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Le sacrifice de Pétion-ville


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10 réponses à ce sujet

#1 Gastair

Gastair

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Posté 06 mars 2007 - 12:58

Un matin à Haïti, un des pays les plus pauvres du monde, dans la capitale Port au Prince dont un quartier sur les hauts se nomme Pétion-ville et ou se tient un marché, j'ai découvert à un mètre de moi, une fillette, au sol dont le visage semblait me fixer et, qui avait été sacrifiée selon des rites Vaudou pour apporter une soit disant prospérité ou bien un malheur.

Sa position de sacrifiée faisait que nul ne semblait lui prêter attention et les mamans afférées à faire leurs courses l'enjambaient sans la voir.

Militaire, je faisais une patrouille, me frayant dans la foule un difficile chemin comme pouvaient le faire les acteurs du film "les oiseaux" d'Hitchcock parmi les volatiles.

La déplacer aurait été un grand sacrilège. Elle m'a marqué pour toujours, je lui dédie ce poème.



Le sacrifice de Pétion-ville



Port au Prince un matin sur le marché aux fruits,

Ton corps de chérubin j'ai retrouvé blotti.

Les chalands afférés à faire baisser les prix

Semblaient trop occupés pour prêter attention

A toi qui pour jamais perturba ma raison.



Petit être figé dans ta gangue de boue,

Fillette sacrifiée par les prêtres Vaudou,

Puisses-tu à ton tour, jeter à ces gourous,

Des sorts qui chaque jours leurs feront regretter,

D'avoir sans dieu recours choisi ta destinée.



A l'instant où mes doigts ont baissé tes paupières,

Mes yeux remplis d'émois en grand se sont ouverts.

Dans la brousse à présent les brumes de poussières,

Levées par l'harmattan me présentent le soir,

Ta silhouette d'enfant ondulant dans le noir.



En sillonnant la terre, au détour d'un chemin,

Souvent je suis amer en croisant des gamins,

A qui tu ressemblais, je sais mes pleurs vains,

Jamais je ne verrais sur ton joli minois,

Ces rires ensoleillés par tes yeux pleins de joie.



N'oubli pas mon enfant qu'au sol je t'ai laissée

Sans linceul décent, sans tombe, abandonnée.

Si j'avais pu courir je me serais sauvé.

Ne crains pas de me nuire en entrant dans mes songes

Je ne veux plus te fuir car le remord me ronge.



Oh Dieu aide tes frères, la souffrance est bien là,

Exauce les prières de ceux qui n'en font pas.

Dans la pureté de l'âme de ceux que tu créas,

Tu gouteras les larmes et entendras les pleurs.

Descends vivre le drame de tes anges qui meurent.



Ecoute bien le cri d'une mère sans enfant;

Si à ton tour tu pries, pense à cette maman,

Serrant sa propre chair dont le sang se répand.

Tu es l'aride terre qui s'empresse de boire

Ce plasma de misère plutôt que de le voir.



La faucheuse à ma porte un matin frappera,

Mon âme sera forte, car je sais, ce jour là,

Qu'une enfant Haïtienne par le bras me prendra,

Et ma main dans la sienne sans peur je partirai

Pour partager sa peine durant l'éternité.



Finis les cris de joie et les rires enfantins

Tu pleureras en moi jusqu'au dernier matin.

Fabrice Duvaut

#2 bibi

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Posté 06 mars 2007 - 02:10

Monsieur Fabrice Duvaut, j'ai lu avec grande peine et tristesse ton tres beau poeme.
Je te dis Merci pour tes bienfaits envers mon pays qui meurt.

bibi ( un Haitien )

AUX SOUVENIRS DES TEMPLES

Le mal en pimpant
Passe comme à l'ordinaire
Tout nu
Tout cru
Dru
Embrasser au dépourvu le réel.

