13 réponses à ce sujet

[Héloïse]

Je crois que je vais mourir ce soir. Ce matin, en me levant, j'ai bien senti qu'une partie de ma vie s'était détachée de moi pour rester blottie sous la couette. Avec ma demi-vie, comme une très vieille dame, je me suis traînée jusqu'à la salle de bains. Le grand miroir au dessus du lavabo ne m'a pas renvoyé mon image habituelle. Il manque quelque chose à mon visage. C'est effrayant ! Côté droit je vois tous mes os en transparence.
Sous chacun de mes pas, il y a une épaisse couche de coton. Je me déplace avec difficulté et lenteur. Je n'ai plus d'équilibre. Je tangue en me cramponnant à tous les meubles. Il faut que j'atteigne mon canapé, là où ma demi-vie sera en sécurité.
Je n'ai qu'une question à me poser. Combien de temps peut-on tenir avec une demi-vie ? Mais réfléchir avec cohérence est problématique. La moitié de mon cerveau est sans doute restée elle aussi blottie sous la couette. Il faudrait que je trouve la force de retourner jusqu'à mon lit. Convaincre ma partie manquante de me revenir.
Pourquoi me donnerais-je la peine de faire un tel effort ? Après tout une demi-vie est suffisante. Mes pensées sont plus légères, les petits et grands soucis quotidiens sont restés blottis sous la couette, je ne ressens plus la faim ni la soif et l'idée de mourir ce soir est plutôt réconfortante.
Ma vie entière était devenue un fardeau. J'en étais même lasse et je songeais parfois à m'en débarrasser quand j'attendais sur le quai l'un des derniers métros ou quand je voyais débouler un bus alors que ce n'était pas mon tour de traverser.
Si je retourne jusqu'à ma chambre, je ne vais pas pouvoir m'empêcher de passer d'abord par la salle de bains pour revoir mon nouveau visage et son horrible côté droit. Je passe mes doigts sur ma joue, avec précautions. La perception de ma pommette et de l'os orbital est désagréable. Il ne faut plus que j'ai cette tentation.
Que vais-je faire de ma demi-vie en attendant de mourir ce soir ? Je suis bien sur mon canapé recouvert d'une couverture en fausse fourrure, la tête et les pieds sur mes énormes coussins bien moelleux. Non ! Je dois me considérer comme une condamnée et manifester des volontés dernières.
Voyons ce que pourraient être ces dernières volontés. Le téléphone est loin et l'idée de le coller à mon côté droit osseux m'est intolérable. Quelque chose m'empêche d'envisager de le coller à mon côté gauche. Sans doute cette partie de mon cerveau restée blottie sous la couette. Sinon j'aurais aimé appeler une dernière fois tous les noms de mon répertoire.
L'après-midi s'avance et ma demi-vie s'affaiblit. C'est bientôt Noël, la nuit va venir très vite. Je suis déjà dans une obscurité qui ne me permet plus de distinguer ma lampe préférée. Une folie que je m'étais offerte du temps où j'avais une vraie vie. Une lampe Tiffany. Je voudrais pouvoir l'allumer mais je n'ai plus assez d'énergie pour me lever. C'est bizarre que je sois dans cette obscurité à même pas seize heures. Sans doute n'ai je plus qu'une demi-vision. L'autre moitié est avec ce qui s'est détaché de moi quand je me suis réveillée ce matin. Bien blottie sous la couette.
Il faut que je me dépêche de me trouver une dernière volonté. En fait je la sais depuis que je suis venue me réfugier sur mon canapé recouvert de sa couverture en fausse fourrure.
Mourir comme un oiseau tombé du nid, entre les mains du seul homme que j'ai vraiment aimé.
Mais je ne veux pas qu'il voit mon visage tel qu'il est devenu.
Alors je mourrai seule, sans savoir ce qu'il adviendra de la partie de moi restée bien blottie sous la couette. Je mourrai comme la passante lunaire que je n'ai jamais cessé d'être. Partout je n'ai fait que passer. Surtout dans le coeur du seul homme que j'ai vraiment aimé.
Je n'ai plus de dernière volonté ni de volonté du tout. Je suis bien dans ma demi-mort. Comme un oiseau tombé du nid, que personne n'a voulu ramasser. Seule, toujours seule...

