Autobiographie patente. Merdique.
#1
Posté 27 juin 2007 - 06:36
- Poids que je porte bien évidemment, ou disons que je supporte, tête absente. Absente de mes parties de cul répétées, de mes beuveries solitaires, entre potes, de nos parties de poker, de ma nouvelle voiture, absente de tout et malheureusement plongée seulement dans l'inutile introspection de mon incohérence. En bref, absente de ces trucs qui ordinairement procure du plaisir et rendent les gens heureux. À croire que même l'amour n'a pas su trouver preneur, que le bonheur me hait, et que la joie m'encule. Que même l'envie de liberté, de voyages, est lointaine. J'ai mal au cul, je prend un sky-coke et ça me fait chier, et tout me fait chier.
- Trop de mal à me détacher de la misère, je ne m'épanouis nul part et je n'ai de désirs pour rien. Même l'écriture, même le suicide. Même ma meuf. Quelle connerie la vie pour les esprits malades.
- Je travaille comme un con dans une usine de merde. Je suis manutentionnaire et j'empile des planches de bois. Et comme un con aussi je regarde la télé, sans la comprendre, le soir, par flemme, spleen et tout ce que vous voulez de merdiques. Je suis merdique, la vie est merdique et je traîne la merde dans l'attente de voir les autres y tremper les pieds, parce que j'en ai marre, marre de ces connards qui le sourire affiché, chambrent les bouseux de mon espèce, par leurs plaisirs hautain. Je les jalouse ces fils de putes. Je me fais trop chier. J'ai ni le bac, ni l'envie de l'avoir, ni de vie, ni rien. J'ai tout, j'ai rien, c'est le même problème, la vie est pourrie, pourrie comme une poire pourrie.
#2
Posté 27 juin 2007 - 08:01
Un fou! cela fait horreur. Qu'êtes-vous, vous, lecteur? Dans quelle catégorie te ranges-tu? dans celle des sots ou celle des fous? - Si l'on te donnait à choisir, ta vanité préférerait encore la dernière condition. Oui, encore une fois, à quoi est-il bon, je le demande en vérité, un livre qui n'est ni instructif, ni amusant, ni chimique, ni philosophique, ni agricultural, ni élégiaque, un livre qui ne donne aucune recette ni pour les moutons ni pour les puces, qui ne parle ni des chemins de fer, ni de la Bourse, ni des replis intimes du cœur humain, ni des habits moyen âge, ni de Dieu, ni du diable, mais qui parle d'un fou, c'est-à -dire le monde, ce grand idiot, qui tourne depuis tant de siècles dans l'espace sans faire un pas, et qui hurle, et qui bave, et qui se déchire lui-même?
Je ne sais pas plus que vous ce que vous allez dire, car ce n'est point un roman ni un drame avec un plan fixe, ou une seule idée préméditée, avec des jalons pour faire serpenter la pensée dans des allées tirées au cordeau.
Seulement je vais mettre sur le papier tout ce qui me viendra à la tête, mes idées avec mes souvenirs, mes impressions, mes rêves, mes caprices, tout ce qui passe dans la pensée et dans l'âme; du rire et des pleurs, du blanc et du noir, des sanglots partis d'abord du cœur et étalés comme de la pâte dans des périodes sonores, et des larmes délayées dans des métaphores romantiques. Il me pèse cependant à penser que je vais écraser le bec à un paquet de plumes, que je vais user une bouteille d'encre, que je vais ennuyer le lecteur et m'ennuyer moi-même; j'ai tellement pris l'habitude du rire et du scepticisme, qu'on y trouvera, depuis le commencement jusqu'à la fin, une plaisanterie perpétuelle, et les gens qui aiment à rire pourront à la fin rire de l'auteur et d'eux-mêmes.
On y verra comment il y faut croire au plan de l'univers, aux devoirs moraux de l'homme, à la vertu et à la philanthropie, - mot que j'ai envie de faire inscrire sur mes bottes, quand j'en aurai, afin que tout le monde le lise et l'apprenne par cœur, même les vues les plus basses, les corps les plus petits, les plus rampants, les plus près du ruisseau.
On aurait tort de voir dans ceci autre chose que les récréations d'un pauvre fou! Un fou!
Et vous, lecteur, vous venez peut-être de vous marier ou de payer vos dettes?
II
Je vais donc écrire l'histoire de ma vie. - Quelle vie! Mais ai-je vécu? je suis jeune, j'ai le visage sans ride et
le cœur sans passion. - Oh! comme elle fut calme, comme elle paraît douce et heureuse, tranquille et pure!
Oh ! oui, paisible et silencieuse, comme un tombeau dont l'âme serait le cadavre.
À peine ai-je vécu: je n'ai point connu le monde, c'est-à -dire je n'ai point de maîtresses, de flatteurs, de domestiques, d'équipages; je ne suis pas entré (comme on dit) dans la société, car elle m'a paru toujours fausse et sonore, et couverte de clinquant, ennuyeuse et guindée.
