Es-tu, m'a-t-elle dit, celui-là ?
Je n'ai su que répondre.
Le métro roulait en aérien dans son vacarme de roues.
J'ai regardé les tâches sur la vitre.
Elles faisaient un archipel sur la psychédélie du paysage.
Des gris se mélaient à des couleurs de boue, le ciel au ras du sol.
Des odeurs coulaient.
Des couleurs corrodaient.
Tatam, tatam.
Nous filions au milieu des tribus.
J'aurais aimé être Céline mais mon voyage n'avait rien de nocturne.
Eclipse d'humanité, le monde était dans le noir.
Je repensais à Bilal, les hôtels n'étaient pas des bunkers.
Ils n'étaient même plus des hôtels.
Es-tu celui-là ?
Je lui serrais la main.
J'aurais voulu être un enfant pour pleurer.
Je serrai les dents.
Station Opéra.
Je plongeai dans le flux puisque la marée éloigne.
Chloé tenait une fleur sur sa poitrine, une grosse larme dans la gorge.
Les hibiscus embaumaient ses cheveux.
Les couloirs du métro sentaient l'urine.
Sais-tu, toi, ce que c'est que la rage ?
Sais-tu, toi, ce que c'est d'être lâche ?
En haut des marches, le soleil éclaboussait la rue.
Un boulanger fumait une cigarette, les mains pleines de farine.
Il regardait la fleuriste, sa voisine. Elle était belle.
Il avait l'air de songer. Il fumait sa cigarette par petites bouffées.
Je dansais, lui disait-elle.
Vous dansiez ? Vous étiez belle.
J'aurais voulu être ailleurs.
Es-tu celui-là ?
Non, j'aurais voulu être ailleurs.
Je marche.
Je m'éloigne.
J'oublie.
Rien.

Puisqu'il faut marcher
Débuté par INFONTE, juin 08 2007 09:35
5 réponses à ce sujet
#1
Posté 08 juin 2007 - 09:35
#2
Posté 08 juin 2007 - 09:54
superbe......j'aurais aimé l'écrire......
#3
Posté 08 juin 2007 - 09:57
Ailleurs sur le site, zqfd :
L'oeil des gens qui passent dans l'allée semble aussi plat que leur démarche désespérée.
Peut-être parce que je n'ai pas souvent à le prendre, j'ai toujours dans le métro les yeux grand-ouverts sur le regard des autres.
J'y vois ça, souvent.
Tout le relief du plat. Riche.
La proximité du lâche, dans l'apostrophe du milieu.
Un mot qui donne à (se) réfléchir. Sûr.
Et j'aime toujours cette idée de correspondance
Bien vu,
et l'écriture
très,
comme souvent
'lut
L'oeil des gens qui passent dans l'allée semble aussi plat que leur démarche désespérée.
Peut-être parce que je n'ai pas souvent à le prendre, j'ai toujours dans le métro les yeux grand-ouverts sur le regard des autres.
J'y vois ça, souvent.
Tout le relief du plat. Riche.
La proximité du lâche, dans l'apostrophe du milieu.
Un mot qui donne à (se) réfléchir. Sûr.
Et j'aime toujours cette idée de correspondance
Bien vu,
et l'écriture
très,
comme souvent
'lut
#4
Posté 08 juin 2007 - 01:41
Magnifique.
Artemisia
Artemisia
#5
Posté 08 juin 2007 - 01:57
Oui, vraiment.
#6
Posté 09 juin 2007 - 09:37
Et l'émotion...
Pas Frederic Mitterrand.
Pas Frederic Mitterrand.