Héloïse Cerboneschi
Mardi 16 décembre 2008

[Joe]

comme c'est bizarre
j'ai eu comme pensée cette nuit
que je perdais ma moitié
une image frappante de réalisme dans ton texte
m'est une idée qu'il ne faut pas s'y fier à son miroir
il ne sera jamais qu'un reflet
alors que ce que l'on peut ressentir nous rend entier

[Emrys]

Très beau texte Héloïse !!

dans lequel on entre en laissant de côté nos certitudes
et duquel on ne sort pas vraiment indemne

merci pour ce beau partage
pour cette moitié révélée

Emrys

[The Child]

Très beau texte Héloïse !!

dans lequel on entre en laissant de côté nos certitudes
et duquel on ne sort pas vraiment indemne

merci pour ce beau partage
pour cette moitié révélée

Emrys

ah si si moi j'en sors indemne pour la simple et bonne raison que l'apitoiement sur soi est d'une niaiserie.....

[Joe]

Mourir comme un oiseau tombé du nid, entre les mains du seul homme que j'ai vraiment aimé.

il s'agit aussi d'amour je pense

[Emrys]

ah si si moi j'en sors indemne pour la simple et bonne raison que l'apitoiement sur soi est d'une niaiserie.....

Apitoiement sur soi ???

Ah.. The Child, aurais-je mal lu ? Ou pire encore mal compris ?

(les deux m'arrivent plus souvent que je crois)

Pour ce qui est de l'auto-apitoiement, tu as raison.. c'est niais, fade et surtout ça n'attire pas vraiment la pitié

(Emrys s'interroge sur ce qu'il en est de l'apitoiement sur les autres)

[Héloïse]

Ce que j'écris n'est que fiction
Si j'écris le plus souvent à la première personne, c'est pour rendre mes textes plus réalistes
L'auto-apitoiement, je ne sais pas ce que c'est
Par contre je connais l'auto-dérision
Ce qui est vrai de moi, c'est que j'appartiens vraiment au Peuple des Clowns
Le Child pourra venir se gausser là-dessus s'il n'a rien d'autre à faire
Il y a plusieurs façons d'interpréter un texte
Chacun peut l'interpréter de la façon qui convient le mieux à ce qu'il pense de son auteur
Ceci dit, le mal que l'on pense de moi virtuellement ne m'atteint pas
Ceux de TLP qui me connaissent dans la réalité savent ce que je suis et c'est le principal

Héloïse
qui est mon véritable prénom pour ceux qui veulent faire des astuces avec l'Héloïse dont l'ancienne demeure avec Abélard est située quai aux Fleurs à Paris

[The Child]

Ce que j'écris n'est que fiction
Si j'écris le plus souvent à la première personne, c'est pour rendre mes textes plus réalistes
L'auto-apitoiement, je ne sais pas ce que c'est
Par contre je connais l'auto-dérision
Ce qui est vrai de moi, c'est que j'appartiens vraiment au Peuple des Clowns
Le Child pourra venir se gausser là-dessus s'il n'a rien d'autre à faire
Il y a plusieurs façons d'interpréter un texte
Chacun peut l'interpréter de la façon qui convient le mieux à ce qu'il pense de son auteur
Ceci dit, le mal que l'on pense de moi virtuellement ne m'atteint pas
Ceux de TLP qui me connaissent dans la réalité savent ce que je suis et c'est le principal

Héloïse
qui est mon véritable prénom pour ceux qui veulent faire des astuces avec l'Héloïse dont l'ancienne demeure avec Abélard est située quai aux Fleurs à Paris

tu as un sacré melon lol encore une qui a la folie des grandeurs bientôt la sénilité? sois réaliste ma vieille tu ne sors pas de la cuisse de Jupiter.

[interzone]

Salutations Héloïse.

l'image de ta moitié laissée sous la couette dans un sens,
me fait penser à la mythologie grecque, un texte que je lisais dernièrement,
Zeus créa l'homme, il avait quatre jambes, quatre bras, deux visages, deux sexes,
mais effrayé devant la puissance de cette créature,
il l'a coupa en deux, et depuis , on est condamné à recherché l'autre moitié.
notre âme soeur en quelque sorte.

à vue d'oeil je dirais que tu cherches la tienne en ce moment,

salutations amicales.
en espérant que tu ne meurres pas bien sur.
si ce n'est d'une mort symbolique, une renaissance.

[pierrejames]

