18 réponses à ce sujet

[claricorne]

J'avais oublié

j'avais oublié
dans le dortoir
muet et désolé
respirations d'enfants
tranquilles

terreur au coeur du sommeil
deux mains énormes
une sur la bouche
l'autre autour du cou
deux mains dures
me traînent
hors de la chaleur du lit
jusqu'aux wc
jusqu'aux wc
carrelage odeurs d'urines
froid j'étouffe

il dit:
tais-toi
tais-toi

faible tissu de ma chemise de nuit
relevé
relevé
bâton de chair dure
qui me force
cris mangés par la main
je mords
dents cassées

que me fait-il
je vais mourir
douleur de feu
éclatement de mon ventre
sang, odeur de sang

que me fait-il
je vais mourir
sanglots étranglés
j'étouffe, je vais mourir
d'un seul coup
froid

salive qui tombe de sa bouche
sur mon torse
halètements
qui secouent le silence
robinet qui coule
son bâton dans sa main
il nettoie son ventre noir
froid
dans ses mains ensemble
il nettoie mon ventre éclaté
il part

je veux me lever
jambes en tissu
combien de temps par terre?
A quatre pattes
je vois le sang
vomissement sans fin
tout mon corps se retourne
à l'envers
vomissement
ma tête blesse

enfin le lit
froid de noir
coeur essoufflé
roulée en boule
je ne dormirai plus jamais
mes yeux ne voient que le noir

Claire, 7 ans


Je vous livre ce texte en un acte d'exorcisme.
Afin d'apaiser pour toujours
la petite Claire qui hurle,
depuis que je me souviens...

[J.G. Mads]

C'est la plus belle explosion inédite d'horreur depuis Nagasaki, ton poème est une splendeur orange nucléaire de A à Z.

Révérence,

Pav.

[Paname]

je souhaite que ta parole adulte,
dure à faire atrocement mal,
aidera à te faire enfin oublier
sinon la blessure infâme
du moins sa lancinante douleur

je souligne ton courage à l'avoir dite ici
et si fort
grosses bises, Claire

[Comtoise]

Bise à toi Clari

[passagère du silence]

Il y a les mots pour le dire.
Toujours.

Amitiés,

La passagère

[chevalier dupin]

Chère Claire
puisse-tu vraiment oublier
ce que moi je ne suis pas près de faire
car ton poème longtemps va me hanter.
Il n'y a de mots simples pour traduire
ce que je voudrais t'apporter ou te dire
alors simplement d'écrire je vais cesser
Mais par la douce force de ma pensée
toute mon amitié je vais concentrer
pour qu'imagination par son intensité
fasse un paravent au souvenir mauvais
et lui cache ton courage et ta beauté
qu'avec ta poésie, je suis si fier d'avoir croisés.

[vang]

Bonjour Claire
Très dur à écrire, très dur à lire, très dur à entendre.
Tu es forte d'avoir réussi à exprimer ça avec retenue.
Je t'embrasse. VanG.

[claricorne]

Merci à tous de votre halte pleine de compréhension.
Merci à celles et ceux qui ont lu et ont choisi le silence.

[bibi]

quel étouffant silence !

je crie
et j'écris
contre la douleur

mes soutiens

bibi 2008

[stellerlouis]

regard amicale , silence respectueux ...

[yas424]

mon amitié, ton courage est si fort!

[elfariss]

Merci à tous de votre halte pleine de compréhension.
Merci à celles et ceux qui ont lu et ont choisi le silence.

Il te faut encore quelques mots dans le bruit du silence , ton silence pour enfin crever l'abcès et tuer la bête qui a sévi à droite et à gauche ils sont combien ainsi à souffir en silence de blessures sans pareilles mal soignées...

Ayant déjà lu ton poème j'avais eu envie de réagir puis me suis ravisé ne trouvant pas le terrain favorable qui me permettrait de t'aider à mieux comprendre cette étape de ta vie , je vais donc faire autrement puisque j'ai de toi quelques réactions à mes sujets...

Conçernant ton poème je vais essayer de le decrypter par ton avatar l'image que tu as choisie pour te representer d'une manière abstraite, alors regarde le tableau que tu t'es choisie...

C'est une belle toile grise de fond avec un sujet en son centre avec trois couleur nuancées, le noir sur la droite le rouge orangé au centre et le blanc sur la gauche...

Pour je ne sais quelle raison je decrypte ton poème içi présent en cette toile comme quelque chose qui ne t'a jamais quittée et que tu n'as cessé de dire de denoncer...

Regarde le gris de fond de la toile serait pour ainsi dire cette agression que tu as vécue que tu sais en ta chair et qui te travesti les couleurs de la vie, tu vois chaque chose par rapport à ce qui t'est arrivé dans ton innocence dans ta faiblesse et c'est gris c'est triste tu restes choquée...

