Je ne respire que par les mots.
Les mots qui comme des drogues se propagent en moi.
Qui font de moi un livre décrié mais une œuvre de choix.
Une vérité ne s'y trouve pas mais qu'importe quand on a plus d'un visage,
Quand l'halluciné est l'écrivain de vos pages.
A l'abordage de ma déraison, ma première réaction est souvent violente, souvent crue.
Alors, quand sur le côté penché de ma couche, mon flanc droit s'électrise de la présence du fantôme d'une amante...
(Povoite ....
Je me souviens de la nuit où j'ai connu Lilith, je me souviens de son cul. J'avais l'impression de faire l'amour avec la nuit.
Je suis assis au bord du lit. J'entends sa voix de louve. Il y a une odeur extraordinaire d'oeuf pourri. J'aimerais me jeter dans le vide, mais je ne veux pas me mettre à pleuvoir sans prévenir non plus. J'entends la voix de Lilith, dehors, moins forte que celle de son père, plus jolie, très musicale. Son père, mais qu'est-ce qu'il fout là celui-là ? J'ai un goût de sang sur la langue, ça pique... Assez frissonné. Il fait moins froid déjà . Dans la chambre, le parfum d'oeuf pourri s'amplifie ; il devient âcre, noir, lacrymogène. Les branches du cyprès fouettent les vitres. Lilith jouit. Un long cri. Soudain, plus une seule voix dans le jardin. Il ne reste rien, plus que moi sous les étoiles sans doute.
....Povoite)
Le goût de la trahison olfactive chassée, d'autres sensations m'assaillent, mes veines charrient d'autres alluvions, moins puissantes, plus angoissantes. Sans savoir où je ne suis plus, j'ouvre en moi un portail qui grince. Mon cœur grimace à l'insinuation d'une nouvelle substance……
(Paname...
L'approche de l'aube voit renaître l'enfer, et l'enfer, c'est le doute.
La place est encore chaude, pourtant. Elle a bien vécu là . Elle ne peut être loin.
Et les plis de la couche en sont de beaux témoins. Témoin de ces témoins et par eux assisté, il y a là c'est sûr et en toute innocence présomption de jouissance. Où a-t-elle pu passer ?
Après tout le baroque éclat de notre musique de chambre, aurais-je en mon sommeil innocent émis le trop violent contraste d'un son de trop médiocre fréquence ou de trop vile extraction ?
Aurais-je commis l'affront d'un geste trop bassement placé ou trop hautement déplacé ? Aurais-je blessé le goût, affolé l'ouïe, offensé l'odorat, effarouché le toucher, insulté la vue ? Le tout à mon insu ?
J'en doute…Mais je doute…Et le doute au réveil, c'est l'enfer !
...Paname)
La lumière est revenue, le réel pas encore. D'autres pensées m'absorbent plus étranges, parfois psychédéliques. Mon âme se déchire. Pour la retrouver entière mon esprit se fait kaléidoscope….
(Eadenil...
A présent, c'est un jour de pluie, un de ces jours où la mélancolie ruisselle sur la nature. Un jour où la profondeur des souvenirs dégouline au fond d'un puits de regrets, scintille sur le reflet d'une pièce jetée par la main de l'espoir. Mais bientôt le soleil lève un vœu pour qu'aussitôt, il se réalise, un battement d'ailes guettant le signal doré l'exaucera. La rencontre d'un presque animal aux caprices fabuleux, révèle gracieuse la silhouette de l'éphémère, aux limites charnelles d'un dessein qui tente fébrilement de s'esquisser.
Déjà à la porte d'ébène du temps, frappe l'or d'une merveilleuse destinée...
...Eadenil)
Les fluides sanguinaires et littéraires taraudant mes artères me font poursuivre ma découverte insolite, l'aorte en feu…
Mandée par les notes déchiquetées de la chanson d'un vermisseau alangui sous les feuilles de sa détresse, l'indéfinissable doucement se presse. L'espérance bruissante sous l'effort d'une incarnation fébrile, brûle l'air de ses traces, marque chaudement ses vaporeux repères. Avec eux, viennent lumineuses, les courbes du galbe excentrique de l'amour.
D'abord une palpitante paupière étire les cils de l'indolence. Les arrime à l'épaisseur de l'attente, puis ouvre la magie de son œil. Autour, le substrat du sentiment exacerbé bâtit les contours d'une oreille qui vibre d'érotisme dans son pavillon, qui agite son lobe comme l'ailette d'une nymphe émue.
Le refrain du questeur de l'envie fait alors de ses croches, les rets du désir et sans l'ombre des questions inutiles, un autre globe et un autre tympan percent en miroir, la vacuité de la solitude. Alors, l'incertain qui n'est plus permis dessine l'élégance médiane d'une viole, dont les ouïes sont des lèvres, dont le bois est femme...
