Les chevaux de braise ont envahi ma nuit
Je ne dormirai plus
Il était temps
Que les crinières métalliques tailladent mes veines
La mort sur le dos d’un mustang vaut bien la mort
D’une fausse infante défenestrée
Il était temps que demain ne revienne plus
J’en ai vu assez de ces aubes où l’esprit est plus vif que le corps
Je n’ai plus la force de recréer mon visage
De me vêtir pour ne pas subir la froidure des loups urbains
Et de marcher, marcher jusqu’au retour des chevaux
Je n’ai plus de demeure, plus d’espace pour dormir
Ainsi je passe devant les soldats aux bras croisés
Ils rient de mes poignets aux veines tranchées
Mais ici c’est devenu presque l’Amérique
Les portes des hôpitaux sont fermées aux indigents
Les porches des immeubles sont jonchés de corps barbares
Même les enfants fuient la laideur de ma désespérance
Je n’ai plus le droit de flotter avec eux
Sur les nuages nucléaires de leurs bacs à sable
Je n’ai plus le droit de m’asseoir sur les bancs
Près des mères aux lèvres médisantes et aux cheveux ras
Je n’ai plus aucun droit puisque l’amour m’a été ôté
Les soldats décroisent les bras quand je passe dans ta rue
C’est mauvais signe
Ils discutent fort de ma maigreur, de mes pieds nus
Ils soupèsent en gestes obscènes chacun de mes os
Je tire sur ma robe d’indigente pour cacher mes genoux sales
Je ne fais que découvrir mes seins de femme stérile
Toi ! Toi ! Et toi aussi !
J’en fais partie. Même si mon œil mal voyant ignore tout
Le dernier des derniers métros est pour Toi ! Toi ! Et moi aussi
Malmenées par les soldats aux kalachnikovs
Il faut obéir et baisser nos yeux sans paupières
J’ai déjà oublié ce que j’étais pour toi mais je pars
Héloïse Cerboneschi
Jeudi 8 août 2008

Numéro 13
Débuté par Héloïse, août 29 2008 07:09
10 réponses à ce sujet
#1
Posté 29 août 2008 - 07:09
#2
Posté 29 août 2008 - 07:14
bonjour Héloïse...!
ton univers, peuplé de lancinantes images....nous emmènent dans un Paris surréaliste....
je retrouve ta plume et j'aime....
bises Hélo....!
ton univers, peuplé de lancinantes images....nous emmènent dans un Paris surréaliste....
je retrouve ta plume et j'aime....
bises Hélo....!
#3
Posté 29 août 2008 - 08:06
Douloureux et touchant. Impression d'un seuil, "je pars" ouvre une porte comme une bouffée d'oxygène...
Contente de te retrouver...
Contente de te retrouver...

#4
Posté 29 août 2008 - 11:05
Ah...Hélo !
Pars si tu veux
mais reviens vite
Tu manques
Pars si tu veux
mais reviens vite
Tu manques
#5
Posté 29 août 2008 - 11:39
Intensité des images.
Plaisir de la lecture.
Plaisir de la lecture.
#6
Posté 29 août 2008 - 12:51
Touchée par ton écrit !
C'est racé, élégant malgré la dureté.
Amicalement
Brumes1
C'est racé, élégant malgré la dureté.
Amicalement
Brumes1
#7
Posté 29 août 2008 - 06:33
Cela fait plaisir de te relire. Grande émotion et toujours une très belle écriture, de l'âme quoi !
Comme dit Paname, "reviens vite"...
Amitiés,
Béa
Comme dit Paname, "reviens vite"...
Amitiés,
Béa
#8
Posté 29 août 2008 - 07:18
Ce texte a quelque chose d'envoûtant et obsédant.
Fulgurances...
Fulgurances...
#9
Posté 29 août 2008 - 07:54
Héloise??? toujours de ce monde??? mais elle a au moins 102 ans! remarque avec le vieux fonctionnaire ça colle.
#10
Posté 29 août 2008 - 09:41
ce poème est d'une amère beauté.
Quoi qu'en pensent ou penseront certains.
Quoi qu'en pensent ou penseront certains.
#11
Posté 30 août 2008 - 10:57
Merci à tous
Je ne vous oublie pas, même si je me fais rare
Pour le Child : Je n'ai pas encore 102 ans (et je souhaite ne jamais les avoir), ni même la moitié, et j'ignore qui est le vieux fonctionnaire avec lequel ça colle. Si c'est une "colle", elle est au-delà de ma compréhension que je réserve à d'autres curiosités
Encore une fois merci d'être toujours là pour lire mes textes
Héloïse Cerboneschi
Je ne vous oublie pas, même si je me fais rare
Pour le Child : Je n'ai pas encore 102 ans (et je souhaite ne jamais les avoir), ni même la moitié, et j'ignore qui est le vieux fonctionnaire avec lequel ça colle. Si c'est une "colle", elle est au-delà de ma compréhension que je réserve à d'autres curiosités
Encore une fois merci d'être toujours là pour lire mes textes
Héloïse Cerboneschi