On voit tres bien le monstre c'est lui qui est en noir sur la toile bien dénoncé regarde il a l'air d'un spectre d'un fantôme qui vient te prendre comme la mort il tue quelque chose en toi , même si ce n'est pas toi qui a fait ce dessin tu l'as choisi inconsciemment où consciemment regarde on vois ces deux grandes mains son visage au centre et son habit de noirceur, toi tu es de l'autre côté de la couleur rouge orangée tu est dans la blancheur de pureté un peu éffaçée, tu essaies de dire que tu n'as pas pris part à la chose que c'est elle qui t'a prise te laissant en sang et c'est là que la couleur du milieu prend toute son importance car c'est ce qu'il y a eu entre toi et lui,un crime de sang...

Le viol a bien eu lieu et ce qui fait mal beaucoup plus mal que l'acte brutal et forcé en lui même c'est cette pression morale qui cachée enfouie une vie durant refait surface pour dire j'avais oublié, bien sur qu'elle n'avait pas oublié mais souhaite du plus profond de son coeur oublier remonter le temps echapper au destin à son tortionnaire, pour enfin vivre libre apaisée de ce poids...

Bien sûr que c'est possible...

Ben ...

[elfariss]

J'ai beaucoup aimé cette façon de t'adresser à Clari (pardon si je prends un peu de place), c'est apaisant de ne pas mettre des mots abruptes sur un événement sordide et assassin. Une vie entière ne suffit pas... et seuls(es) nous poursuivons la route.
Très sensible, ta démonstration

Voilà une autre réponse à propos en poésie bien sûr...


Je sais assez , mon coeur , leger , et encore libre ...



Où sont passés , nos jeux d'enfants , en equilibre

Où est passée , notre jeunesse , prise en otage

Nos mèches folles , sur les fronts , ébouriffées

Nos joues si roses , que soulignaient , nos grands sourires .



En turbulences , les turbulents , pouffent de rire

Et se la jouent , acteurs dans , les contes de fées

C'est naturel , ca vient tout seul , sans dératages

En grosses pointures , les gosses , ont tous , un gros calibre .



Je me souviens , de mon enfance , comme , j'etais libre

J'etais , Fanfan , j'etais , le prince , sans partage

Guerres des boutons , guerre des clans , surprises , truffées

Mon territoire imaginaire , là , à t'offrir .



Peuplé d'amour , quand , l'innocence , prête à souffrir

Les milles épreuves , charmant trésor , thé et café ,

Ton sel qui poivre , route de soie , montre , les étages

Je ne joue plus , adultes , vos grands , déséquilibres .



Je sais assez , mon coeur , leger , et encore libre

D'aimer en Dieu , tous , mes semblables , sans , ratages

Je suis bien là , à t'ecouter , dans , tes effets .

Tu es , Cosette , chez Jean Valjean , sans coup férir ...


Benhenni dans jeux jouets joutes juteuses ...

[aziza rahmouni]

que dire...
les mots suffoquent
et se bloquent...

[elfariss]

que dire...
les mots suffoquent
et se bloquent...

Le tabou est si fort que jamais en on parle et quand parfois c'est fait les mots chiches et avares n'arrivent même pas à soigner les blessures ni à changer au fond ceux qui y prennent plaisir c'est au delà des mots qu'il faut chercher remède et saine thérapie...

Le dire haut et fort ne suffit pas vraiment à denoncer l'horreur et tout l'anonymat qui entoure ces violences surtout ce qui au fond n'en indique pas l'auteur qui ainsi à l'abri continue de sévir...

[elfariss]

[quote name='Oghamm' date='Oct 3 2008, 07:12 PM' post='106052']
[quote name='elfariss' date='Oct 3 2008, 12:45 AM' post='105832']
Le tabou est si fort que jamais en on parle et quand parfois c'est fait les mots chiches et avares n'arrivent même pas à soigner les blessures ni à changer au fond ceux qui y prennent plaisir c'est au delà des mots qu'il faut chercher remède et saine thérapie...

Le dire haut et fort ne suffit pas vraiment à denoncer l'horreur et tout l'anonymat qui entoure ces violences surtout ce qui au fond n'en indique pas l'auteur qui ainsi à l'abri continue de sévir...


et quand le principal interessé brise le tabou, même s'il ne se sent pas délivré de ces faits, c'est sa parole qui se libère. Le dire haut et fort ne suffit pas bien sur, mais un pas devant l'autre, permet de continuer, même si pas loin, le cauchemar vit toujours. Comme toute innocence, elle seule peut dire avec ses mots, et personne ne violera jamais l'innocence, la pureté. Comme dans toute misère seuls ceux qui l'ont vécu peuvent comprendre, il y a comme irrespect à intervenir , mais parfois cela fait tant de bien...
PS / Rien contre toi, tes mots ont entraîné mes mots...

Ne plus penser à la victime en s'identifiant à elle mais penser plutôt au méchant qui court encore était un petit peu la direction vers laquelle je voulais orienter les débats pour susciter quelques réactions responsables...

Mais enfin chacun de nous voit le monde à travers sa compréhension propre ...

Puissent les justes echapper aux injustes...