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Texte minablement minable.


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14 réponses à ce sujet

#1 Epictète

Epictète

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Posté 27 juin 2007 - 06:23



Et même, je ne suis pas sûr que vous méritez cette merde. Peace.


Août 1996




- J'avais eu un sourire sur l'allée des Pommiers, à trois pas du carrefour qui donne sur les métropoles. C'était un sourire que l'on comprenait dans le coin, toujours interprété de juste façon, notamment par les vieux, les vieilles et leurs enfants déjà vieux. Bien connu du petit monde riverain, le genre d'expressions qui vous savez ne passent pas inaperçues, émanation physionomique de réminiscences souvent aperçues et qui, désolé mais c'est gras, procurent, pour le souriant seul, un moment de repos, de recul, prenant et amical, alors que pour les autres, ratés et finis et riverains en toutes sortes, procurent, [ ce qui reflète leur foutue misère merdique ] une fierté de plus à foutre sur le compte de leur éducation de merde, répondant ainsi d'une euphorie par an, propice à l'oubli de leur incapacité et de leur condition d'esclave. Mon sourire, et j'étais heureux, avait au moins eu le mérite de les rendre plus cons et plus souriant.
- Et c'était bel et bien ici, dans ce village pourri que la jeunesse avait aimé se retrouver l'été, vingt ans auparavant. Tout y avait été pour le meilleur et les discussions, à n'en plus finir, s'étaient enivrées de politique, de musique, et même de sociologie… Oui, il avait été amusant de passer là, dix années plus tard, prêt de l'ombre vulgaire qui m'avait éveillé. Amusant de sentir la présence et la chaleur du lieu, l'importance aussi, tout ce qui jusque là m'avait parut stérile, oublié en moi comme on oubli un pote de sixième, tout banalement mort.
- De ce lieu sans grandeur où les grands aiment à en parler comme si il n'existait pas, il n'y a pas grand chose, seulement des souvenirs, et quelques vieilles têtes animées par l'arrivée d'un bec qu'ils ont nourri dans la souffrance du labeur. J'étais l'un de ces becs, et je m'en souvenait. J'avais souhaité autrement les choses mais c'était très fort et il fallait que je leurs montre ma nouvelle Corvet et ses 260 chevaux.
-
J'étais ce paysage, ce village, ces hommes tristes, ces travailleurs et j'avais été cette jeunesse. Qu'on le veuille ou non, j'avais porté sa chaleur, son ambiance et ma famille.
-
Des trottoirs boueux où l'on s'aimait entre écoliers, au bleu, au vert, où l'on chauffait nos amours, planqués derrière les citronniers du petit communiste, et de son connard de fils voleur de pogs, après l'école que tenait madame Hugo jusqu'à 5 heures, entre églises et grandes vies, mal être et pureté, il y avait eut beaucoup plus. Et tandis que les vieux descendaient leur piquette, que les mamies moches, sur les bancs du bourg papotaient, incessamment oisives, et de vieillesse et d'ennui et de retraites merdiques et de.., on se fumait des joints, tranquilles, sans aucune pression, écartés du discours totalitaire des rétrogrades sans cervelles.
-
La dépêche du Times titrait ce matin ( quotidien anglais, célèbre pour avoir annoncer en exclut le mariage de David à sa belle Victoria ): « Les paysans ont été oublié. Pour preuve, la famille entière du plus grand entrepreneur des post-patrons classiques. Crevards de politiques de mangeurs de grenouilles d'enculés !!! » et pourtant, et pourtant.., pas grand chose. Rien pour dire vrai. Rien. Était-ce une vie que d'offrir pour seule parole le cri vaniteux d'une jeunesse sans grandeur? Était-ce une vie que de se dissoudre dans cette communauté, faites de cons et d'enclumes, de putes et de gros lards? Je n'y avais rien gagné, pas un sou, pas un honneur. La terre ne voulait pas de moi et j'avais du travail à leur fourguer. Quatre cinq supermarché à foutre dans le coin.



#2 ___

___

    The Fresh Prince Al Adriano

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Posté 27 juin 2007 - 09:13

moi j'ai beaucoup aimé. alors soit tu es ironique, soit j'ai des gouts de chiottes. bref, je me suis amusé à le réécrire, j'espere que tu m'en voudras pas.

