Quand aux grands arbres verts il pousse un roux pelage,
Que de leurs troncs moussus jaillissent en cohortes
Les soupirs alanguis du vent dans leur feuillage,
Emportant dans leur chant l'ombre des feuilles mortes ;
Quand le souffle de l'air véhicule un message
Que précède un grand froid qui tambourine aux portes,
Et que cette froideur amène en son bagage
Une rumeur d'hiver, Ã chaque instant plus forte ;
Et quand l'horizon verse sa pâle lumière,
Ecrasant de son poids les couleurs de la terre
Alors des nids d'étés les têtes apparaissent,
Et dans un grand triangle, un V fait de tant d'ailes,
Empruntant un chemin qu'elles seules connaissent,
Passe dans le ciel gris le vol des hirondelles.