
Décadence de la perspective
#1
Posté 27 avril 2007 - 09:09
De nos doigts gonflés de sang et d’eau
Il y a des nuques dissoutes fréquemment
Sous les monts et dedans les tanières
Il y a du sable encastré et du plomb
Au fond des sanglots ingouvernables et beaux
Il y a les mondes tapis dans les outres fraîches
Qui nous transposent jusqu’aux flammes
Et les doigts rincent le gravier lourd
Et les montagnes de mondes battent des ailes
#2
Posté 27 avril 2007 - 09:44
Je trouve ces quelques lignes très belles, puissantes... Ma préférée est la dernière strophe.
Un bémol, pour moi, sur "sanglots ingouvernables et beaux", qui à mon avis casse le rythme, et sur "transposent", que je trouve décalé, un poil "technocratique".
Bien vu, Félice !
J'entends ta perception des sanglots, pour le rythme. D'ailleurs, j'ai pêché par gourmandise du mot "ingouvernable".
Mais pourquoi "technicratique" ? Précise ton ressenti, please.
Merci, socque.
Jaguar.
#3
Invité_Tyi_*
Posté 28 avril 2007 - 01:07
Bises
#4
Posté 28 avril 2007 - 05:56
J’aime dans cette poésie ce qui semble glisser et ne blesse qu’après coup.
J’adore :
« Il y a du sable encastré et du plomb
Au fond des sanglots ingouvernables et beaux »
(moi c’est mon distique préféré…)
Parce que c’est un peu décalé (l’emploi de encastré, la coordination des deux adjectifs qui a priori ne vont pas ensemble, et le rythme un peu bancal), mais de façon subtile, légère (par comparaison, et pour donner un contre exemple, je trouve que le distique précédent est plus lourd, parce que le décalage est trop grand et on ne voit plus rien, l’image se brouille).
J’aime l’usage discret des contraires.
Merci pour l’épure, ça m’a touchée à un point que je peux à peine dire. Je n’en parle pas trop car je sais à quel point tout le monde a détesté la poésie que je t’ai dédiée… (silence, je ne souhaite pas te faire de tort).
#5
Posté 28 avril 2007 - 09:06
bisous...
#6
Posté 28 avril 2007 - 10:10
Il y a des braises que l’on peut saisir
De nos doigts gonflés de sang et d’eau
Il y a des nuques dissoutes fréquemment
Sous les monts et dedans les tanières
Il y a du sable encastré et du plomb
Au fond des sanglots ingouvernables et beaux
Il y a les mondes tapis dans les outres fraîches
Qui nous transposent jusqu’aux flammes
Et les doigts rincent le gravier lourd
Et les montagnes de mondes battent des ailes
j'avais un peu peur du titre
et puis en lecture/flash
il y a ces sanglots ingouvernables et beaux
et ces doigts qui rincent le gravier lourd
et même si la finalité de tout ca m'echappe un peu
tu ne deshonore pas un certain surrealisme
digne de celui que pratique Kwizera a son plus haut niveau
oui Felice,tu m'épates
#7
Posté 28 avril 2007 - 10:13
Ben, c'est difficile à dire... On est dans du mystérieux, un vocabulaire simple et des associations décalées, et pour moi, ce verbe casse quelque chose, il introduit du terre-à -terre brutal. "Transposer", pour moi, c'est des maths ou de la gestion, on est dans du traitement d'objets... C'est peut-être purement personnel, mais pour moi, si on transpose quelqu'un, c'est dans un chariot de supermarché ! C'est pour ça que je sens une cassure dans l'élan...
Je relis, à chaque relecture j'aime davantage, sauf ces deux points que j'ai dits. Contrairement à Laure Egine, j'ai notamment un gros faible pour
"Il y a des nuques dissoutes fréquemment
Sous les monts et dedans les tanières"
...si décalé, oui...
D'accord, là tu es précise, c'est chouette. Ton allusion "mathématique" me parle bien et je comprends. je vais voir si je trouve quelque chose qui ne trahira pas ce que je voulais dire et qui soit plus abstrait.
Merci !
Féfé.
#8
Posté 28 avril 2007 - 10:14
Comme Socque, les deux derniers vers sont magnifiques.
Bises
C'est marrant... quand je pense à la façon dont j'ai fait le texte et les deux derniers vers...
