
Le grand ballon
#1
Posté 28 mai 2007 - 09:40
Elle pousse la porte. Elle la pousse juste. C’est le geste. Elle pousse la porte comme on ose le premier regard. Emmaillotée dans le désir du destin. Ce destin, qui la désire… alors le geste.
La maison : les murs, les armoires et les coffres, entendent son pas évident. Une main sur le bois, l’autre sur son ventre, elle caresse l’endroit de ses yeux ruisselants. Le mystère est si familier, ici. Et comme elle voudrait, déjà , avoir tout appris, elle sert les poings et sourit.
Ensuite, elle va marcher tout autour. Là où le ruisseau lèche la roche brune. Tout autour. Les mains dans les poches, pantalon retroussé, elle joue à s’ennuyer dans le jardin. Elle s’ennuie dans le jardin et le destin la désire tellement.
___________________________________________________________________________
La maison grandit. Elle y mordra dans des fèves, elle y fleurira les tombes. Elle y promènera des générations. Elle allumera les lumières et les éteindra, dans toutes les pièces. Elle partira. Revenue à chaque fois. Et les murs. Et les armoires. Et les coffres entendront son pas, comme des vieux amants ne se guettent plus mais se rassurent. A chaque fois, ils entendront son pas.
_________________________________________________________________________
Pour tout apprendre, elle a tout dit. Emmaillotée dans le désir du destin, elle a commencé. La première. C’est elle qui a raclé la roche brune avec son sabre épointé, pour inscrire et signer. Elle encore, qui a enfanté les murs, les armoires et les coffres. Tous, elle les a écrits. Le temps s’est distordu. La couleur s’est gonflée de matière sanguine.
___________________________________________________________________________
Dans la maison infinie, elle a appris le geste de dire, au soleil de sa première audace. Et s’en est allée, à l’instant du dernier point.
#2
Invité_Charlie_*
Posté 29 mai 2007 - 11:48
Secundo, arrête de te sous-estimer collègue où je vais te brimer sérieux non mais! mdr!
Ton écriture est ciselée.
Les phrases concises, énergiques font le sentiment du juste ce qu'il faut.
Sans toutes ces fioritures qui souvent polluent.
C'est dans beaucoup de tes textes qu'on retrouve cette idée de maison-matrice.
Ca donne envie de le connaître ce refuge, de goûter à ces moments d'exil et de ressourcement.
Cette phrase "pour tout apprendre, elle a tout dit" est à méditer.
Excuse-moi de ce com' jeté là en quelques secondes hein?!
Allez j'vais fumer une clope!
#3
Posté 29 mai 2007 - 05:56
Déjà on aurait pu me prévenir que tlp avait réouvert! lol!
Secundo, arrête de te sous-estimer collègue où je vais te brimer sérieux non mais! mdr!
Ton écriture est ciselée.
Les phrases concises, énergiques font le sentiment du juste ce qu'il faut.
Sans toutes ces fioritures qui souvent polluent.
C'est dans beaucoup de tes textes qu'on retrouve cette idée de maison-matrice.
Ca donne envie de le connaître ce refuge, de goûter à ces moments d'exil et de ressourcement.
Cette phrase "pour tout apprendre, elle a tout dit" est à méditer.
Excuse-moi de ce com' jeté là en quelques secondes hein?!
Allez j'vais fumer une clope!
T'as pas reçu mon message télépathique ? Heinrich... je suis pourtant certaine de te l'avoir envoyé...
Je lui ai porté beaucoup d'attention, à ce texte. Je sais que quand je travaille, ça le fait mieux que quand je travaille pas. C'est con, hein ? Mais ça reste du bac à sable... Le bac à sable, c'est toute une philosophie, très chère !
Quant à la maison... c'est celle-là même où "elle" joue au poker, les jours de repos. La maison des poètes... dans la colline. La maison muse. Le musée des horizons.
Si le texte te fait méditer, dis... j'en suis ravie. Parce que la phrase que tu cites me semble le pilier du texte et même de l'existence.
Je t'excuse. Arrête un peu de fumer toutes ces clopes.
Jafram.
#4
Posté 29 mai 2007 - 05:59
Chere Felice , je connaissais tes talents en poésie et je découvre a présent tes talents en prose : tu as
vraiment un grand don pour l écriture . Je trouve tes récits vivants , riches en expressions synesthésiques et
porteurs de messages profonds .
Bravo a toi !
Merci Brabantia. Merci pour la synésthésie... je voulais qu'elle soit outil du texte. Je ne saurais dire s'il s'agit de prose ou de poésie. Poésie narrative peut-être. Mais pas prose tout seul.
Enfin voilà . Merci.
Jaguar.
#5
Posté 30 mai 2007 - 07:11
Pour moi, c'est un poème en prose: la richesse des images et des échos sonores nés du "geste de dire" le prouvent.
Je l'aurais souhaité à peine plus condensé et sans les lignes séparatrices. Mais ce n'est que question de détail.
#6
Posté 30 mai 2007 - 08:28
Pas prose tout seul, en effet.
Pour moi, c'est un poème en prose: la richesse des images et des échos sonores nés du "geste de dire" le prouvent.
