LA VIEILLE
Elle va claudiquant derrière sa fenêtre
S'accrochant en passant au fauteuil du salon,
Le volet entrouvert apportera peut-être
Quelques bruits de la rue sous le soleil de plomb.
Il y a bien longtemps qu'elle n'y descend plus,
L'escalier est trop dur pour ses jambes rompues
Et la vie doucement s'échappe dans le flux
D'images entrevues et ininterrompues.
Un hochement de tête et elle quittera
De ses yeux fatigués le spectacle connu,
Quelques pas hésitants, la voilà dans les bras
Du vieux fauteuil qu'elle gagne trotte-menu.
Depuis longtemps déjà la sonnette s'est tue,
Ce n'est pas ses enfants qui la réveilleront,
La chape du silence s'est faite têtue,
Seul le chat le ponctue de quelques doux ronrons.