#3 ___

___

    The Fresh Prince Al Adriano

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Posté 27 juin 2007 - 09:14

J’avais eu un sourire sur l’allée des Pommiers, à trois pas du carrefour qui donne sur la grande métropole grise et fuyante. C’était de ses sourires qui se comprennent dans le coin, que les vieux, les vieilles et leurs enfants déjà rendus vieux, interprètent toujours de juste façon. Pour le riant seul, ce sourire est un moment de repos, de recul, prenant et amical, c’est un sourire qui contient le monde. Le monde dans un sourire n’est plus qu’une dent, et je passais ma langue sur elle comme sur la peau d’une pêche interdite offerte à un mendiant. Mais qu’est-ce que le sourire des vieux, ou plutôt que fut le reflet de mon sourire chez ces vieux là ? Ah, réminiscences de vies ratées, sont-ils comme des bâtons ces souvenirs pour courber l’homme sous leurs allers retours ? Un univers devrait se dévoiler dans un rictus, et eux ne condensaient qu’une crasse molle, ornée d’euphories foireuses, genre nouvel an et consorts d’esclaves oublieux de leur condition sale. Mon sourire, et j’étais heureux comme une couleur sombre sur un tableau vide, avait eu le mérite au moins de les rendre plus cons et souriant.

Car c’était bel et bien ici, dans ce village pourri que notre jeunesse se donnait rendez vous l’été, vingt ans auparavant. Elle avait passé dans le meilleur des discussions, infiltrant sans n’en plus finir son venin terrible, par les voies de la politique, de la musique, de la sociologie même… Il avait été amusant de passer là, dix ans plus tard et de m’arrêter près de l’ombre vulgaire qui m’avait éveillée. Amusant surtout l’importance soulevée par ce lieu, terrible chaleur des morts en nous, qui comme une tapisserie délavée garde de la nostalgie sous la colle sèche, et tombe avec désuétude, pourriture. Oubliée et stérile, une vie de limbes fanées.

Lieu sans grandeur ; lieu dont les grands parlent sans qu’il existe ; lieu de souvenirs. Estomac sans prise sur la digestion. Et je m’y promenais, bec parmi ceux qui le nourrirent, je leur faisais ce rictus précis venu du fond du ventre. J’avais souhaité autrement les choses mais je m’en souvenais avec la tendresse d’un oubli involontaire qui vous met à pied une conquérante.

J’avais été cette jeunesse, ici même, il y a vingt ans. Et aujourd’hui, j’étais ce paysage, ce village d’hommes tristes, ces travailleurs. J’avais porté leur chaleur, et je la rendais maintenant par de chaudes larmes où coulaient mes joues. Les larmes restent à hauteur, et nous roulons pour les expulser, me disait Claude. Je l’ai tué le jour où il pensait trouver en moi l’immuable statue sur laquelle nous décapsulions nos canettes oisives.

J’étais sous des bâtiments, roulant. Planqués derrière les citronniers du petit communiste, les trottoirs boueux de nos écoles ne portaient plus de boue sur eux. Nous l’avions vidé de ce village, collecté sur nos habits et nos mères l’avaient perdu à la force leur main, cette boue. C’était un village propre, net comme un cadavre tranquille, mais il évoquait bien plus à mesure que je le pénétrais. Des mamies moches papotaient sur les bancs du bourg ; des vieux très lents promenaient leur piquette, et partout l’ennui s’affichait comme une campagne de pub en pleine ville, insistante et roucoulante. Il faisait chaud et quelques gouttes tombaient. Le village se mit à foutre le camp ; Claude avait raison quant aux larmes.

Le Times avait titré ce matin : « Les paysans ont été oublié. Pour preuve, la famille entière du plus grand entrepreneur des post-patrons classiques. Crevards de politiques de mangeurs de grenouilles d'enculés !!! » Il ne reste pas grand-chose à dire, et pourtant rien ni personne ne s’arrête plus. Est-ce une vie que d’offrir pour seule parole le cri vaniteux d’une jeunesse sans grandeur ? Etait-ce une vie que de se dissoudre dans cette communauté, faite de cons et d’enclumes, de putes et de gros lards ? Je n’avais gagné ni sou ni honneur. La terre ne voulait pas de moi, je continuais ma grande lessive, offrant mon travail aux cinq supermarchés du coin, tel que l’histrion que j’étais se devait de faire.

#4 ___

___

    The Fresh Prince Al Adriano

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Posté 27 juin 2007 - 09:15

c'est fort possible que ta version soit meilleure que la mienne, ce qui est un echec terrible pour une réécriture, mais j'ai vraiment kiffé de faire ça. le plaisir avant tout, ahaha.