Je crois que je vais mourir ce soir. Ce matin, en me levant, j'ai bien senti qu'une partie de ma vie s'était détachée de moi pour rester blottie sous la couette. Avec ma demi-vie, comme une très vieille dame, je me suis traînée jusqu'à la salle de bains. Le grand miroir au dessus du lavabo ne m'a pas renvoyé mon image habituelle. Il manque quelque chose à mon visage. C'est effrayant ! Côté droit je vois tous mes os en transparence.
Sous chacun de mes pas, il y a une épaisse couche de coton. Je me déplace avec difficulté et lenteur. Je n'ai plus d'équilibre. Je tangue en me cramponnant à tous les meubles. Il faut que j'atteigne mon canapé, là où ma demi-vie sera en sécurité.
Je n'ai qu'une question à me poser. Combien de temps peut-on tenir avec une demi-vie ? Mais réfléchir avec cohérence est problématique. La moitié de mon cerveau est sans doute restée elle aussi blottie sous la couette. Il faudrait que je trouve la force de retourner jusqu'à mon lit. Convaincre ma partie manquante de me revenir.
Pourquoi me donnerais-je la peine de faire un tel effort ? Après tout une demi-vie est suffisante. Mes pensées sont plus légères, les petits et grands soucis quotidiens sont restés blottis sous la couette, je ne ressens plus la faim ni la soif et l'idée de mourir ce soir est plutôt réconfortante.
Ma vie entière était devenue un fardeau. J'en étais même lasse et je songeais parfois à m'en débarrasser quand j'attendais sur le quai l'un des derniers métros ou quand je voyais débouler un bus alors que ce n'était pas mon tour de traverser.
Si je retourne jusqu'à ma chambre, je ne vais pas pouvoir m'empêcher de passer d'abord par la salle de bains pour revoir mon nouveau visage et son horrible côté droit. Je passe mes doigts sur ma joue, avec précautions. La perception de ma pommette et de l'os orbital est désagréable. Il ne faut plus que j'ai cette tentation.
Que vais-je faire de ma demi-vie en attendant de mourir ce soir ? Je suis bien sur mon canapé recouvert d'une couverture en fausse fourrure, la tête et les pieds sur mes énormes coussins bien moelleux. Non ! Je dois me considérer comme une condamnée et manifester des volontés dernières.
Voyons ce que pourraient être ces dernières volontés. Le téléphone est loin et l'idée de le coller à mon côté droit osseux m'est intolérable. Quelque chose m'empêche d'envisager de le coller à mon côté gauche. Sans doute cette partie de mon cerveau restée blottie sous la couette. Sinon j'aurais aimé appeler une dernière fois tous les noms de mon répertoire.
L'après-midi s'avance et ma demi-vie s'affaiblit. C'est bientôt Noël, la nuit va venir très vite. Je suis déjà dans une obscurité qui ne me permet plus de distinguer ma lampe préférée. Une folie que je m'étais offerte du temps où j'avais une vraie vie. Une lampe Tiffany. Je voudrais pouvoir l'allumer mais je n'ai plus assez d'énergie pour me lever. C'est bizarre que je sois dans cette obscurité à même pas seize heures. Sans doute n'ai je plus qu'une demi-vision. L'autre moitié est avec ce qui s'est détaché de moi quand je me suis réveillée ce matin. Bien blottie sous la couette.
Il faut que je me dépêche de me trouver une dernière volonté. En fait je la sais depuis que je suis venue me réfugier sur mon canapé recouvert de sa couverture en fausse fourrure.
Mourir comme un oiseau tombé du nid, entre les mains du seul homme que j'ai vraiment aimé.
Mais je ne veux pas qu'il voit mon visage tel qu'il est devenu.
Alors je mourrai seule, sans savoir ce qu'il adviendra de la partie de moi restée bien blottie sous la couette. Je mourrai comme la passante lunaire que je n'ai jamais cessé d'être. Partout je n'ai fait que passer. Surtout dans le coeur du seul homme que j'ai vraiment aimé.
Je n'ai plus de dernière volonté ni de volonté du tout. Je suis bien dans ma demi-mort. Comme un oiseau tombé du nid, que personne n'a voulu ramasser. Seule, toujours seule...

Héloïse Cerboneschi
Mardi 16 décembre 2008

Bonsoir Héloïse.

J'aime franchemnt ton texte. Sa lecture et fluide et te happe et te capte tout à la fois. L'idée de la moitié de soi n'est pas nouvelle mais est ici très bien amenée.

Au plaisir de te lire

Pierre James

[claricorne]

J'ai cheminé à tes côtés durant tout ton récit...
Pas d'apitoiement dans ce texte mais un certain humour!

[Pritos]

Héloïse, toujours cette plume et ce sourire, charmes et délices d'un humour noir qui n'est qu'à toi.
Un plaisir entier.

[Comtoise]

Très beau texte Héloïse

Mais j'ai une envie féroce de me farcir le tout petit Child pour Noël, comme une grosse dinde;

Et aux marrons qui plus est.....


A bon entendeur Salut Child


Bois ton lolo

Passe une bonne nuit

Et à bientôt



dj

[The Child]

Très beau texte Héloïse

Mais j'ai une envie féroce de me farcir le tout petit Child pour Noël, comme une grosse dinde;

Et aux marrons qui plus est.....


A bon entendeur Salut Child


Bois ton lolo

Passe une bonne nuit

Et à bientôt


va perdre tes kilos gros lard


dj

va perdre tes kilos gros lard