Subitement les images hoquètent, chancellent, se heurtent sous ma voûte, telles les futures épaves de mes bateaux ivres.
Le chaos s'engouffre derrière mon front crache plus brutalement ses impressions…
(Claricorne...
Espace empli de sublimation, arc vibrionnant de la lumière enfantée par son rire…
Vermisseau tournoie et va mourir sans un bruit, enfoui dans la pulpe du regard ailé.
Tout se replie autour d'une note flûtée, farineuse. La terre se suspend au ciel. Une aurore diaprée expulse en expirant l'essence d'un jour titubant. Les élytres ondulent en feulant suavement. Harmoniques ténues. Graves adoucis. Les insectes sursautent aux becs des oiseaux taciturnes. Vibration rauque de l'air. Elle s'entrouvre enfin révélant un être/plectre.
...Claricorne)
Maintenant c'est le bruit du cauchemar qui projette toute sa force émotive, j'essaye de retenir ce qui se dessine dans ma tête mais ne suis-je pas déjà allé trop loin : un être / plectre ?
Moi, l'inventeur débile avec lequel la folie compose vais-je pouvoir effilocher le tissu de mes songes vers sa limite absolue ou dois-je me recroqueviller comme un fœtus syllabique dans le ventre du vocabulaire ?
Sans prévenir, mille sonorités font exploser mon crâne, mon insane intégrité se réfugie dans l'œil du cyclone et sous l'effet d'un épuisant recul j'expectore une scène de mon cinéma emprunté au sordide.
(Eadenil...
Me voici désormais spectre ! Je ressens la hantise des âmes égarées, l'esprit frappeur qui martèle les coeurs en proie à une corrosive obsession, la flagrance d'une évidence à l'inversion d'un sablier, pour rattraper le temps perdu et revivre chaque instant, chaque souffle, chaque insignifiance dans leurs moindres particules élémentaires à l'alchimie de deux corps, saisir une éternité de bonheur à l'écoulement infime de la matière...
...Eadenil)
Puis, le lexique du mal qui m'habite se ressource au vide de ma purge.
(Stellerlouis...
Mes nerfs véhiculent de nouveau l'incroyable et revient avec lui la définition de l'inconcevable, d'une fantastique créature, à demie médiator hurlant son mystère pourvu de phalanges d'opale, et dont la pulpe irisée frôle en virtuose la cascade euphonique des photons arcs-en-ciel. Une sonate de gouttes, de pollens vaporisés, répand ses hypnoses sur la naissance des amours, et le ver couvert d'ambre. Tout sombre et se rétracte dans la langueur du sommeil. Nous étions si proches de la matérialisation du rêve. Malheureusement au suicide d'un sonnant sortilège je viens de succomber…
...Stellerlouis)
Brutalement ma conscience éveille un corps en moi et un autre à mes côtés.
Deux bouches distordent leurs platitudes et leurs banalités. Mes oreilles souffrent le martyr.
La marée de mon sang exorbite mon regard, torture mes tempes…
Deux silhouettes se lèvent, traînent leurs chairs dans les haillons communs de la mortalité et s'avancent pathétiques au bord d'un fleuve de sirop. Ensuite y crachent-elles vertement leur absence d'ambition dans le cours inutile où les phrases sont des poissons morts empoisonnés par le sucre.
(Nuage...
« Mais non voyons !
Rien de tout cela n'est vrai. Je ne peux imaginer une seule seconde que cela se passe ainsi. Pas aujourd'hui ! Non ! Arrêtez tous ces grands discours. Je vous en prie...
Vous voulez me faire peur... C'est ça ?
Mais moi je sais qu'il fait beau. Le soleil est là , tout près, il va surgir derrière cette rangée d'immeubles dressés comme des cathédrales... Il va nous réchauffer, lentement, délicieusement. Et nous serons bien, serrés l'un contre l'autre comme deux papillons.
Nous n'y penserons plus et tout recommencera. Comme avant...vous savez ?
Prenez-moi la main, oui...Comme cela...Et marchons joyeusement. Nos pas virevoltent, légers sur les pavés usés par la pluie et le temps. Parce que nous sommes heureux.
Oui heureux !
Mais je sais que vous avez voulu me quitter. Cela n'a pas d'importance. Vous êtes là ....Vite prenez-moi dans vos bras et embrassez-moi, sous ce porche...
Ne pensons plus à rien. La nuit approche et elle nous appartient.
Venez maintenant !
Venez je vous en supplie ! »
...Nuage)
Non ! Plus tard, vous m'attendrez, je le devine à vos oracles, à l'Olympie de vos prunelles !
Un rendez-vous plus pressant, celui de l'abomination grandissante est déjà là et le devoir m'y appelle. Celui d'un univers, trop tangible, où sans pitié, vont craquer les articulations de mes neurones au rythme d'un manque qui temporairement va occulter toute passion.