Mais le réel est un passage forcé dans l'espace
Que serpentent en dehors du temps les zombies.
Écoute ces murmures informels d'un rien pour rien.
L'existence est pendue comme un long crochet
Au battant gauche de la porte du ciel déménagé
Toutes les âmes s'évaporent dans la brume.
Même pas un soupir aux angoisses de l'étoile
Même pas une larme aux yeux de la source
L'océan étouffe la plainte de la rivière
Et le temps a à la bouche entrouverte
Ce goût amer de l'aveu de l'instant présent
Quant à cette heure même émane l'arôme des guerres
Tel le parfum matinal d'un café noir d'encre de chine
Répandu au sol pour tous les saints morts d'amertume
Un mauvais jour de deuil aux entrailles du purgatoire.
La déchirure et la blessure sont dans l'écume dénudée
Deux fenêtres ouvertes comme les bras du paradis
Acceuillant l'absurde et l'insensé aux enfers crépitants.
Et l'enfant non-violent du sein de la Madone en larme
S'exile au douloureux silence du retour tant attendu.
Il est là bien vivant pour remplir d'absence éternelle
tous les souvenirs des temples à jamais désertés.

Et se renouvelle la douleur
Quant le mal en pimpant
Passe comme à l'ordinaire
Tout nu
Tout cru
Dru
Défaire le maquillage du bonheur.

bibi 2007

#3 Gastair

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Posté 06 mars 2007 - 02:38

Merci;
Avec plaisir.
Rien n'est plus proche de la mort que la naissance. Je souhaite que ce soit le cas pour ton superbe pays que j'ai aimé.
Fabrice.

#4 iahhel

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Posté 06 mars 2007 - 10:57

superbe texte...
je trouve les fait relatés poignants....
et certaines images fortes.

merci de cette lecture...

iahhel

#5 Gastair

Gastair

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Posté 07 mars 2007 - 10:51

Merci Iahhel;
Si il vous touche un peu, le transfert de peine doit opérer. Prenez un peu de la mienne, vous me rendrez service. Malheureusement, la peine se partage je crois sans jamais se soustraire. Elle se divise comme une cellule et peut au plus se retrouver deux fois à l'identique sans jamais baisser d'intensité chez celui qui l'a partagé. Prenez donc mais pas trop...la vie est belle.
Fabrice

#6 hurlantenova

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Posté 16 mars 2007 - 06:53

Plus que jamais nous bambochons xx Quand arrivent sur nos tanières Crouler les jaunes cabochons Dans des aubes particulières !

#7 hurlantenova

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Posté 16 mars 2007 - 06:59

ricanait le fonctionnaire en se frottant les mains.

#8 laireveuse

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Posté 10 mai 2008 - 12:06

Un matin à Haïti, un des pays les plus pauvres du monde, dans la capitale Port au Prince dont un quartier sur les hauts se nomme Pétion-ville et ou se tient un marché, j'ai découvert à un mètre de moi, une fillette, au sol dont le visage semblait me fixer et, qui avait été sacrifiée selon des rites Vaudou pour apporter une soit disant prospérité ou bien un malheur.

Sa position de sacrifiée faisait que nul ne semblait lui prêter attention et les mamans afférées à faire leurs courses l'enjambaient sans la voir.

Militaire, je faisais une patrouille, me frayant dans la foule un difficile chemin comme pouvaient le faire les acteurs du film "les oiseaux" d'Hitchcock parmi les volatiles.

La déplacer aurait été un grand sacrilège. Elle m'a marqué pour toujours, je lui dédie ce poème.



Le sacrifice de Pétion-ville



Port au Prince un matin sur le marché aux fruits,

Ton corps de chérubin j'ai retrouvé blotti.

Les chalands afférés à faire baisser les prix

Semblaient trop occupés pour prêter attention

A toi qui pour jamais perturba ma raison.



Petit être figé dans ta gangue de boue,

Fillette sacrifiée par les prêtres Vaudou,

Puisses-tu à ton tour, jeter à ces gourous,

Des sorts qui chaque jours leurs feront regretter,

D'avoir sans dieu recours choisi ta destinée.



A l'instant où mes doigts ont baissé tes paupières,

Mes yeux remplis d'émois en grand se sont ouverts.

Dans la brousse à présent les brumes de poussières,

Levées par l'harmattan me présentent le soir,

Ta silhouette d'enfant ondulant dans le noir.