Merci, donc.
Féfé.
#9
Posté 28 avril 2007 - 10:18
J’aime assez ce poème lisse, un peu moins que ta prose réflexive, mais j’aime.
J’aime dans cette poésie ce qui semble glisser et ne blesse qu’après coup.
J’adore :
« Il y a du sable encastré et du plomb
Au fond des sanglots ingouvernables et beaux »
(moi c’est mon distique préféré…)
Parce que c’est un peu décalé (l’emploi de encastré, la coordination des deux adjectifs qui a priori ne vont pas ensemble, et le rythme un peu bancal), mais de façon subtile, légère (par comparaison, et pour donner un contre exemple, je trouve que le distique précédent est plus lourd, parce que le décalage est trop grand et on ne voit plus rien, l’image se brouille).
J’aime l’usage discret des contraires.
Merci pour l’épure, ça m’a touchée à un point que je peux à peine dire. Je n’en parle pas trop car je sais à quel point tout le monde a détesté la poésie que je t’ai dédiée… (silence, je ne souhaite pas te faire de tort).
Merci de prendre le temps d'expliquer ce que tu as senti dans le texte. C'est très important. Les "contraires", je ne les ai pas consicemment cherchés et je vais réfléchir à ce que tu dis.
Quant à ton texte... personne ne fait de tort à personne ici, ne t'inquiète pas... chacun est libre de ressentir ce qu'il veut sur un texte, mais il faut juste pouvoir argumenter un peu et communiquer, justement, sur ce qu'on ressent. Je suis contente si mon petit apport t'a touchée.
Jaguar.
#10
Posté 28 avril 2007 - 10:19
P........ ! Féfé, tu t'éclates, puissant tes mots, magnifique !
bisous...
P.... ! Domi ! Merci !
Oui, je m'éclate assez.
Féfé.
#11
Posté 28 avril 2007 - 10:22
j'avais un peu peur du titre
et puis en lecture/flash
il y a ces sanglots ingouvernables et beaux
et ces doigts qui rincent le gravier lourd
et même si la finalité de tout ca m'echappe un peu
tu ne deshonore pas un certain surrealisme
digne de celui que pratique Kwizera a son plus haut niveau
oui Felice,tu m'épates
Ben dis... il est chouette, ce com.
Je ne sais pas comment choupinet va prendre la comparaison... mais l'ensemble de ce que tu dis m'apporte beaucoup (et pas seulement parce que le com est positif).
Merci Alain.
Jaguar.
#12
Posté 28 avril 2007 - 11:19
- aucune compétence en matière technique,
juste ma curiosité, ma recherche de l'idée,
cachée derrière les lignes -
j'ai pensé à l'Albatros
- fichtre, rosit-elle ....
- Mais non mais non.
Je me demande toujours quand on isole sa préférence pour un fragment de texte
si ce n'est pas une injustice rendue à la construction, sa trajectoire, son crescendo, son équilibre.
Et je pense que ce texte est un beau système oscillant -décidément ...-
A ceci près que je lis les deux dernières lignes comme une synthèse et non comme une continuité des huit précédentes.
Quand au mot "transpose",
je me trompe certainement (pirouette)
mais je suis pratiquement sûr que ton idée de départ était transport,
et que tu as cherché l'abstraction - et que tu la cherches encore.
Mais bon ...
(cacahuète ?)
#13
Posté 30 mai 2007 - 08:23
Il y a des braises que l’on peut saisir
De nos doigts gonflés de sang et d’eau
Il y a des nuques dissoutes fréquemment
Sous les monts et dedans les tanières
Il y a du sable encastré et du plomb
Au fond des sanglots ingouvernables et beaux
Il y a les mondes tapis dans les outres fraîches
Qui nous transposent jusqu’aux flammes
Et les doigts rincent le gravier lourd
Et les montagnes de mondes battent des ailes
C'est un poême à sentir.
A ressentir
C'est en fermant les yeux qu'on devrait l'écouter.
Laure Egine a parlé des contraires, c'est la première impression que j'ai eue aussi.
La sensation que j'ai après la lecture:
celle d'un immense essor, un espoir avorté. Un envol empêché. Comme un oiseau trop lourd, ou entravé.
Artemisia