Alors, mes facultés, trop longtemps se privent d'éther paranormal et s'anéantissent dans les reliefs, dans les volumes indécents du concret. Connecté aux sens de mon humaine machine, je ne suis plus que vermine larmoyante anéantie par ma dépendance à l'amour. Harnaché à l'appareil de la misère de mon quotidien, littéralement je me sauve, et mû par la routine, je circule vers l'horreur qui enfume mon cerveau.
(Ouvert...
Les jours sans vie !
Les nuits sans vous !
Les longues minutes vomies au volant de ma voiture !
La vicieuse vomissure du temps qui se détend !
L'hideux insecte des secondes qui volètent sans cesse !
Oh! Taon suspend ton vol !
Sans cesse ton essence putréfie mon nez du dard de tes relents,
Du sang de tes retards...
Oh temps, sens : ton vol pue !
Tu vis et tu te vantes d'être l'affreux démon des villes,
D'être la plus vile des immondices vivantes !
Tu es le doute.
Et,
Quand le moi doute,
Darde dans son orbe d'or quelques questions pointilleuses
Je déborde alors de points d'interrogations
De doutes jaunes et brillants
Qui m'irradient quand j'ouvre les yeux
Oui !
Vous savez maintenant...
Le doute d'or quand je me réveille !
...Ouvert)
Une tranche de vie s'est abattue sur la table du seigneur des heures. L'espoir de rejoindre démones et démons ressuscite mon désir et le péché se tresse en une natte où je m'abandonne encore. Près de moi l'ectoplasme de mon astre redevient compagne de ma noirceur et j'aspire à mes alambics une dose secrétant l'éternité. Y aura-t-il un demain ? Je n'en veux plus !
Sans être juge, un matin serviteur zélé d'une plate domesticité contemple pourtant les dégâts…
(Au fil des mots...
Le calme est revenu sur le lit défait par les orgiaques fauteurs de troubles, dépouilles lascives affaissées sur la couette, bouches ouvertes ! Ah ! Sensuel ronflement ! Musique radieuse de la paresse post langoureuse, les langues fatiguées gisantes suintant de salive épaisse. Ah ! Qu'elle est belle la mille et unième nuit, les corps avachis sur les draps froissés, une fois l'érotisme terminé, l'ésotérisme devrait y succéder, transformant à l'aide d'un sort , les visages déconfits, comme endoloris par l'effort. Ne dit-on pas que l'amour est aveugle, et moi je beugle: surtout après l'effort !! Masses amorphes : tableau stimulant l'envie de dormir ou de s'enfuir les jambes à son cou après un bon coup.
Pire ! Le moment du réveil: au loin charmes et merveilles: les plis sur les visages, la nuit a fait ravage. Les regards sont blafards, les démarches nonchalantes …..
Puis, vient l'instant de la renaissance, les corps reviennent à la décence sous le cliquetis de la douche …. Laissant planer l'espoir d'un éventuel nouvel échange amoureux. N'est-ce pas cela que l'on appelle le cycle de la vie ?
...Au fil des mots)
Mais si tel est bien ainsi, moi l'inénarrable pétri des artifices condamnables de l'existence, moi le poète par excellence, je ne peux m'empêcher de trouver l'ensemble si prosaïque !
(Apocope...
Les nuits sont faites pour s'ouvrir et se fermer sur la chaleur des corps, des étreintes mortelles qui assassinent les soupirs en rêves.
le matin est un moment si poignant entre la nuit des désirs et le jour des contraintes.
J'ai bâti ma vie sur l'illusion, j'ai bâti mes rêves, j'ai bâti tant que j'ai pu et l'illusion s'est parfois transformée en rêve qui valait la peine d'être vécu.
Si l'on pouvait mourir avec élégance, sur le dernier chemin en dandy, emporter les fragrances, doux souvenirs de vie, la mort n'aurait d'importance ni pour mon âme, ni pour ma mie. On franchirait le pas avec l'aisance qu'on a mis à se mettre "envie".
Quand l'amour épouse la sagesse et divorce de la passion ne reste qu'un pourtour
de dentelle, de tendresse.
Mais qui peut dire le nouveau, le demain pas encore né?
Le fard est mensonge, la ride vérité, mentir sur son âge c'est ne pas s'accepter, mentir sur son visage c'est se masquer. Le monde crève de manquer de Don Quichotte, de vieillards fous. L'automne se nimbe de sagesse triste à pleurer et l'hiver d'invisibilité.
Quand viendra le jour dernier, je ne veux plus être qu'une braise. Je pourrai m'éteindre satisfait d'avoir osé tout brûler !
...Apocope)
Modifié par chevalier dupin, 22 septembre 2008 - 05:49 .