En sillonnant la terre, au détour d'un chemin,

Souvent je suis amer en croisant des gamins,

A qui tu ressemblais, je sais mes pleurs vains,

Jamais je ne verrais sur ton joli minois,

Ces rires ensoleillés par tes yeux pleins de joie.



N'oubli pas mon enfant qu'au sol je t'ai laissée

Sans linceul décent, sans tombe, abandonnée.

Si j'avais pu courir je me serais sauvé.

Ne crains pas de me nuire en entrant dans mes songes

Je ne veux plus te fuir car le remord me ronge.



Oh Dieu aide tes frères, la souffrance est bien là,

Exauce les prières de ceux qui n'en font pas.

Dans la pureté de l'âme de ceux que tu créas,

Tu gouteras les larmes et entendras les pleurs.

Descends vivre le drame de tes anges qui meurent.



Ecoute bien le cri d'une mère sans enfant;

Si à ton tour tu pries, pense à cette maman,

Serrant sa propre chair dont le sang se répand.

Tu es l'aride terre qui s'empresse de boire

Ce plasma de misère plutôt que de le voir.



La faucheuse à ma porte un matin frappera,

Mon âme sera forte, car je sais, ce jour là,

Qu'une enfant Haïtienne par le bras me prendra,

Et ma main dans la sienne sans peur je partirai

Pour partager sa peine durant l'éternité.



Finis les cris de joie et les rires enfantins

Tu pleureras en moi jusqu'au dernier matin.

Fabrice Duvaut

Merci Fabrice de cette histoire bouleversante, et abominable, pour moi qui suis athée, c'est la meilleure preuve que dieu n'existe pas et comme disait Stendhal :"la meilleure excuse de dieu, c'est qu'il n'existe pas" amicalement. laireveuse

#9 Gastair

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Posté 10 mai 2008 - 01:09

Merci Fabrice de cette histoire bouleversante, et abominable, pour moi qui suis athée, c'est la meilleure preuve que dieu n'existe pas et comme disait Stendhal :"la meilleure excuse de dieu, c'est qu'il n'existe pas" amicalement. laireveuse



Merci

Dieu ne joue pas aux dés (Einstein). Les événements les plus graves sont les catalyseurs du bien.
Sinon pourquoi ne pensons-nous aux pauvres que quand leur malheur devient aveuglant?
Sans malheur pas de bien.
L'humain est ainsi, Dieu est le bouc émissaire de notre myopie, Il est notre indignation devant la misère.

Lui rejeter la faute c'est déjà croire en lui.

Fabrice

#10 laireveuse

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Posté 10 mai 2008 - 02:17

Merci

Dieu ne joue pas aux dés (Einstein). Les événements les plus graves sont les catalyseurs du bien.
Sinon pourquoi ne pensons-nous aux pauvres que quand leur malheur devient aveuglant?
Sans malheur pas de bien.
L'humain est ainsi, Dieu est le bouc émissaire de notre myopie, Il est notre indignation devant la misère.

Lui rejeter la faute c'est déjà croire en lui.

Fabrice

Peut être as tu raison et les hommes ont besoin de dieu, mais je ne crois ni au bien ni au mal.. merci de m'avoir répondu amicalement.. alireveuse

#11 Gastair

Gastair

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Posté 10 mai 2008 - 06:08

Peut être as tu raison et les hommes ont besoin de dieu, mais je ne crois ni au bien ni au mal.. merci de m'avoir répondu amicalement.. alireveuse


Avec plaisir................ je me suis fait ici pour Dieu l'avocat du diable...........
Dieu est un placebo et, un placebo ne marche que pour celui qui y croit.
Donc, croire en une entité qui n'existe pas c'est la rendre réelle.
Donc Dieu existe.... sourire

A l'inverse, ne pas croire peut effacer les choses les plus concrètes, c'est l'anti placebo..
Vous avez ainsi, au moins pour vous, trouvé la solution pour effacer le mal... ne pas y croire...

Mais attention, si vous ne croyez pas au bien... vous risquez de le faire disparaitre lui aussi.........

A force de croiser le mal, je m'en étais préservé, je ne le voyais plus...mais ce jour en Haiti il a plongé son regard dans le mien, je n'ai pas pu l'ignorer....... je crois en lui maintenant.


Merci à vous.
Fabrice