41 réponses à ce sujet

[Tom Tranquille]

Les murs pendaient sous les maisons, comme des loques. Tom promenait son chat. Le ciel était sale. Le chat de Tom miaulait. Tom pensait : « … »
Ainsi cela se passait-il depuis vingt ans, aux fins d'après-midi, de soirs.
Puis Tom rentrait chez lui, dans son appartement dénué d'esthétique, et écrivait sans s'occuper de manger. Le chat, lui, allait mourir sur un rebord de fenêtre, heureux.
Tom n'écrivait que des contes imaginaires, et le savait bien. C'était ça d'inventer des forêts, des cargos, des lacs. Il y a déjà tant de poussière déposée sur les courbes de ce pays.
Tom s'en foutait et se contentait des restes de son frigo compartimenté.
Et le chat avait toujours assez, car, comment vivre sans chat ?
Tom le savait et s'en foutait ; vivant dans l'instant.
Et cela se passait comme ça tous les bons dieux de jours, depuis vingt ans, chez Tom et son chat, dans leur minuscule monde.

[Tom Tranquille]

Aujourd’hui, j’ai encore inventé une île, se dit Tom. J’invente beaucoup d’îles ces temps-ci…c’est étrange. Peut-être est-ce cette fontaine, que je croise en allant au travail ? Ou bien encore le petit plan d’eau du parc, le midi, quand je regarde les mamans sur le banc ? Quelque chose joue des tours à mon inconscient, quelque chose de vague. Je n’aime pas trop ça… trop d’îles rend l’histoire que je raconte invraisemblable. Allons, je vais mettre ce paysage-ci… ce paysage-là… un peu de cet autre… un désert…

[Tom Tranquille]

Et pourquoi ne fallait-il jamais peindre deux oiseaux ensemble, sur la même branche, Tom ?
Parce qu'un oiseau se suffit à lui-même, et que deux c'est un crime.
En fait, l'oiseau, synonyme de mon petit déjeuner (ou d'une nuit blanche), ne saurait être accompagné. Hehe. Un de mes nombreux tics…

[Tom Tranquille]

Chaque mercredi, Tom passait l'aspirateur, du moins, chassait la poussière, les acariens.
Tom appréciait le bruit de la machine. Cela lui rappelait la naissance, la mer.
Alors, soudain, il arrêtait de nettoyer le sol de sa chambre et s'allongeait sur les couvertures de son lit. Tom se repliait sur lui-même, ombre recroquevillée en position fœtale. L'aspirateur continuait à crier et chanter. Tom fermait les yeux et savourait le silence. Les voisins n'aimaient pas trop cela, et redoutaient le mercredi.

[___]

yo. c'est sympa.

[Tom Tranquille]

merci, (bien que je ne sache qui remercier, une ligne ?)

[Tom Tranquille]

Mais je suis Tom Tranquille à la fin ! Tout le monde veut comparer. Pourquoi ?

[___]

ouais, une ligne

[Baptiste]

cest de la merde. tue ton chat et mange le

[Tom Tranquille]

je n'ai pas de chat, et te remercie de ton accueil, baptiste, que j'ai trouvé tres chaleureux.

[Baptiste]

je n'ai pas de chat, et te remercie de ton accueil, baptiste, que j'ai trouvé tres chaleureux.

ta gueule

[Baptiste]

Baptiste, c'est bon, on connait déjà ce comm,
merci

nan on le connaissait pas bouffone

[Tom Tranquille]

(il n'a pas encore tué sa mère, il est un peu à cran.)

[Baptiste]

on se connait?

[Tom Tranquille]

je ne pense pas, non.

[Baptiste]

alors dou tu parles de ma mere fils de pute

[Tom Tranquille]

je te retourne la question ?

[Baptiste]

ta mere je la connais elle suce gratos elle se fait bais par tout le monde

[Tom Tranquille]

disons que je connais la tienne de la meme maniere.

[Baptiste]

jen ai pas de mere bouffon je suis ne de la cuisse de zeus

[Tom Tranquille]

enfant de putain, et demi dieu, avec ca !

[Tom Tranquille]

bonne nuit baby.

[Baptiste]

ouais suce moi

[CELUI QUI SAIT.]

Mais je suis Tom Tranquille à la fin ! Tout le monde veut comparer. Pourquoi ?

Parce que tu es ici au royaume du faux-semblant... personne ici ne croit vraiment à ta nouveauté, Tom... et tes poèmes en prose font trop penser à Michaux adouci par le Petit Prince...

Et nous avons appris à nous méfier des chattes... alors tu penses... un chat...

[Tom Tranquille]

Bien. Je lirai Michaux et vous dirai ce que j'en pense. Ca risque de ne pas être tout de suite par contre.

[Tom Tranquille]

Tom peignait tous ses tableaux en bleu. Il en mettait sur les robes, les ombres du vieux port, parfois même sur les joues des passants. Il donnait à chaque peinture une touche de bleu différente. Une agence de mode avait voulu s’attacher ses services. Mais Tom avait craché et était parti s’asseoir en face d’une mer proche.

[Tom Tranquille]

Tom passait parfois devant la vitrine d'un marchand de telescopes. Chaque telescope avait une taille differente. Un jour où tout allait mal, il entra dans la boutique. Le marchand leva les yeux, un sourire d'habitué accueillant cet homme un peu hagard, venu chercher là sans aucun doute des choses incompréhensibles. Tom essaya le telescope moyen; dans le ciel plus haut, il chercha un asteroide. Ne trouvant rien, il passa au plus gros modele. Celui-ci était si impressionnant qu'il fallait se mettre sur la pointe des pieds pour pouvoir approcher sa lunette. Tom chercha encore, quoi ? lui-même ne savait pas, dans le ciel. Le marchand souriait toujours. Il savait bien que l'homme n'était pas un client mais un travailleur fatigué. Alors il laissa faire, tant et plus, comme à son habitude, avec tous ces travailleurs en demi-teinte. Tom poussa un cri une petite minute plus tard. Qu'avait-il entr'aperçu, d'incroyable, à cette heure où le jour tombe ? Qu'importe, ce fut ce soir précisément qu'il envoya une lettre à quelqu'un, quelque part, loin, trop loin...