Le poète mange des rêves
sans être jamais repu
il boit des étoiles
s'ennivrant
de leurs yeux
Comme l'enfant
qui attend
amoureux d'absolu
voyageur d'éternel
il est riche
de tout
Mécanicien magique
ll entraine sa ronde
de mondes
satellites
assemblés en cantiques
Il vole,
infatigable
de nues en voies lactées
Il est la poèsie
...
Et il est homme... aussi
***
Très beau et très lucide aussi...
Le poète rêve ou se rêve dans sa poésie, rêve ailleurs, rêve d'un ailleurs, écrit des mots qui rêvent, s'envole, c'est beau...et puis...et puis...après? un homme aussi...la réalité...
Il se fabrique des absolus, les mots lui servent à magnifier, à imaginer, à dire les paysages, à s'envoler en mots d'amour, parfois en mots d'amour...et puis...et puis...la réalité...
"Comme l'enfant
Qui attend
Amoureux d'absolu
Voyageur d'éternel
Il est riche
De tout"...
Les âmes d'enfant, insouciantes, légères, et puis aussi l'enfant attend-il? N'est-il pas plutôt dans le présent?
Là où l'adulte est dans une sorte de futur...
Où est le poète?...à rêver parfois de trop belles histoires...histoires de mots...histoires de maux...
Amoureux d'absolu...et lorsque l'absolu se fait la malle, que lui reste-t-il, au poète? A ne plus savoir que rêver?...
Ecrira-t-il encore? Ecrira-t-elle encore? Sans doute, avec l'absolu en moins...deuil d'absolu...qu'écrire alors encore? Après?
Loin du pays magique des rêves des poètes...
Riche de tout...oui...ou riche de trop?...
Comme dit Paname, il y a "heureux" et "malheureux"...
Il y a dans l'écriture de ces emportements fougeux et joyeux, de ces enthousiasmes, où tout est si beau...
Et puis...soudain...la chute...
Alors avant on était dans cette si belle strophe, "amoureux d'absolu"...que faire quand on se rend compte que l'absolu n'existe pas?...ou bien n'existe plus? Cela ne fait rien...ne s'écriront plus les mots emportés d'avant...le poète atterrit...il redevient l'homme...lucide...qui voit...simplement...et l'écriture l'oublie...pour un temps...il écrira...autrement...peut-être...
Lorsqu'il n'est plus dans cette "féerie", où est sa poésie? Lorsque demeure la réalité...
Alors poète, prends le train des voyages, regarde d'autres rues, écoute s'écouler le sang d'autres rivages, entends la musique, et si tu n'écris pas, et si tu n'écris plus, qu'importe, l'odeur des parfums d'ici et d'ailleurs, le bruit des pas dans les rues, le soleil qui réchauffe, c'est bien suffisant, cette réalité-là , qui est sans mots, juste à percevoir, la vie, loin des mots...
même si...les mots sont essentiels...parfois ils quittent leur "joli" monde d'absolu...difficile...l'accepter...c'est tout, c'est simple.
Les mots ne sont pas tout...mais ils sont beaucoup...
'Les rêves sont les vérités des poètes"...très beau...j'y croyais...un jour...que se passe-t-il lorsque les rêves s'envolent ou s'éteignent? que l'on ne sait plus écrire ce qu'on écrivait...avant?...qu'il faut chercher un autre chemin dans les mots, loin des rêves...et que l'écriture a du mal...car elle a oublié de savoir rêver...ne plus écrire, alors? peut-être...peut-être pas...
écrire toujours...là où les rêves ne sont plus...et où juste la vie de l'homme, sa réalité demeure. Sans hiatus.
..
Et il est homme... aussi
"Sans le poète la muse n'est rien
qu'une étoile filante au lointain
elle lui offre ses pâles rayons de nuits
pour qu'il se chauffe le coeur à son huis"
très beau...qu'une étoile filante au lointain...
"L'homme se dédouble pour devenir poète"
Notion de double...intéressante...
"Je crois qu'il est les deux, l'un nourrissant l'autre et inversement"...
Va-et-vient...je préfère celui de la réalité vers les mots, que son inverse, les rêves vers une forme de mots qui croirait rêver un absolu de réalité qui n'est pas...
Très beau poème qui fait réfléchir.
Merci
Licorne Blanche
PS: je viens peu en ces pages désormais et je me suis donc permise ce long commentaire, ne sachant trop quand je reviendrai...