passions folles de l'histoire , vous dressez ici un tableau dont la toile accroche déjà l'esprit de vos lecteurs .

Les roses étaient bien gênées .
- Vos êtes belles , mais vous êtes vides , leur dit le petit prinçe .. On ne pet pas mourir pour vous .
Bien sûr, ma rose à moi un passant ordinaire croirait qu'elle vous ressemble .
Mais à elle seule elle est plus importante que vous toutes, puisque c'est elle que j'ai arrosée , que j'ai mis sous globe , que j'ai tué les chenilles... ( sauf deux ou trois pour les papillons ) .
.

Je ne peux l'expliquer , votre texte me fait penser à celui de pierre de ronsard " Mignonne allons voir si la rose ..."
C'est un peu pour la musique qu'il dégage ... Je ne sais pas vous le dire .
Il y à quelques mots dont je n'ai pas immédiatement saisi le sens (inféodé,guéret ) , mais j'ai pris la minuscule peine d'aller chercher dans le dictionnaire !

Vous emmenez par la suite votre lecteur en des paysages plus sombres et plus violents ( amours malheureux , bercé d'illusions ? )

Mais le contact ardent, le désir,
Le désir qui vous arrache à la raison,
Le désir féroce, celui de la brute honnie

Hors , je trouve que la transition du "mais" est ici bien lourde . Cela me fait penser à ces petits enfants que l'on réprimandent et qui vous rétorques inlassablement : Oui , mais ... , ou encore pour un autre exemple littéraire : Mais le méchant arriva avec sa grande épée !
Voyez ... ? Bien sûr ce ne sera pas l'avis de tous , c'est ici volontier le mien , mais vous qui écrivez de si belles choses , je sais que c'est à votre portée de trouver un trait d'union tellement moins courant que ce "mais .. "

Je dois dire que dans ce poême , c'est uniquement la seule accroche que j'ai pu relever . Le reste est dansant et élogieux pour votre compagne , sans oublier votre (presque) marque de fabrique : La note d'espoir finale qui vous sied à merveille .

Merci d'avoir su taire mon impatience ...
A bientôt si vous me l'accordez .

[Noctis]

Ah chère Eglantine, vous n'êtes pas en retard, c'est moi qui étais en avance !

De Madame Noctis il n'est pas. J'ai commencé ce cycle dans les bras d'une demoiselle qui depuis de longs mois maintenant m'a oublié. Mais j'ai à coeur de terminer ce qui est commencé et de toute façon je n'ai pas d'autre inspiration poétique. Alors je joue de souvenirs et je travaille. Au départ, je m'étais dit que je ferais appel à un imprimeur pour faire deux ou trois versions de l'ouvrage, et lui offrirais à une occasion, l'air de dire que toutes ces heures passées en sa compagnie m'avaient marqué de quoi tenir une existence sans amour.



Oui, les roses, comment ne songeais-je pas à Ronsard ? Ce que j'aime dans la rose c'est ce pourquoi je l'abhorre. De grandes lignes ont été écrit sur son nom, mais trop de lignes. La rose, fleur noble s'il en est, est à mes yeux la fleur la plus vulgaire qui soit, car trop de voix se la sont appropriée. C'est sur ce paradoxe que joue cette introduction.

Alors ce "mais". C'est vrai que c'est un mot ordinaire, mais il ne me déplait pas. J'aime assez, justement, commencer de façon presque ingénue. J'aime commencer une strophe par "et", alors qu'il n'y a rien à raccrocher. C'est un peu comme partir à contre-temps (et je suis grand amateur de ska).
De plus, il me faut un lien logique d'opposition. Vous trouvez mon "mais" lourd, mais qu'en serait-il d'un "cependant", d'un "néanmoins"... ? C'est vrai qu'il est ordinaire, mais je n'ai pas de meilleure option, un peu comme ma répétition de "lèvres". Par quoi puis-je remplacer "lèvres" ?
J'y penserai tout de même. A reformuler. Néanmoins, vous me frustreriez de mon contre-temps (c'est un peu comme une inspiration avant de plonger).


Merci à vous, Eglantine, de m'avoir lu avec autant d'intérêt.

[Eglantine]

Je pense cruellement , car oui , c'est le mot , que l'on ne peut "oublier" . Alors oui Mademoiselle Noctis n'est pas à vos côtés mais sans sentiments larmoyants je puis vous assurez que ce qui "fût" demeure Ad vitam aeternam .
Vous dites n'avoir que cela pour inspiration poêtique mais mon dieu quel bonheur ! Ne le gachez pas donc , écrivez toutes ces heures sans elle et cet espace qui vous entoure .
Au passage , dites lui merci ( de ma part aussi ) pour ces mots qui ne doivent leur naissance qu'à
son souvenir ...
Ni voyez également rien de personnel , mais je tiens à vous deçevoir sur un point , c'est qu'avec une si belle écriture et le sens du verbe aussi bien aiguisé , je doute fort ( même avec une pointe de timidité ) que vous demeuriez à jamais sans amour ...

Cela dit , je signe avec vous la triste sentençe de la rose qui éffectivement à trop être encenser me semble terriblement orgueilleuse ( ouh , le vilain défaut ! )

A bientôt .