
Soir d'hiver
#1
Posté 15 novembre 2008 - 06:04
La joie qui brûle de mille feux.
Perdre l’équilibre, s’abandonner dans nos bras,
Verser des perles de verre qui roulent doucement,
Serrés par les tenailles de l’hiver.
Les volutes frêles des cheminées qui montent,
Plus pâles que tes joues froides,
Plus calmes que tes deux yeux immenses,
Aux atolls renversés de bleu,
Avec plongés dedans des flocons dorés.
Les mains dans les mains à se donner une tiédeur douce.
Un souffle pour un souffle bouches bées
A retrouver une odeur perdue dans nos écharpes emmêlées;
Sur un carré d’épaule en laine mon Arche de Noé.
Les passants passent, le soir tombe avec la neige
Et les derniers rayons de soleil tracent dans le ciel
De longs sillons aux coloris mourants.
Il y a toi, il y a moi et il y a le reste du monde,
Debout sur les pavés luisants,
Les cheveux parsemés de cristaux étoilés.
Mes doigts filent sur tes mèches de velours.
Toi, tu sèches mes larmes gelées d’un revers de pouce.
Je ris faiblement dans un frisson et, les yeux clos,
Nous éteignons nos sourires d’un baiser plus mouillé encore.
Les réverbères teintent alors nos gestes empressés
De cette lueur victorienne qui jette sur les visages des ombres jaunes.
Nous ne voulons plus avoir à nous quitter,
Nous ne pouvons plus nous séparer maintenant,
Peu importe le temps qui nous file et le froid qui nous mord.
Encore rester là , un peu, à faire comme si nous ne les remarquions pas.
Enfin, la nuit se fend et une forte lumière vient grandissante.
Le froid lui aussi s’évapore soudainement.
Mes paupières battent et se crispent
Devant le décor qui s’efface et tes bras qui ne me retiennent plus.
Dehors, la ville bruyante fait irruption dans ma chambre,
Sans vergogne cherche à me réveiller.
Je prends pied dans cette réalité solitaire, ces draps veufs,
Puis cherche à regret une sensation, un miroitement lointain.
Mais il n’y a rien que le tip tap de la pluie sur les vitres
Et ce rêve, si triste finalement, avec nous dedans.
#2
Posté 15 novembre 2008 - 06:21
il y a différents rythmes comme une progression
malgré l'apparence massive des strophes de 10 vers
suite à une description comme une succession d'éléments
on découvre un paysage avec des phrases plus construites
puis de nouveau une succession:
Il y a toi, il y a moi et il y a le reste du monde,
dans la strophe suivante le "nous" apparait
avec cette fois le paysage très discret en arrière plan:
Les réverbères teintent alors nos gestes empressés
puis en dernière partie, retour vers ce qui se passe autour:
Dehors, la ville bruyante fait irruption dans ma chambre,
de nouveau le je
et ce vers magnifique:
Et ce rêve, si triste finalement, avec nous dedans.
le rêve est réel et le nous finalement l'emporte
#3
Posté 15 novembre 2008 - 06:59
Bien à toi, Comateen.
#4
Posté 15 novembre 2008 - 07:01
merci à toi de ce partage
c'est bien aussi de s'arrêter réfléchir et lire finalement
on passe sinon à côté des choses
#5
Posté 15 novembre 2008 - 08:40
Comateen, c'est magnifique...quelle qualité d'écriture! et quelle beauté...quelle chute aussi...ton univers est si particulier, tout en finesse, et tu nous mènes dans ton histoire comme dans un film à suspens...il y a là oui ces sensations d'être seuls au monde lorsque ce si doux trouble nous envahit...Les courses folles prises dans mes jambes longilignes,
La joie qui brûle de mille feux.
Perdre l'équilibre, s'abandonner dans nos bras,
Verser des perles de verre qui roulent doucement,
Serrés par les tenailles de l'hiver.
Les volutes frêles des cheminées qui montent,
Plus pâles que tes joues froides,
Plus calmes que tes deux yeux immenses,
Aux atolls renversés de bleu,
Avec plongés dedans des flocons dorés.
Les mains dans les mains à se donner une tiédeur douce.
Un souffle pour un souffle bouches bées
A retrouver une odeur perdue dans nos écharpes emmêlées;
Sur un carré d'épaule en laine mon Arche de Noé.
Les passants passent, le soir tombe avec la neige
Et les derniers rayons de soleil tracent dans le ciel
De longs sillons aux coloris mourants.
Il y a toi, il y a moi et il y a le reste du monde,
Debout sur les pavés luisants,
Les cheveux parsemés de cristaux étoilés.
Mes doigts filent sur tes mèches de velours.
Toi, tu sèches mes larmes gelées d'un revers de pouce.
Je ris faiblement dans un frisson et, les yeux clos,
Nous éteignons nos sourires d'un baiser plus mouillé encore.
Les réverbères teintent alors nos gestes empressés
De cette lueur victorienne qui jette sur les visages des ombres jaunes.
Nous ne voulons plus avoir à nous quitter,
Nous ne pouvons plus nous séparer maintenant,
Peu importe le temps qui nous file et le froid qui nous mord.
Encore rester là , un peu, à faire comme si nous ne les remarquions pas.
Enfin, la nuit se fend et une forte lumière vient grandissante.
Le froid lui aussi s'évapore soudainement.
Mes paupières battent et se crispent
Devant le décor qui s'efface et tes bras qui ne me retiennent plus.
Dehors, la ville bruyante fait irruption dans ma chambre,
Sans vergogne cherche à me réveiller.
Je prends pied dans cette réalité solitaire, ces draps veufs,
Puis cherche à regret une sensation, un miroitement lointain.
Mais il n'y a rien que le tip tap de la pluie sur les vitres
Et ce rêve, si triste finalement, avec nous dedans.
"Il y a toi, il y a moi et il y a le reste du monde,
Debout sur les pavés luisants,
Les cheveux parsemés de cristaux étoilés."
"Dehors, la ville bruyante fait irruption dans ma chambre,
Sans vergogne cherche à me réveiller.
Je prends pied dans cette réalité solitaire, ces draps veufs,
Puis cherche à regret une sensation, un miroitement lointain.
Mais il n'y a rien que le tip tap de la pluie sur les vitres
Et ce rêve, si triste finalement, avec nous dedans."
Que c'est beau...
Je viens de lire les commentaires de Joe. Tes vers sont si ciselés qu'il est étonnant que ce soit une écriture instinctive...sublime...et puis c'est vrai que cette grande profondeur si touchante qui émeut, ne peut que venir d'une libre expression...
"Perdre l'équilibre, s'abandonner dans nos bras,
Verser des perles de verre qui roulent doucement"
Etre troublés oui, tu le dis si bien, s'abandonner sans peur, à ce trouble si rare et si précieux, et puis les larmes d'émotion...
Merci...pour ce fabuleux partage.
Ta présence rare n'en est que plus précieuse encore...
Bien à toi,
Licorne Blanche
#6
Posté 15 novembre 2008 - 09:18
Je ne sais pas si mes vers sont ciselés, car je ne m'attarde pas vraiment à travailler les pieds, les rimes, enfin tout ce qui fait les conventions poétiques, mais je cherche plus les images.
Encore merci, amicalement Comateen.
#7
Posté 15 novembre 2008 - 09:23
Bravo
#8
Posté 16 novembre 2008 - 06:26
Bellement écrit.