Par le train. j'avais un exemplaire de Dracula
De Bram Stoker sur moi et une bouteille
De whishy que ma mère m'avait remise
"Tu vas à l'armée mon fils, prends-là "
Tant de solicitude de la part de ma mère
Il y avait anguille sous roche et puis
Dans cette ville de merde qui s'appelle
Bordeaux (Dieu maudisse cette ville)
Il y avait une rangée de cars
Qui allaient à Hourtin. Qui à vécu libre
Un peu on se demande où il met les pieds
Les nazis avaient des trains à bestiaux
Les français des cars, je me méfiais
Comme une bête de tous leurs systèmes.
J'étais beau et sans tarre (physique)
L'armée je ne pouvais pas y couper
À Blois aux trois jours j'avais dit :
"Marine ou rien" on m'avais donné
La Marine sinon j'aurais déserté

Après qu'on m'eut appris à courir
Et deux trois pas de danse on m'envoya
Sur le Colbert "Fleuron de la France"
Avant oui bien sûr j'oubliais
Le CIN de St Mandrier,
Dans la compagnie on était trois
Genre Hitman le code barre
Derrière le crane.
Le problème de l'armée française est le suivant
Un bon français ne parle que le français
C'est un peu comme ici
Le différent est suspect voire sans honneur
Et mon joli pays, ces côtes vermeilles,
Ses montagnes pointues comme des dents de loup
Ces plaines de Beauce où chantent les suicidés d'ennui
La Dordogne et ses bons vivants
La Bretagne et son vent et ses genêts jaunes
Et ses îles pleines d'oiseaux
Et ses bateaux à flanc à marée basse
Et la Rochelle et ses remparts miteux
Et Narbonne et son petit canal
Et Lille rabattue par les vents d'hiver
Et Hérisson là où est né mon père
Au milieu des vipères
Des chateaux millénaires
A l'Ouest de l'Allier
Je repense à mon grand-père
Aux ânes aux chevaux qu'il ferrait
Ah ma France reste ce que tu es
En moi tu es et tu seras