MOI-MÊME.
Je vis avec moi-même – des fois, moi-même me dit :
je ne te reconnais pas –
je ne me reconnais pas.
Moi-même ne sait plus qu'il est moi-même, alors
il n'y a plus que moi qui peux le reconnaître.
Moi-même ne reconnaît pas moi-même en moi.
Lui, le scindé n'est plus que l'ombre de moi-même.
De lui-même, par conséquent (on l'aura compris).
Que faire lorsque moi-même n'est plus soudain lui-même ?
Quand lui-moi-même se surprend à dire « je » ?
Moi-même ne désire plus frayer avec je.
Je ne désire plus frayer avec moi-même.
Je ne désire plus me mélanger à moi.
Mais moi n'est autre qu'un affluent de moi-même.
Quelquefois, moi-même devient un trompe l'œil.
Et moi, je le regarde avec étonnement.
Qui trompe qui ?
De je ou de moi-même que je regarde ?
Entre eux, un infini de réflexivité.
Une suite sans fin de ricochets qui se tamponnent.
Moi-même voudrait s'éloigner de moi, de je.
Je, lui, voudrait bien divorcer d'avec lui-même…
C'est à dire en somme, d'avec moi-même. N'est-ce pas ?
06/02/2009