C’est la plus belle du quartier. Un peu dingue mais tellement fringante. Et puis son odeur de chienne mouillée me fait frétiller autour d’elle comme si c’était la seule. La seule… Rien de telle qu’une belle avec un collier bien noir et une façon de se dandiner même si c’est vrai elle veut me mordre quand j’approche. Mais je veux l’avoir sous moi et lui mordre les oreilles – Ce sera me venger de tous ces tourments qu’elle me fait sentir. A propos de sentir : elle se promène avec une odeur de nuit et quand la pluie la fouette elle fait la rockeuse, son joli collier de cuir noir au cou comme une chienne qu’elle est. On s’étonnera que je sois prés à me battre pour elle – à hurler.
Hier elle se secoue les reins devant moi, quoi, à vingt centimètres. Je vous mets au défi de résister devant un pareil supplice et l’on reconnaîtra les circonstances atténuantes pour votre plus fidèle ami d’avoir bondi sur son dos en râlant des mots orduriers que seule mon espèce connaît. Je croyais attendrir son cœur à prendre et que ma mâle attitude, alliée d’une dose de courage certaine pour mon acte somme toute naturel, avait eu l’avantage de mettre à découvert et pouvait faire pencher la balance de ses sentiments vers des prémisses que je pressais de lui faire entendre. Ma coquine au lieu de cela d’une force peu commune s’abaissa d’un coup sur ses jambes et se tordit me faisant d’un coup face comme si je lui avais volée le droit de me refuser l’aumône d’un oui.
Je me trouvai projeté à trois mètres de là l’entrecuisse brûlante et le dos frotté par le bitume. Avant que j’ai pu reprendre mes esprits du même air canaille qui lui collait aux poils depuis que je la connaissais elle avait retrouvé son équilibre et me mettais au fait. Elle avait décidé de se rapprocher d’un mâle du quartier plus musclé que moi – Il est vrai.
Je rongeais les jours, passant une série d’hypothèses à me contrarier le moral et passai par toutes les couleurs de la jalousie d’autant que le nouveau couple avait pour habitude de se reproduire à quelque mètre de moi – et je n’avais pas la possibilité de même oublier son parfum de chienne qui entêtait d’autant plus qu’elle désirait de plus en plus se rapprocher de ce gros musculeux qui ne semblait pas – à bien y regarder – amoureux d’elle.
J’échafaudais les plans les plus fous, multipliais les combinaisons. Je finis par tomber malade.
Un jour que je la regardais je la vis plus grosse de taille et moins encline à se faire monter que quelque semaines auparavant.
Je remerciais les dieux d’avoir cessé le supplice. Lorsque je décidais de changer de quartier.
La coquine ne l’entendait pas de cette façon. Elle me suivit. Mais ses charmes aux lourds flancs gélifiés n’avaient plus sur moi les même attraits et la puissance de ma dépression m’avait enlevé mes derniers sursauts de virilité.
Quel ne fut pas mon étonnement lorsque je dus élever 10 chiots tous plus adorables les uns que les autres. Je devins père par obligation et me dus de rameuter la petite bande pour les heures de partage des os de poubelles que je ramenais.
Ces fouilles me donnaient une odeur nauséabonde vaseuse et rance.
La belle elle sentais la chienne aux allures retrouvées.
Je tentais en juste retours de tant d’abnégation – Une approche ultime. Elle me chassa.

chienne capricieuse
Débuté par Jean-Marie Vidal, août 29 2008 10:30
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