Je l'aurais souhaité à peine plus condensé et sans les lignes séparatrices. Mais ce n'est que question de détail.
Un chouia plus condensé ??? Voilà mon sentiment Pritos... j'ai condensé tout ce que je pouvais condenser... j'ai nettoyé, brossé, rincé, séché tout ce que je pouvais (si tu voyais la tronche du texte de départ !).
Quant aux lignes séparatrices... tu les enlèverais tout simplement ? Sans rien retoucher ? Juste les enlever, donc... j'ai eu besoin de les mettre, parce que distordre le temps est une vraie galère et qu'il me fallait sans doute des frontières. Mais je vais penser à ta suggestion qui me paraît assez cohérente avec l'esprit du texte.
Jaguar.
#7
Invité_Charlie_*
Posté 30 mai 2007 - 10:45
T'as pas reçu mon message télépathique ? Heinrich... je suis pourtant certaine de te l'avoir envoyé...
Je lui ai porté beaucoup d'attention, à ce texte. Je sais que quand je travaille, ça le fait mieux que quand je travaille pas. C'est con, hein ? Mais ça reste du bac à sable... Le bac à sable, c'est toute une philosophie, très chère !
Quant à la maison... c'est celle-là même où "elle" joue au poker, les jours de repos. La maison des poètes... dans la colline. La maison muse. Le musée des horizons.
Si le texte te fait méditer, dis... j'en suis ravie. Parce que la phrase que tu cites me semble le pilier du texte et même de l'existence.
Je t'excuse. Arrête un peu de fumer toutes ces clopes.
Jafram.
Ben non qu'j'ai rien reçu. Problème d'antenne sûrement. Avec tous ces nuages ça fait interférence que veux-tu! lol!
En effet, ça se sent que le texte est peaufiné. Toujours cette volonté d'épurer les lignes et tu le fais bien!
Comme quoi ça réussit de faire encore mumuse avec une pelle et un rateau! lol!
Charlo (qui n'a fumé qu'une seule clope depuis ce matin! Ben félicite-moi quand même!!!)
#8
Posté 30 mai 2007 - 11:33
bisous.....
#9
Posté 30 mai 2007 - 04:22
il y a...
une intimité, quelque chose de profond qui se met à jour.
Artemisia
#10
Posté 30 mai 2007 - 05:25
féfé, je te lirais ce soir en rentrant, là je suis pressé, je pars au taf.....
bisous.....
D'ac !
#11
Posté 30 mai 2007 - 05:26
très beau texte Féfé. je passe juste en courant d'air déposer un petit mot sur ton texte.
coucou aéré, alors.
#12
Posté 30 mai 2007 - 05:28
quelque chose de profond qui se met à jour.
Certes. Et j'allais dire... encore heureux ! Sans ça, c'est vain !
Merci Jolie Fleur. Je suis attachée à ce texte. C'est rare.
Jaguar.
#13
Posté 30 mai 2007 - 09:35
puis je m'y suis allongé une paille dans la bouche et j'ai regardé le ciel......j'étais bien.......
#14
Posté 30 mai 2007 - 09:55
Tout dire. Apprendre. Et comprendre.
Ta maison est belle. tu l'es aussi.
#15
Posté 30 mai 2007 - 10:12
je me suis promené dans tes mots, comme dans un jardin, j'y ai cueilli du muguet, et des roses pourpres.....
puis je m'y suis allongé une paille dans la bouche et j'ai regardé le ciel......j'étais bien.......
welcome home, poète ! Je n'avais pas vu les roses pourpres derrière la roche brune...
#16
Posté 30 mai 2007 - 10:18
Que j'aime cet inventaire...ô combien poétique.
Tout dire. Apprendre. Et comprendre.
Ta maison est belle. tu l'es aussi.
Si je m'en réfère à Colette, vivre s'apprend. Est-ce à dire que vivre se dit ? Ou que vivre, c'est dire ?
Oui, cette maison est belle, c'est celle de mon enfance. Et je dirai cette maison toute ma vie.
Jaguar.
#17
Posté 31 mai 2007 - 08:09
Si je m'en réfère à Colette, vivre s'apprend. Est-ce à dire que vivre se dit ? Ou que vivre, c'est dire ?
Oui, cette maison est belle, c'est celle de mon enfance. Et je dirai cette maison toute ma vie.
Jaguar.
Oh que oui!
Vivre s'apprend.
Et quand on commence vraiment a avoir tout appris et compris quelque chose, paf...
Enfin c'est une autre histoire.
Ce qui m'a tout de suite frappée, moi, et c'est pour cela que je parlais d'intime et de profond:
ta maison et ses mystères des coffres et des armoires en bois ciré qui luisent dans la pénombre, le mystère obscur des ventres des mères...
Artemisia
#18
Posté 31 mai 2007 - 09:17
des ventres des mères...
Le grand ballon...
#19
Posté 31 mai 2007 - 09:18
Le grand ballon...
Enfin... le grand ballon, c'est beaucoup de choses, surtout pour les alsaciens.
#20
Posté 31 mai 2007 - 10:48

bisous, Wolfram
Artemisia