#5 F?lice

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Posté 27 juin 2007 - 09:32



Et même, je ne suis pas sûr que vous méritez cette merde. Peace.

Août 1996


- J'avais eu un sourire sur l'allée des Pommiers, à trois pas du carrefour qui donne sur les métropoles. C'était un sourire que l'on comprenait dans le coin, toujours interprété de juste façon, notamment par les vieux, les vieilles et leurs enfants déjà vieux. Bien connu du petit monde riverain, le genre d'expressions qui vous savez ne passent pas inaperçues, émanation physionomique de réminiscences souvent aperçues et qui, désolé mais c'est gras, procurent, pour le souriant seul, un moment de repos, de recul, prenant et amical, alors que pour les autres, ratés et finis et riverains en toutes sortes, procurent, [ ce qui reflète leur foutue misère merdique ] une fierté de plus à foutre sur le compte de leur éducation de merde, répondant ainsi d'une euphorie par an, propice à l'oubli de leur incapacité et de leur condition d'esclave. Mon sourire, et j'étais heureux, avait au moins eu le mérite de les rendre plus cons et plus souriant.
- Et c'était bel et bien ici, dans ce village pourri que la jeunesse avait aimé se retrouver l'été, vingt ans auparavant. Tout y avait été pour le meilleur et les discussions, à n'en plus finir, s'étaient enivrées de politique, de musique, et même de sociologie… Oui, il avait été amusant de passer là, dix années plus tard, prêt de l'ombre vulgaire qui m'avait éveillé. Amusant de sentir la présence et la chaleur du lieu, l'importance aussi, tout ce qui jusque là m'avait parut stérile, oublié en moi comme on oubli un pote de sixième, tout banalement mort.
- De ce lieu sans grandeur où les grands aiment à en parler comme si il n'existait pas, il n'y a pas grand chose, seulement des souvenirs, et quelques vieilles têtes animées par l'arrivée d'un bec qu'ils ont nourri dans la souffrance du labeur. J'étais l'un de ces becs, et je m'en souvenait. J'avais souhaité autrement les choses mais c'était très fort et il fallait que je leurs montre ma nouvelle Corvet et ses 260 chevaux.
-
J'étais ce paysage, ce village, ces hommes tristes, ces travailleurs et j'avais été cette jeunesse. Qu'on le veuille ou non, j'avais porté sa chaleur, son ambiance et ma famille.
-
Des trottoirs boueux où l'on s'aimait entre écoliers, au bleu, au vert, où l'on chauffait nos amours, planqués derrière les citronniers du petit communiste, et de son connard de fils voleur de pogs, après l'école que tenait madame Hugo jusqu'à 5 heures, entre églises et grandes vies, mal être et pureté, il y avait eut beaucoup plus. Et tandis que les vieux descendaient leur piquette, que les mamies moches, sur les bancs du bourg papotaient, incessamment oisives, et de vieillesse et d'ennui et de retraites merdiques et de.., on se fumait des joints, tranquilles, sans aucune pression, écartés du discours totalitaire des rétrogrades sans cervelles.
-
La dépêche du Times titrait ce matin ( quotidien anglais, célèbre pour avoir annoncer en exclut le mariage de David à sa belle Victoria ): « Les paysans ont été oublié. Pour preuve, la famille entière du plus grand entrepreneur des post-patrons classiques. Crevards de politiques de mangeurs de grenouilles d'enculés !!! » et pourtant, et pourtant.., pas grand chose. Rien pour dire vrai. Rien. Était-ce une vie que d'offrir pour seule parole le cri vaniteux d'une jeunesse sans grandeur? Était-ce une vie que de se dissoudre dans cette communauté, faites de cons et d'enclumes, de putes et de gros lards? Je n'y avais rien gagné, pas un sou, pas un honneur. La terre ne voulait pas de moi et j'avais du travail à leur fourguer. Quatre cinq supermarché à foutre dans le coin.


C'est singulier, curieusement. A priori, on dirait pas, comme ça, mais après lecture, y'a ce petit goût singulier. Le goût des tournures de phrases singulières. "rien pour dire vrai" là où, comme des cons, on s'attend à "rien, à vrai dire". Et ça sympa, ce goût.
Celui aussi des mots qui disent directement ce qu'ils veulent dire et qui amènent immédiatement là où tu construits ton rythme.