Or, ma vie, ce ne sont pas des faits; ma vie, c'est ma pensée. Quelle est donc cette pensée qui m'amène maintenant, à l'âge où tout le monde sourit, se trouve heureux, où l'on se marie, où l'on aime, à l'âge où tant d'autres s'enivrent de toutes les amours et de toutes les gloires, alors que tant de lumières brillent et que les verres sont remplis au festin, à me trouver seul et nu, froid à toute inspiration, à toute poésie, me sentant mourir et riant cruellement de ma lente agonie, comme cet épicurien qui se fit ouvrir les veines, se baigna dans un bain parfumé et mourut en riant, comme un homme qui sort ivre d'une orgie qui l'a fatigué?
Oh ! comme elle fut longue cette pensée! Comme une hydre, elle me dévora sous toutes ses faces. Pensée de
deuil et d'amertume, pensée de bouffon qui pleure, pensée de philosophe qui médite...
Flaubert, mémoires d'un fou
#3
Posté 28 juin 2007 - 04:09
mais c'est magnifique. Flaubert. J'ai honte de m'être arrêté à la 200ème page de madame bovary.
#4
Posté 28 juin 2007 - 05:15
- Vingt années d'errance à deux pas de la vie avec les cils bouffés par l'acide des larmes. Voilà la pathétique traversée, aux antipodes des raisons et des leurres que chacun trouve histoire de suppléer le poids sordide de l'existence.
- Poids que je porte bien évidemment, ou disons que je supporte, tête absente. Absente de mes parties de cul répétées, de mes beuveries solitaires, entre potes, de nos parties de poker, de ma nouvelle voiture, absente de tout et malheureusement plongée seulement dans l'inutile introspection de mon incohérence. En bref, absente de ces trucs qui ordinairement procure du plaisir et rendent les gens heureux. À croire que même l'amour n'a pas su trouver preneur, que le bonheur me hait, et que la joie m'encule. Que même l'envie de liberté, de voyages, est lointaine. J'ai mal au cul, je prend un sky-coke et ça me fait chier, et tout me fait chier.
- Trop de mal à me détacher de la misère, je ne m'épanouis nul part et je n'ai de désirs pour rien. Même l'écriture, même le suicide. Même ma meuf. Quelle connerie la vie pour les esprits malades.
- Je travaille comme un con dans une usine de merde. Je suis manutentionnaire et j'empile des planches de bois. Et comme un con aussi je regarde la télé, sans la comprendre, le soir, par flemme, spleen et tout ce que vous voulez de merdiques. Je suis merdique, la vie est merdique et je traîne la merde dans l'attente de voir les autres y tremper les pieds, parce que j'en ai marre, marre de ces connards qui le sourire affiché, chambrent les bouseux de mon espèce, par leurs plaisirs hautain. Je les jalouse ces fils de putes. Je me fais trop chier. J'ai ni le bac, ni l'envie de l'avoir, ni de vie, ni rien. J'ai tout, j'ai rien, c'est le même problème, la vie est pourrie, pourrie comme une poire pourrie.
nihiliste. mais ce sont généralement les gens avec un peu de vie au moins qui peuvent se le permettre. peace. je n'aime pas quand tu écris comme ça
#5
Posté 28 juin 2007 - 05:17
#6
Posté 28 juin 2007 - 05:17
Oubliée
On lisait sur le mât :
***
Fantômes de toutes les brumes délétères
Unissez-vous.
***
Il est vrai que les tables en bois
Sur le point de voler en éclat
N'oublient les paroles
***
Aux réunions sous les volutes
Transversales
Les cigarettes frémissent
Les mains s'agitent
Parfois bancales
La résignation une inconnue.
***
Cela faisait une paye
Nous avions oublié le travail
La grève soufflait un vent doux
Nos têtes vagabondaient
Imprégnant les collines
***
Certains se jetaient en mer
Pour oublier définitivement
Pour laver ce vieux corps millénaire
Et se séchaient nus posés sur l'algue
***
L'idéal n'est qu'idéal
Et l'homme à la poursuite de l'idéal
Est un homme en voie de disparition
Croulant sous le nihilisme
Les nihilismes
Abscons.
***
En parlant aux autres…
***
« Brisures de complexes horaires
Brèches dans le cartel
Fissures multiples du cancer
Joie souveraine joie
Jailleras-tu dans l'air ? »
***
Puis
Grand silence blanc s'abattant fatidiquement
Sur l'étoile de mer.
***
Puis
Fatalité se retirant
Comme l'écume
Balancée par la marée
***
De nos jours
De nos avancées d'emblée
Bras ou coudes
Ou nuques perdues dans la poussière.
#7
Posté 28 juin 2007 - 10:39
ça veut dire quoi ça?
#8
Posté 28 juin 2007 - 10:58
#9
Posté 28 juin 2007 - 11:25
#10
Posté 28 juin 2007 - 11:28
j't'aime bien parce que tu m'as toujours fait pitié.
#11
Posté 28 juin 2007 - 11:54
Je reviens avec cette phrase mortelle, qui n'est pas de toi, et là , commpe j'te l'ai dit, je ne t'aime pas car tu es superficiel, pas naturel quoi !
Enfin, je vais revenir avec tes certitudes, toute pute que je suis.
Toi, tu es magnifique, le plus bô.
#12
Posté 29 juin 2007 - 12:24
#13
Posté 29 juin 2007 - 12:43
#14
Posté 29 juin 2007 - 10:04
#15
Posté 29 juin 2007 - 10:12