2 réponses à ce sujet

[Marcheur]

Effondrement

Marcheur résolu du ténébreux abîme,
Niant l’espoir de ces aubes déliquescentes,
Fardeau de viles mémoires sénescentes,
Je me suis baigné de corruption sublime.

La poussière assoiffée de mes chairs liquéfiées
N’a laissé qu’une nef d’os et de peau séchée
Où s’étiolent les cris de mes joies écorchées,
Vestiges d’une âme reniée et crucifiée.

Laminé par un lent flux inexorable,
Mes mannes érodées en morne volonté
S’effondrent dans un abysse ineffable.

Dans la solitude d’un infini béant,
De vagues lueurs, ultimes atomes d’être,
S’effacent dans l’absolu glacé du néant.

[chevalier dupin]

comme tu as froidement raison
d'exposer aux vents glacés
cette funèbre oraison
tu marches sur l'os
comme un dieu sur la fosse
tu es au mortel commerce hâve, varié
et si vantard marchand de peur
mais combien roi au trône des marcheurs !

[Louise Brune]

Ton beau poème, qui peut sembler hermétique au premier abord, mérite une véritable relecture.
Le texte, comme le sujet est profond (d'une profondeur abyssale ), les images sont belles et pertinentes.
Ton magnifique 2ème quatrain m'évoque "Le bœuf écorché" de Rembrandt ou de Soutine.
Et la chute de ce sonnet, effondrement dans le néant glacé et absolu est rare car elle échappe à toute référence religieuse.
Je retrouve avec Effondrement l'esprit de ton magnifique triptyque (Litanie des morts, L'heure de ployer et Après).