Et même, je ne suis pas sûr que vous méritez cette merde. Peace.
Août 1996
- J'avais eu un sourire sur l'allée des Pommiers, à trois pas du carrefour qui donne sur les métropoles. C'était un sourire que l'on comprenait dans le coin, toujours interprété de juste façon, notamment par les vieux, les vieilles et leurs enfants déjà vieux. Bien connu du petit monde riverain, le genre d'expressions qui vous savez ne passent pas inaperçues, émanation physionomique de réminiscences souvent aperçues et qui, désolé mais c'est gras, procurent, pour le souriant seul, un moment de repos, de recul, prenant et amical, alors que pour les autres, ratés et finis et riverains en toutes sortes, procurent, [ ce qui reflète leur foutue misère merdique ] une fierté de plus à foutre sur le compte de leur éducation de merde, répondant ainsi d'une euphorie par an, propice à l'oubli de leur incapacité et de leur condition d'esclave. Mon sourire, et j'étais heureux, avait au moins eu le mérite de les rendre plus cons et plus souriant.
- Et c'était bel et bien ici, dans ce village pourri que la jeunesse avait aimé se retrouver l'été, vingt ans auparavant. Tout y avait été pour le meilleur et les discussions, à n'en plus finir, s'étaient enivrées de politique, de musique, et même de sociologie… Oui, il avait été amusant de passer là , dix années plus tard, prêt de l'ombre vulgaire qui m'avait éveillé. Amusant de sentir la présence et la chaleur du lieu, l'importance aussi, tout ce qui jusque là m'avait parut stérile, oublié en moi comme on oubli un pote de sixième, tout banalement mort.
- De ce lieu sans grandeur où les grands aiment à en parler comme si il n'existait pas, il n'y a pas grand chose, seulement des souvenirs, et quelques vieilles têtes animées par l'arrivée d'un bec qu'ils ont nourri dans la souffrance du labeur. J'étais l'un de ces becs, et je m'en souvenait. J'avais souhaité autrement les choses mais c'était très fort et il fallait que je leurs montre ma nouvelle Corvet et ses 260 chevaux.
- J'étais ce paysage, ce village, ces hommes tristes, ces travailleurs et j'avais été cette jeunesse. Qu'on le veuille ou non, j'avais porté sa chaleur, son ambiance et ma famille.
- Des trottoirs boueux où l'on s'aimait entre écoliers, au bleu, au vert, où l'on chauffait nos amours, planqués derrière les citronniers du petit communiste, et de son connard de fils voleur de pogs, après l'école que tenait madame Hugo jusqu'à 5 heures, entre églises et grandes vies, mal être et pureté, il y avait eut beaucoup plus. Et tandis que les vieux descendaient leur piquette, que les mamies moches, sur les bancs du bourg papotaient, incessamment oisives, et de vieillesse et d'ennui et de retraites merdiques et de.., on se fumait des joints, tranquilles, sans aucune pression, écartés du discours totalitaire des rétrogrades sans cervelles.
- La dépêche du Times titrait ce matin ( quotidien anglais, célèbre pour avoir annoncer en exclut le mariage de David à sa belle Victoria ): « Les paysans ont été oublié. Pour preuve, la famille entière du plus grand entrepreneur des post-patrons classiques. Crevards de politiques de mangeurs de grenouilles d'enculés !!! » et pourtant, et pourtant.., pas grand chose. Rien pour dire vrai. Rien. Était-ce une vie que d'offrir pour seule parole le cri vaniteux d'une jeunesse sans grandeur? Était-ce une vie que de se dissoudre dans cette communauté, faites de cons et d'enclumes, de putes et de gros lards? Je n'y avais rien gagné, pas un sou, pas un honneur. La terre ne voulait pas de moi et j'avais du travail à leur fourguer. Quatre cinq supermarché à foutre dans le coin.