Non, sérieux, c'est hyper. Par contre, un petit tour dans le salon de socque ne serait pas de trop pour ce texte.

Jaguar.

#6 Tom Tranquille

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Posté 27 juin 2007 - 09:55

Aujourd'hui, on écrit ses souvenirs d'enfance à 20 ans. Le sentiment de perdre sa vie en essayant de la gagner se répand tel un virus incontrôlable, disait Artaud.

#7 ___

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    The Fresh Prince Al Adriano

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Posté 27 juin 2007 - 10:04

Aujourd'hui, on écrit ses souvenirs d'enfance à 20 ans.


sauf votre respect, ça ne date pas d'aujourd'hui
http://www.toutelapoesie.com/index.php?sho...amp;#entry16564
gustave écrivit ses mémoires à 17 ans.

le problème du style "actuel", c'est qu'il est tellement minable qu'on souhaiterait accuser l'emploi surabusif du "je" de tout ces maux. il semble que tout le monde aujourd'hui écrive à la 1ere personne. avant rousseau et ses confessions, c'était plutôt rare. pourtant, il ne faut pas tout confondre, je crois. quand on aura laissé le temps à la merde de rendre son précipité, on verra qu'il se cachait de vraies merveilles sous ce qui ne ressemble aujourd'hui à rien. laissez nous dix ans.

#8 F?lice

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Posté 27 juin 2007 - 10:21

Aujourd'hui, on écrit ses souvenirs d'enfance à 20 ans.


Justement, c'est révélateur de quelque chose.

Je suis pourtant une parfaite nostalgique, mais franchement, je trouve que parfois, y'en a marre de voir d'abord ce qu'on a perdu, avant de voir ce qu'on pourrait gagner.

Aujourd'hui, y'a des gens qui écrivent, qui aiment ça et qui cherchent à atteindre les autres. A 20 ans ou à 85, on écrit ses souvenirs d'enfance parce qu'on les porte en soi. Parce que quand on aime écrire, on écrit tout ce qu'on porte en soi. Y'a pas qu'les vieux qu'ont des souvenirs...

Jaguar.

#9 Tom Tranquille

Tom Tranquille

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Posté 27 juin 2007 - 11:02

vous semblez prendre mon commentaire pour un constat d'échec.

#10 F?lice

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Posté 28 juin 2007 - 01:22

vous semblez prendre mon commentaire pour un constat d'échec.


se répand tel un virus incontrôlable


Bon... y'a des virus qui sont des réussites, hein. Ca peut. C'est sûr. ;-)

#11 Epictète

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Posté 28 juin 2007 - 03:17

moi j'ai beaucoup aimé. alors soit tu es ironique, soit j'ai des gouts de chiottes. bref, je me suis amusé à le réécrire, j'espere que tu m'en voudras pas.





je crois que tu as des goûts de chiottes, lol. non sérieux, jpeux pas te dire. j'en sais rien, je suis perdu.

peace.

#12 Epictète

Epictète

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Posté 28 juin 2007 - 03:35

J'avais eu un sourire sur l'allée des Pommiers, à trois pas du carrefour qui donne sur la grande métropole grise et fuyante. C'était de ses sourires qui se comprennent dans le coin, que les vieux, les vieilles et leurs enfants déjà rendus vieux, interprètent toujours de juste façon. Pour le riant seul, ce sourire est un moment de repos, de recul, prenant et amical, c'est un sourire qui contient le monde. Le monde dans un sourire n'est plus qu'une dent, et je passais ma langue sur elle comme sur la peau d'une pêche interdite offerte à un mendiant. Mais qu'est-ce que le sourire des vieux, ou plutôt que fut le reflet de mon sourire chez ces vieux là ? Ah, réminiscences de vies ratées, sont-ils comme des bâtons ces souvenirs pour courber l'homme sous leurs allers retours ? Un univers devrait se dévoiler dans un rictus, et eux ne condensaient qu'une crasse molle, ornée d'euphories foireuses, genre nouvel an et consorts d'esclaves oublieux de leur condition sale. Mon sourire, et j'étais heureux comme une couleur sombre sur un tableau vide, avait eu le mérite au moins de les rendre plus cons et souriant.

