Lettre I
A Mathieu
St-Grieux le 06 novembre 1978
Mon Cher marin
Hier la mer a emportée avec elle toute ma vie
Et j ‘espère qu’elle prendra soin de toi mon chéri.
Voilà seulement, à peine une demi-journée que tu es parti
Et je souhaite vivement te voir autour de la table ce midi.
J’ai tant dormi cette nuit que je n'ai même pas pensé à toi.
Ta mère m’a transporté sur le pont du Cheval de bois
En me racontant les aventures de ton père avec une telle précision
Se gardant bien sûr d’écarter certains détails avec précaution
Pour ne pas trop bousculer ma première nuit sans toi à mes cotés
Mais je dois avouer qu’elle s’est montrée de taille en toute vérité.
C’est bien une femme semblable que mérite chaque homme ici,
Et j espère aussi devenir celle qui te fera pousser des cris ;
Mais de joie uniquement et qui saura effacer tes peines
Aussi facilement que la craie sur une ardoise.
Et par mes mots t’envelopper comme un manteau de laine
Dans le froid de ce grand bleu loin des chaudes turquoises.
Je m’en sort pas trop mal pour cette première
Et tu n as pas a t ‘inquiéter pour la dernière.
Je me montrerai aussi forte que les vagues et les vents
Grâce aux souvenirs accumulés avec toi au fil du temps.
Ils me reviennent constamment comme un courant
Comme la marée qui se retire pour nous montrer son lit
Mais trop pudique elle enfile à nouveau son bel habit.
Ici une belle journée se dessine dans le ciel
Les rayons du soleil sont doux comme le miel
Et sans toi ce beau décor pourtant naturel
Semble pour le moins très artificiel.
J’ai hâte de lire ta réponse
Comme une bouteille qu’on recueille à la mer
Et de voir ce qu’elle annonce
Pour remettre de la gaieté dans mon sourire amer.
Je t’envois un banc de baisers comme un banc de thons
Que tu remonteras au bout de tes lignes chargées d’hameçons
L’équipage sera furieux et ils auront raison
Leur passion c’est bien le poisson
A toi de les expliquer que tu ne peux t-empêcher
D’aimer celle que tu souhaite tant épouser.
Je t’aime mon petit loup de mer
Prends soin de toi et de tes frères
Je sais qu’ils seront la quand tu en auras besoin.
Et cela me rassure quand tu es si loin.
Ta tendre et chère Eloïse.

Lettre I
Débuté par shone, mars 08 2007 02:37
2 réponses à ce sujet