Austerlitz et déjà le soleil qui se lève
Victoire il était temps
Victoire sur le temps victoire sur le jour
Qui se lève
Et que j'ai devancé ce matin j'étais debout avant le jour
Le jour d'été le jour vert
Comme le mois d'août est vert
Ce matin mon triomphe est d'avoir devancé le jour
Bien futile triomphe
Car le temps lui s'en fout le temps
S'enfuit et ne fait pas le compte
Des matins où le monde ne m'a pas attendu pour naître
Lumière jaune pâle au travers d'une vitre
Le paysage immense lentement pond son petit oeuf de rayons cramoisis
Et l'on peine toujours à se dire que c'est bien cette grande étendue qui tourne
Austerlitz et bientôt la campagne
Tout un décor qui se déroule et les reflets inverses
L'ivresse de l'aurore qui me tourne la tête
Il y a le matin quand on se lève avant l'aurore
Cette puissance solitaire
Qui est une faiblesse aussi une fragilité
La fin de la nuit d'été d'ailleurs est une nudité
Très éphémère et très jolie
Comme un rapport originel une sensualité
Comme si rien encore n'avait pu séparer
Le dehors du corps
Dans le jour qui dort
Et il n'y a pour le jour qui paraît
que l'été
que le départ
que l'attente du temps même l'attente du soir
Et dans le premier train
Tout un grand wagon vide et les places
sans personne
Et regarder la vie m'éblouir peu à peu à travers la fenêtre
En quittant Paris-Austerlitz

Aube
Débuté par Homosum, févr. 02 2009 10:20
2 réponses à ce sujet
#1
Posté 02 février 2009 - 10:20
#2
Posté 03 février 2009 - 11:04
Le bon vieux Capitole.
#3
Posté 23 août 2009 - 01:49
Homosum, je t'adore ! Si je ne suis pas ton plus grand admirateur - qui est Tristar -, je suis au moins le second. Tu as réussi l'exploit d'ouvrir mon esprit classique à la poésie libre, tâche à laquelle Apollinaire lui-même avait failli. C'est normal, je te connais, mais depuis que tu as provoqué le mécanisme, je comprends désormais la poésie du point de vue du poète et de son vécu et non plus seulement dans une approche purement canonique. C'est beaucoup plus intense.
Sur ce plan, « Aube » m'a aidé dans le cheminement, mais seulement à cause des thèmes - autant la gare que la bataille - qui sont mes sujets de prédilections. « Aube » nous lâche en train dans la campagne et dans une légère mélancolie, mais sans cette langueur qui carctérise d'ordinaire la poésie, la tienne en particulier ; et cela, à coup sûr, me ressemble d'avantage.
Sur ce plan, « Aube » m'a aidé dans le cheminement, mais seulement à cause des thèmes - autant la gare que la bataille - qui sont mes sujets de prédilections. « Aube » nous lâche en train dans la campagne et dans une légère mélancolie, mais sans cette langueur qui carctérise d'ordinaire la poésie, la tienne en particulier ; et cela, à coup sûr, me ressemble d'avantage.