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La barbarie des Sages.


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2 réponses à ce sujet

#1 zyron

zyron

    Tlpsien +

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  • PipPip
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Posté 09 novembre 2008 - 04:29

Comme j'errai, désemparé, déboussolé par mon existence
taciturne, fuyant la froide raison des Hommes
dans un paysage bucolique et charmeur,
paré de nuit et de mystère, à la recherche
de ce qui me fuyait à perpétuité, j'aperçus
par le pure bienfait d'yeux hasardé un spectacle
bien étrange. Des hommes et femmes à moitié nus,
tous décorés de peintures corporelles
toutes flamboyantes, encerclant le faîte
d'une vallée, lui conférant une couronne
humaine. Silencieux, comme à l'écoute de la brise
fugitive et apaisante, l'un d'eux s'avança bientôt
au centre de la ronde et adressa des prières
et des vociférations aux cieux endormis.
Agitant ses poings d'insurgés, il menaçait
insultait le vide dans une langue inconnue.
Puis, conduit par un délire mystique,
il gesticula, gesticula, fit balancer sa chaire
ses bras, ses jambes. Je n'y compris rien
et croyant raisonnablement que les autres,
silencieux, ressentaient semblable confusion,
je fus totalement déconcerté lorsqu'ils se mirent
tous à en faire autant. L'un deux, ensuite,
mit fin à l'agitation commune en roulant
sur la pente de la vallée. Tous le suivirent,
s'élancèrent vers le Néant. Ils s'évanouirent
dans les ténèbres mais le même rituel fut
donné la nuit suivante. Et j'y assistais toujours,
avec la même ferveur et le même désir
de compréhension. Peu à peu mon cœur perçut
une beauté dans leur cérémonie pleine de folie,
l'harmonie du chaos s'adressa à moi. Et les cris
se transmuèrent en pleurs et en lamentations.
Des larmes ruisselèrent le long de mon visage.
M'étais - je senti libéré dans la complainte
des damnés? A l'écoute du frisson interne,
à l'écoute de mes membres chancelant
m'étais - je senti meurtris par le cri multiple?
A l'unisson, me rappelle - je aujourd'hui,
le cœur fiévreux, consumé
ils violentaient de leur voix sans repos
la torpeur de l'océan céleste. Nuit après
nuit, ils dévalaient le flanc de la pente
courant, roulant par pure frénésie, par pure
démence vers le pied de leur montagne sacrée.
Le rituel me semblait enfin beau. Par son absurdité
par sa volupté secrète. J'acquiesçais hébété.
Et moi spectateur, à la vue de se troupeau chutant
docile, me joignais par le simple regard à cette
danse nocturne. La danse nocturne,affranchie,
la danse nocturne décadente et sauvage.
Le catharsis dans toute sa splendeur.
Désormais, revenu à mes marches quotidiennes
et sans saveur, j'ignore si nuit plus belle,
plus férocement incommode me sera encore
révélée. Mais à présent les voix et les clameurs, les
les vociférations psalmodiées, les langues claquant
sous l'ombre vaste, diamanté, me rappelleront
toujours la normalité de ma vie d'égaré.

#2 Invité_souris_*

Invité_souris_*
  • Invité

Posté 09 novembre 2008 - 08:43

Bonjour Ziron,

Univers où tu m'a conduite, d'un façon très plaisante, bien que les scènes soient plutôt cauchemardesques...Plus simplement, j'apprécie ton style, cette narration est sujète à réflexions, merci du partage.

Amicalement
Souris


#3 zyron

zyron

    Tlpsien +

  • Membre
  • PipPip
  • 13 messages

Posté 09 novembre 2008 - 03:24

Bonjour Ziron,

Univers où tu m'a conduite, d'un façon très plaisante, bien que les scènes soient plutôt cauchemardesques...Plus simplement, j'apprécie ton style, cette narration est sujète à réflexions, merci du partage.

Amicalement
Souris


Merci, souris. Mon texte a été écrit effectivement dans le but de susciter un peu de déroute et de réflexion. Ravi de constater que le but a été atteint sur au moins un lecteur.