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Sept Poèmes du Sexe
pour tous les amoureux
Une étrange rengaine, une ingrate harangue
Due au grand Aragon le poète fameux,
Redit sur tous les tons permis par notre langue :
" Il n'y a pas d'amour heureux ".
Monstrueuse chanson ! Passe encore d'écrire
Aigrement sur la vie et sur tout ce qu'on veut.
Mais du dieu de l'amour qu'avons-nous à redire
Quand il nous met le ventre en feu ?
Où donc est le souci, la peine, le supplice ?
Où donc est le malheur ? Qu'on soit seul, qu'on soit deux,
(Qu'on soit même plusieurs) l'ardeur de l'entrecuisse
N'engendre que plaisirs et jeux !
On ne sait où donner de la main, de la tête !
Que l'on bande ou qu'on mouille ! On fait tout ce qu'on peut
Pour donner tout son corps, tout son lustre à la fête !
Non, Aragon déconne un peu.
cuisson au jus d'agrume
Tu me donnes grand faim dans ton sirop d'agrume…
Mais quel est ce tissu qui te garde masqué ?
Je l'écarte du nez, je t'approche, je hume
Et ton ambre suave et ton poivre musqué.
J'en salive déjà ; ma vision s'embrume.
J'ai le sang qui bouillonne et le souffle coupé.
J'ai trop faim, je te mange. Ô quel jus ! Quelle écume !
Je finis le repas le visage trempé.
les serres de Chaumont
Que d'instruments choisis cet étalage expose !
Ravissants, alléchants, excitants, que d'objets,
Si bien juxtaposés que j'ai le front tout rose,
Que j'ai la joue, Ô Dieu ! couleur de saumon frais.
Tous ces phallus de bois, plus gros que des concombres,
Ces braquemards luisants que je ne puis compter.
Et celui-là mon Dieu ! Priape l'a sculpté :
Les autres à côté semblent de pauvres ombres.
Mes yeux, qu'arrive-t-il ? dessus ce membre unique
Un tout-puissant démon a dû vous verrouiller :
Je tremble, je transpire et comble de panique
Plus vous scrutez l'objet plus je me sens mouiller.
Jamais rien vu de tel ! Pas même dans les toones.
Quels beaux objets disais-je... Ô cher godemichet,
Honneur et pur bonheur de toutes les foufounes,
Je veux dès lors crier, chanter : Quel beau zob j'ai !
petit berceau d'amour
C'est un endroit discret (je vous le dis sans rire)
Où chacun sert, ressert, les plats de sa façon :
Très épicés toujours, assaisonnés maison,
Pour six, sept polissons que l'exotisme attire.
C'est un endroit discret, dont filles et garçons,
Toutes, tous, raffolons du style de cuisine :
La bouche souvent colle aux doigts que nous suçons ;
Des manches durs souvent la sauce dégouline.
Dans un tel lieu bien sûr pas l'ombre d'un glaçon :
C'est la sueur au front que chacun va, butine.
La fièvre sur la langue attache le bouton ;
La rose rougirait de n'avoir qu'une épine.
C'est si subtil parfois, qu'on tombe en pâmoison !
Mais que faiblisse un membre, un autre l'examine.
Le plus souvent suffit un seul coup de tison :
Et le jeu part, reprend, sans qu'on se turlupine.
l'objet du plaisir
j'ai toujours recherché les chemins du plaisir
Sans jamais réfléchir quel objet dans ma quête
Etait le mieux conçu (soit gode soit quequette)
Pour me faire jouir.
Aujourd'hui je m'en fiche après tout peu m'importe
Si le membre est de bois de plastique ou de chair
Tout me plaît du moment que l'on ouvre ma porte
Et qu'on m'envoie en l'air.
Je ne ressemble guère à la femme timide
Qu'on voit perdre son temps sur le choix de l'outil.
J'ai le goût du jouir et me fiche du guide,
Pourvu qu'il soit gentil.
hello bye
En privé, tu le sais, je suis fort généreuse :
Je me donne à la fille aussi bien qu'au garçon.
Ma façon de m'offrir est tout sauf paresseuse :
A tout vent, Ã tout va, par tout temps ou saison.
Le bémol j'en conviens : si je suis amoureuse,
Je le suis pour un temps qui jamais n'est trop long :
Deux trois nuits maximum… N'en sois pas malheureuse.
Pour tous ceux de mon lit c'est la même chanson.
Allons bon les sanglots ! La leçon douloureuse
Des reproches, des pleurs, le pénible flonflon !
Tu veux rendre à tout prix la rupture ennuyeuse.
Tu veux mettre à l'amour des semelles de plomb.
C'était bien entre nous : des pratiques joyeuses,
Des ébats sans pudeur, de bien beaux abandons…
Mais il faut nous quitter sans jouer les pleureuses :
D'autres gens, penses-y, vont jouir de nos cons dons.
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flip-flop
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Je ne comprends pas trop ce qu'est l' "amour tantrique";
J'ai pourtant dû vingt fois relire ton courriel.
N'aimons-nous point l'amour pour son côté ludique ?
N'est-ce l'instant joyeux qui nous envoie au ciel ?
Tu me promets (je cite) "un fantastique orgasme" !
Tu me connais bien sûr ; assez pour me tenter...
Tantrisme, je veux bien pourvu que j'aille au spasme,
Tantrisme, je veux bien si c'est la vérité.
Je t'ouvre donc ma porte. Et me voilà perplexe :
Des phrases, des discours ... mais peu de linge ôté.
Tu tournes tout autour mais sans toucher mon sexe.
Et c'est ainsi mon Coeur, que tu crois m'exciter !
De grâce, mon Amour, assez de politesses !
Le sujet veut et vaut d'être traité de près,
D'être illustré d'abord du mouvement des fesses.
Nous en ferons, promis ! la théorie après.
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