Car c'était bel et bien ici, dans ce village pourri que notre jeunesse se donnait rendez vous l'été, vingt ans auparavant. Elle avait passé dans le meilleur des discussions, infiltrant sans n'en plus finir son venin terrible, par les voies de la politique, de la musique, de la sociologie même… Il avait été amusant de passer là, dix ans plus tard et de m'arrêter près de l'ombre vulgaire qui m'avait éveillée. Amusant surtout l'importance soulevée par ce lieu, terrible chaleur des morts en nous, qui comme une tapisserie délavée garde de la nostalgie sous la colle sèche, et tombe avec désuétude, pourriture. Oubliée et stérile, une vie de limbes fanées.

Lieu sans grandeur ; lieu dont les grands parlent sans qu'il existe ; lieu de souvenirs. Estomac sans prise sur la digestion. Et je m'y promenais, bec parmi ceux qui le nourrirent, je leur faisais ce rictus précis venu du fond du ventre. J'avais souhaité autrement les choses mais je m'en souvenais avec la tendresse d'un oubli involontaire qui vous met à pied une conquérante.

J'avais été cette jeunesse, ici même, il y a vingt ans. Et aujourd'hui, j'étais ce paysage, ce village d'hommes tristes, ces travailleurs. J'avais porté leur chaleur, et je la rendais maintenant par de chaudes larmes où coulaient mes joues. Les larmes restent à hauteur, et nous roulons pour les expulser, me disait Claude. Je l'ai tué le jour où il pensait trouver en moi l'immuable statue sur laquelle nous décapsulions nos canettes oisives.

J'étais sous des bâtiments, roulant. Planqués derrière les citronniers du petit communiste, les trottoirs boueux de nos écoles ne portaient plus de boue sur eux. Nous l'avions vidé de ce village, collecté sur nos habits et nos mères l'avaient perdu à la force leur main, cette boue. C'était un village propre, net comme un cadavre tranquille, mais il évoquait bien plus à mesure que je le pénétrais. Des mamies moches papotaient sur les bancs du bourg ; des vieux très lents promenaient leur piquette, et partout l'ennui s'affichait comme une campagne de pub en pleine ville, insistante et roucoulante. Il faisait chaud et quelques gouttes tombaient. Le village se mit à foutre le camp ; Claude avait raison quant aux larmes.

Le Times avait titré ce matin : « Les paysans ont été oublié. Pour preuve, la famille entière du plus grand entrepreneur des post-patrons classiques. Crevards de politiques de mangeurs de grenouilles d'enculés !!! » Il ne reste pas grand-chose à dire, et pourtant rien ni personne ne s'arrête plus. Est-ce une vie que d'offrir pour seule parole le cri vaniteux d'une jeunesse sans grandeur ? Etait-ce une vie que de se dissoudre dans cette communauté, faite de cons et d'enclumes, de putes et de gros lards ? Je n'avais gagné ni sou ni honneur. La terre ne voulait pas de moi, je continuais ma grande lessive, offrant mon travail aux cinq supermarchés du coin, tel que l'histrion que j'étais se devait de faire.






y'a des trucs somptueux, mais c'est vrai que dans l'ensemble, je trouve ton texte moins aboutit. paece.

#13 Epictète

Epictète

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Posté 28 juin 2007 - 03:40

Aujourd'hui, on écrit ses souvenirs d'enfance à 20 ans. Le sentiment de perdre sa vie en essayant de la gagner se répand tel un virus incontrôlable, disait Artaud.






non mec. ce ne sont pas mes souvenirs. juste les souvenirs d'un type que j'utilise pour inventer ce que voltaire n'appréciait pas. cf gaston et la phrase merdique de son enculé de voltaire, qui par une brillante sentence, me peint de façon misérable, lol.

peace.

#14 Epictète

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Posté 28 juin 2007 - 03:45

sauf votre respect, ça ne date pas d'aujourd'hui
http://www.toutelapoesie.com/index.php?sho...amp;#entry16564
gustave écrivit ses mémoires à 17 ans.

le problème du style "actuel", c'est qu'il est tellement minable qu'on souhaiterait accuser l'emploi surabusif du "je" de tout ces maux. il semble que tout le monde aujourd'hui écrive à la 1ere personne. avant rousseau et ses confessions, c'était plutôt rare. pourtant, il ne faut pas tout confondre, je crois. quand on aura laissé le temps à la merde de rendre son précipité, on verra qu'il se cachait de vraies merveilles sous ce qui ne ressemble aujourd'hui à rien. laissez nous dix ans.





oui, c'est assez brillant...

#15 Epictète

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Posté 28 juin 2007 - 03:51

et merci à vous.


peace.